En matière de criminalité et de détention, prévenir vaut mieux que guérir. Une Église au Honduras contribue à changer la culture locale de violence et de criminalité.
Il était 23 heures, et la voiture du pasteur Joel s’est arrêtée dans la rue déserte. Une silhouette menaçante se tenait au milieu de la rue, bloquant son chemin.
Au bout de quelques secondes angoissantes, une voix est sortie de l’ombre : « Venez, c’est le pasteur ! »
C’était le chef du gang local, qui renonçait à l’agression qu’il s’apprêtait à commettre. La tension étant retombée, le pasteur Joel a baissé sa vitre et s’est mis à discuter amicalement avec les membres du gang, avant de rentrer chez lui sans problème.
Ce n’est qu’un exemple des histoires qu’a vécues le pasteur Joel au cours de ses 20 années de ministère dans l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale du Honduras, Tegucigalpa. Au cours de ses premières années de ministère, le très redouté gang Mara 18 sévissait dans la communauté. La violence était monnaie courante, avec deux ou trois morts chaque semaine.
« C’était une période tout simplement horrible », explique Joel. La communauté était déchirée par la pauvreté, la drogue et l’éclatement des familles, problèmes répandus au Honduras. Mais peu à peu, le gang a disparu du quartier et la vie a commencé à s’améliorer. Lorsqu’on lui demande la raison de ce changement, le pasteur Joel donne une réponse simple : « Ce n’est pas grâce aux forces de police… mais grâce au travail de l’Église. »
Briser les schémas
« Dieu m’a mis à cœur de travailler avec ces personnes », explique le pasteur Joel. Il a commencé par discuter avec les chefs du gang, et a progressivement gagné leur confiance. Sachant à quel point les jeunes aimaient le foot, il a organisé un tournoi de foot et en a profité pour leur parler des valeurs bibliques.
« Ils se sont mis à nous considérer avec respect », se souvient pasteur Joel. Par la suite, il a même pu conduire le chef du gang à la foi en Christ.
L’Église a également commencé à travailler avec les enfants plus jeunes. Elle a créé un jardin d’enfants où les enfants des foyers les plus pauvres pouvaient bénéficier d’un soutien scolaire, de goûters sains, de contrôles médicaux et dentaires, et d’enseignements sur les valeurs bibliques. L’Église proposait également des cours de parentalité plusieurs fois par an. Le but était de briser les schémas historiques de violence et d’éclatement familial.
Les enfants du projet sont aujourd’hui en train de devenir de jeunes adultes. Beaucoup d’entre eux réussissent, à l’étonnement de tous. Une jeune femme, Jasmine, est devenue la secrétaire de l’Église, et a récemment obtenu un diplôme en administration publique avec d’excellentes notes.
« Je viens d’une famille éclatée, et l’Église m’a beaucoup aidée, explique-t-elle. Dans notre communauté, très peu de personnes peuvent faire des études universitaires. Si je suis qui je suis aujourd’hui, c’est grâce à l’Église. »
Le pasteur Joel Rosales Matute est membre du programme Inspired Individuals de Tearfund.
Email : [email protected]
Changer les vies par le foot
Le foot est un excellent outil pour empêcher la violence et développer les aptitudes à la vie quotidienne chez les enfants et les jeunes. Ce sport leur permet d’utiliser leur temps de manière positive, et leur apprend à fonctionner en équipe et à établir de bonnes relations.
Si votre Église ou votre organisation souhaite créer un club de foot pour les jeunes, voici quelques conseils :
- Trouvez des encadrants et des entraîneurs qui aiment travailler avec les jeunes et qui sont animés de la vision d’un meilleur avenir pour eux
- Cherchez du matériel adapté à votre contexte qui enseigne les valeurs bibliques, comme par exemple ce que signifie être un bon citoyen, l’égalité entre les hommes et les femmes, et l’importance d’éviter la violence. Utilisez ces supports pour vos interventions et pour les discussions lors des rencontres du club.
- Ne vous découragez pas si vous rencontrez des difficultés. Au début c’est très difficile, mais votre amour pour les jeunes et votre désir de les aider produiront de merveilleux résultats.
Par Rosibel Martínez et Sara Chamale, qui gèrent un programme de prévention de la criminalité à travers le foot, appelé Viva Sport, avec Red Viva Honduras.
Pour plus d’informations, contactez la coordonnatrice exécutive, María Luna, en écrivant à [email protected]