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L’élevage de poissons

par Bob Hansford. Un bon agriculteur prend soin de ses cultures. Avant de planter, il s’assure que la terre est bien préparée. Il sélectionne de bonnes graines ou de bons plants. Il arrose régulièrement les jeunes plantes et retire les mauvaises herbes. Il utilise du fumier ou de l’engrais pour que les plantes poussent mieux et il fait attention que les insectes nuisibles ou les maladies ne les envahissent pas. Tous ses efforts seront récompensés par une bonne récolte, mais paresse ou ...

1996 Disponible en Anglais, Français, Espagnol et Portugais

Des magazines Pas à Pas en français, espagnol, portugais et anglais, étalés sur un bureau en bois.

De : Pisciculture – Pas à Pas 25

Idées et conseils sur la pisciculture à petite échelle

par Bob Hansford.

Un bon agriculteur prend soin de ses cultures. Avant de planter, il s’assure que la terre est bien préparée. Il sélectionne de bonnes graines ou de bons plants. Il arrose régulièrement les jeunes plantes et retire les mauvaises herbes. Il utilise du fumier ou de l’engrais pour que les plantes poussent mieux et il fait attention que les insectes nuisibles ou les maladies ne les envahissent pas. Tous ses efforts seront récompensés par une bonne récolte, mais paresse ou négligence ne donneront qu’une piètre moisson!

Il en va de même de la pisciculture. Le poisson peut être comparé à la récolte et le vivier au champ. Les mauvaises herbes sont les poissons prédateurs qui se battent pour la nourriture ou mangent les poissons. Les «ennemis» et les maladies sont présents aussi. Les ennemis sont les animaux et les oiseaux qui attaquent les poissons. Les maladies ne sont pas très courantes mais des plaques de champignons d’apparence laineuse apparaissent quelquefois sur la peau ou les branchies et des parasites peuvent également envahir les branchies ou l’estomac des poissons.

Un pisciculteur ne réussira que s’il s’occupe correctement des poissons et les protège de leurs ennemis. S’il les néglige, il ne réussira probablement pas!

Les poissons ont besoin…

  • d’eau
  • de nourriture
  • d’oxygène
  • de sécurité

L’eau

C’est leur besoin le plus évident et le plus pressant, mais il faut que sa qualité et sa quantité soient correctes.

Profondeur L’eau devrait avoir un à deux mètres de profondeur d’un côté et seulement environ 30cm de l’autre si l’on veut élever des poissons.

La sécheresse peut être dangereuse pour le poisson. L’idéal serait d’avoir de l’eau dans les viviers tout au long de l’année, bien que certains types de poissons grandissent assez vite pour être pêchés dans des viviers temporaires (en l’espace de six mois).

Les inondations peuvent faire déborder le vivier pendant les périodes de fortes pluies, ce qui permettra aux poissons de s’échapper. Assurez-vous que les bords de votre vivier sont suffisamment hauts pour retenir l’eau: informez-vous sur la hauteur que l’eau a atteinte dans la région lors d’inondations antérieures et construisez en conséquence! Placez un tuyau de trop-plein ou creusez un canal avec une grille, pour évacuer le surplus d’eau.

La qualité de l’eau dépend des substances dissoutes ou en suspension dans l’eau. Si les matières nutritives sont présentes en quantité suffisante, le vivier produira alors de nombreux organismes microscopiques appelés plancton. L’eau des ruisseaux qui traversent des champs fertiles, sera riche de ces matières nutritives et bonne pour le vivier. Il se peut que l’eau de source ou de puits ne soit pas aussi bonne, suivant la qualité des roches souterraines d’où elle sort.

La nourriture

Il y a deux sources de nourriture pour le poisson: naturelle et supplémentaire.

Les aliments naturels sont constitués par les plantes et les animaux qui vivent dans le vivier et toutes les matières organiques mortes ou en décomposition se trouvant au fond de l’eau. Différentes sortes de poissons mangent différentes sortes de nourriture naturelle. Certains cherchent insectes et vers au fond de l’eau, d’autres mangent les plantes aquatiques submergées ou grimpantes, alors que d’autres encore choisissent de minuscules plantes ou animaux.

Les engrais organiques (compost ou fumier) sont généralement les aliments les meilleurs et les moins coûteux. On prépare le compost en tas, loin du vivier en mélangeant des détritus végétaux, de la paille et du fumier animal. On le couvre pour le protéger de la pluie et on le laisse pourrir pendant 2 à 3 mois. On peut, pour en rehausser l’efficacité, lui ajouter une poignée de super triple phosphate (STP) (dans la proportion d’une part de STP pour 40 de compost).

Une fois par semaine, ajoutez un engrais organique dans un panier posé dans un coin du vivier. Pour un vivier de 10m x 15m, vous aurez besoin de:

  • 10kg de compost
  • ou de 5kg de fumier de vaches bien décomposé
  • ou de 2,5kg de fumier de poulets bien décomposé.

Si au contraire vous utilisez des engrais chimiques, il vaut mieux que vous demandiez conseil au Ministère de la Pêche, car il y en a de nombreux à votre disposition. Pour vous guider, voici quelques proportions: 150g d’urée et 400g de STP seraient nécessaires chaque semaine pour un vivier de 10m x 15m. Pendant la saison sèche, quand il y a moins d’eau dans le vivier, réduisez la quantité d’engrais (organique ou chimique).

L’eau boueuse ne contient guère de nourriture. On la trouve surtout dans les viviers récemment creusés ou dans ceux entourés de terres dénudées. Pour combattre la boue, on peut planter de l’herbe sur les bords du vivier et ajouter à l’eau une quantité précise de calcaire. Consultez le Ministère de la pêche pour qu’il vous conseille. En général, on recommande deux cuillerées à café de chaux par mètre carré.

Les aliments supplémentaires sont apportés de l’extérieur comme complément de nourriture. On utilise différentes sortes d’aliments suivant les poissons et le prix de ce que l’on peut trouver localement. Voici quelques exemples:

  • son de riz
  • restes et détritus de cuisine
  • termites
  • herbe hachée
  • différents tourteaux (certaines variétés nécessiteront un traitement par la chaleur pour détruire les toxines).
  • épluchures de manioc.

Quelle quantité de nourriture? Généralement, les poissons mangent journellement environ 5% de leur poids d’aliments supplémentaires. Par exemple, 100 poissons pesant 250g chacun (25kg au total) nécessiteront environ 1,25kg d’aliments supplémentaires par jour.

Les aliments devraient être déposés au même endroit chaque jour, de préférence la moitié le matin et l’autre moitié le soir. Les poissons s’habituent vite à venir manger. Si les aliments ne sont pas tous mangés, mettez-en moins le lendemain.

Oxygène

Le besoin caché des poissons, c’est l’oxygène pour respirer. Les poissons obtiennent l’oxygène de l’eau qui passe à travers leurs branchies. Certains poissons (comme le poisson-chat) peuvent survivre dans l’eau avec très peu d’oxygène car ils peuvent respirer de l’air.

La quantité d’oxygène contenue dans l’eau s’élève au cours de la journée, mais baisse pendant la nuit pour atteindre un minimum à l’aube.

Le manque d’oxygène est généralement dû à une des raisons suivantes:

  • trop de matières organiques pourrissant au fond du vivier (feuilles mortes, restes d’aliments supplémentaires, excès de compost)
  • trop de poissons
  • trop de plantes ou d’algues vertes dans l’eau (l’eau est alors très verte et peut parfois être recouverte d’une écume verte).

Ce qu’il faut faire:

  • Ajoutez de l’eau de rivière propre dans le vivier en prenant soin de la filtrer au niveau du tuyau de remplissage. (L’eau de puits ou de source n’est pas une solution car les deux ne contiennent que très peu d’oxygène.)
  • Réduisez la quantité de nourriture supplémentaire et peut-être même arrêtez-la totalement pendant quelques jours.
  • S’il y a un panier à compost dans le vivier, retirez-le.
  • Pêchez quelques poissons.
  • Frappez la surface de l’eau avec des branches de bambou.

N’entrez pas dans le vivier, car en remuant le fond, vous aggraveriez le problème.

Sécurité

Il faut protéger les poissons de leurs enemis. Ceux-ci comprennent les poissons prédateurs, la loutre (ou autres animaux qui se nourrissent de poissons), les oiseaux, les serpents et les voleurs de poissons!

Les poissons prédateurs peuvent entrer dans le vivier de diverses façons:

  • A travers un fossé, conduit ou tuyau. Protégez-les donc en utilisant de fins grillages, des filets ou des pièges fins à poissons.
  • Mélangés et cachés parmi vos alevins. Examinez-les avec soin et achetez-les chez un fournisseur de confiance.
  • Par l’intermédiaire d’oeufs dans la boue au fond du vivier. Assurez-vous que le vivier est séché et traité à la chaux avant de le remplir et de le peupler.

Les loutres sont connues sous le nom de udh au Bengale. Il se peut que vous les appeliez d’un autre nom. La seule solution est de mettre une barrière très hermétique ou de monter la garde!

Les oiseaux ont peur des gens et du mouvement, il est donc préférable de creuser les viviers près des habitations ou bien là où les gens travaillent.

Les serpents sont difficiles à contrôler. Essayez de ne pas avoir de hautes herbes aux abords du vivier ou faites des barrières très serrées.

Les voleurs opèrent généralement de nuit et utilisent des filets ou d’autres stratagèmes pour attraper le poisson. Certains fermiers «plantent» des tiges de bambou effilées dans le fond du vivier ou posent des branches à la surface de l’eau. Ceci rend le vol plus difficile.

Les poisons Il faut aussi protéger le poisson des poisons. Ils viennent de trois sources différentes:

  • les pesticides utilisés contre les insectes à la maison ou au champ
  • les bains parasiticides du bétail et des moutons
  • les graines des arbres.

Il ne faut jamais laver un récipient ou un pulvérisateur dans ou près d’un vivier. Coupez les branches des arbres qui produisent des graines, si elles sont juste au-dessus du vivier.

Le peuplement du vivier

Pour commencer vous aurez besoin de poissons. Les plus communs sont la carpe, le tilapia et le poisson-chat. Si vous mélangez les espèces, assurez-vous qu’elles puissent vivre en paix ensemble. Par exemple, les poissonschats mangent des autres alevins. Si vous ne mettez que des poissons-chats, il se peut que vous deviez acheter ou élever de petits poissons pour les nourrir.

Le transport des poissons doit s’effectuer le plus rapidement possible car c’est une situation stressante pour eux. Il faut donc rechercher le fournisseur d’alevins qui est le plus proche. Une fois les alevins achetés, laissez-les à l’intérieur du récipient dans le vivier, jusqu’à ce que leur eau soit à la même température que celle du vivier.

Vous pouvez alors les laisser sortir très doucement dans le vivier.

Le nombre de poissons qui peuvent vivre dans un vivier dépend de cinq facteurs:

  • la grandeur du vivier
  • les espèces de poissons qu’on y met
  • la taille des poissons
  • la quantité d’aliment supplémentaire que vous pouvez donner aux poissons
  • la profondeur de l’eau.

S’il y a un service du Ministère de la Pêche ou un projet piscicole près de chez vous, demandez-leur conseil.

Si pour commencer vous mettez un grand nombre de petits poissons, vous devrez en réduire le nombre rapidement au fur et à mesure qu’ils grandiront. Pour le tilapia, la quantité recommandée au départ est de deux au mètre carré. Pour la carpe indienne ou chinoise, elle est plus basse encore: moins d’une au mètre carré (100 dans un vivier de 10m x 15m).

La production

Celle-ci dépendra de l’espèce et du nombre de poissons dans le vivier, de la nourriture supplémentaire apportée et de la gestion. Une production moyenne peut être de l’ordre de 20kg à 50kg par an dans un vivier de 10m x 15m (1250kg à 3370kg par hectare par an).

Quantité désirable pour le tilapia:

Taille du Quantité

Quantité par

mètre carré

Quantité pour un vivier poisson de 10m x 15m

50g

2

300

200gm

1

150

Connaissez vos poissons!

Tilapia (famille de Oreochromis) L’oreochromis niloticus est considéré comme le meilleur pour les pays chauds. 

 







L’eau y restera-t-elle?

Creusez un trou de 1m ou 1,5m de profondeur à l’endroit où vous pensez creuser votre vivier. S’il se remplit d’eau par le fond, c’est probablement qu’il y a assez d’eau à cet endroit. S’il ne se remplit pas naturellement, versez-y quelques seaux d’eau, et revenez voir le lendemain. Si l’eau a disparu c’est que le site est probablement trop sec à moins d’y installer un revêtement (voir Comment rendre un vivier étanche). Si l’eau est toujours là, il se peut que ce lieu convienne, mais vous aurez besoin d’un apport d’eau extérieur pour remplir le vivier.


Comment mesurer la nourriture naturelle

La quantité de nourriture naturelle contenue dans le vivier peut être mesurée en enfonçant le bras dans l’eau jusqu’au coude. Si l’eau est si verte que vous ne voyez même plus vos doigts, cela veut dire qu’il y a beaucoup à manger dans l’eau. Si vous voyez clairement vos doigts, vous devez augmenter la nourriture naturelle en ajoutant du fumier, du compost ou des engrais chimiques. Si l’eau est si verte que vous ne distinguez pas votre bras, il se peut que l’eau soit trop riche en éléments nutritifs. N’ajoutez plus d’engrais ou de compost jusqu’à ce que l’eau s’éclaircisse.


Elevez différentes espèces de poissons

Mélangez différentes sortes de poissons dans le vivier (à l’exception des prédateurs!) de façon à ce que tous les différents aliments soient consommés.


Vos poissons respirent-ils confortablement?

Vérifiez votre vivier tous les jours au petit matin. Si les poissons sont tous à la surface, cherchant désespérément leur respiration, c’est que le niveau d’oxygène est dangereusement bas. Il se peut que vous retrouviez tous vos poissons morts le lendemain. Il faut agir!



Un bon vivier…

  • a de l’eau verte (de 1 à 2 mètres de profondeur)
  • n’a pas de branches d’arbres qui le dominent
  • a une herbe coupée bien court sur les bords, afin de ne pas attirer les serpents
  • n’a pas de plantes flottantes (à moins qu’elles ne soient nécessaires à l’élevage du poisson)
  • a des entrées et des sorties d’eau grillagées ou bien protégées
  • a une clôture pour empêcher les loutres d’entrer
  • a un panier à compost dans un coin
  • a une quantité de poissons différents bien contrôlée

Bob Hansford a travaillé au Bangladesh pendant six ans avec Tearfund. Il a formé des agriculteurs locaux aux techniques de la pisciculture. Il est maintenant à l’Unité Asiatique à Tearfund.

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