Nous produisons tous des déchets solides dans nos foyers, nos entreprises, les écoles, les centres de santé, et sur les marchés. Les déchets solides sont des choses dont nous n’avons plus l’utilité et que nous jetons.
Articles
Pourquoi parler des déchets ?
Une meilleure gestion des déchets peut contribuer à améliorer la santé publique, créer des emplois et protéger l’environnement
Rédigé par Zoë Lenkiewicz
2019 Disponible en Anglais, Français, Portugais et EspagnolDe : Les déchets – Pas à Pas 107
Conseils pratiques et histoires inspirantes sur la gestion des déchets dans nos communautés
Photo : Mesakh Riwanto/Yayasan Sion Salatiga
On trouve toutes sortes de matériaux dans les déchets solides : sacs plastiques, épluchures de légumes, vieilles chaussures, batteries usagées... Certains matériaux comme les épluchures de légumes se décomposent, mais ce n’est pas le cas de la plupart des autres déchets. Ceux-ci s’accumulent dans l’environnement, polluant les sols, les fleuves et les océans.
Dans le monde, les déchets d’environ une personne sur trois ne sont pas gérés de manière appropriée. Lorsque la municipalité ne fournit pas ce service, les gens doivent gérer eux-mêmes leurs déchets. Le plus souvent :
- ils les jettent par terre
- ils les jettent dans les fleuves, les canalisations ou le lit asséché des rivières
- ils les brûlent dans leur cour
- ils les amènent dans une décharge sauvage.
Lorsque les déchets sont éliminés de cette façon, ils présentent un danger pour les populations, le bétail et la faune. Plus inquiétant encore, nous produisons de plus en plus de déchets, et si nous ne les gérons pas de manière adéquate, cela posera de véritables problèmes aux générations futures.
Heureusement, la gestion des déchets peut être rentable et même générer des profits. La mise en place d’un système simple permet de créer des emplois et d’améliorer la santé publique, tout en permettant à la population de voir son environnement sous un meilleur jour.
problèmes
Lorsque différents types de déchets se trouvent mélangés, ils polluent les terres cultivables et les cours d’eau, attirent la vermine, renforcent le risque de propagation des maladies et rejettent des gaz nocifs. Les déchets jetés dans les fleuves, les canaux et les caniveaux gênent l’écoulement et aggravent les problèmes d’inondation. Cela peut causer la propagation de maladies transmises par l’eau et les moustiques, comme la dysenterie, le choléra et le paludisme.
Les enfants qui grandissent sans service de gestion des déchets sont les premiers à en souffrir. Ils sont deux fois plus susceptibles que d’autres d’avoir la diarrhée et six fois plus susceptibles d’avoir des problèmes respiratoires, et ils souffrent souvent de retards de développement physique et mental.
Ce que nous faisons de nos déchets ménagers peut avoir de vastes conséquences. Les gaz de carbone et de méthane qui se dégagent des déchets contribuent au changement climatique. Les oiseaux de mer qui meurent et les mammifères marins qui s’échouent l’estomac rempli de déchets plastiques sont un indicateur de ce qui se produit lorsque nous ne gérons pas nos déchets de manière appropriée.
opportunités
La bonne nouvelle, c’est que lorsque les déchets sont bien gérés, ils valent de l’or ! Une fois triés, ils peuvent être recyclés et servir à fabriquer d’autres produits qui seront vendus pour générer un revenu.
Par exemple, certains plastiques peuvent être transformés en meubles ou en matériaux de construction. Les déchets ligneux peuvent être transformés en combustibles peu polluants pour la cuisine. Et les déchets alimentaires peuvent être transformés en compost pour améliorer la qualité du sol.
Grâce à un simple service de gestion des déchets, les quartiers deviennent plus propres, la santé infantile s’améliore, le bétail et les animaux sauvages sont moins malades, et toutes sortes d’emplois peuvent être créés. Une fois que les gens comprennent ces avantages, la plupart d’entre eux sont prêts à payer une somme modeste pour contribuer à la gestion des déchets dans leur communauté.
L’important à retenir, c’est qu’il faut trier les déchets. La tâche sera bien plus aisée si vous pouvez ramasser les déchets à proximité de l’endroit où ils sont produits : par exemple, directement auprès des habitations ou des bureaux. Lorsque tous les matériaux sont mélangés dans les décharges, il est très difficile (et très désagréable) de les recycler. Mais lorsqu’ils sont propres et triés, ils constituent une bonne matière première pour fabriquer de nouveaux produits.
En plus de contribuer à rendre les communautés plus propres et plus sûres, la gestion communautaire des déchets a des retombées économiques locales :
- N’importe qui, y compris les jeunes, les femmes et les groupes marginalisés, peut organiser le ramassage des déchets et les activités de retraitement, ce qui permet de créer des emplois et de générer des revenus.
- De nouveaux produits fabriqués localement à partir des déchets peuvent être utilisés à la place de solutions plus coûteuses.
- Une communauté plus forte et plus saine sera davantage en mesure de poursuivre ses activités quotidiennes.
Les gens n’ont pas besoin de grosses machines ou de véhicules coûteux pour collecter leurs déchets. Il existe de nombreux moyens, qui ne coûtent rien ou très peu, permettant aux communautés de récupérer la valeur générée par les déchets.
changer les cœurs et les mentalités
Les gens qui ramassent les déchets sont souvent regardés de haut. Pourtant, ils sont des héros de l’environnement. Ils fournissent un service très précieux, car ils luttent contre la pollution, protègent la santé publique et génèrent leurs propres revenus.
On peut être fier de travailler dans le domaine de la gestion des déchets et du recyclage. Nous encourageons tout le monde à parler à sa communauté des avantages à travailler ensemble pour faire fonctionner un système local de gestion et de recyclage des déchets.
que puis-je faire ?
Nous pouvons tous avoir un impact sur la quantité des déchets au sein de notre communauté. Gardez toujours ces trois mots à l’esprit : réduire, réutiliser, recycler.
- Nous pouvons commencer par réduire les quantités que nous consommons. Nous pouvons refuser les sachets plastiques inutiles et les articles à usage unique. Réduire la quantité de déchets qui devront être gérés est la manière la moins coûteuse de traiter le problème.
- Réutiliser les choses permet également de réduire les déchets. Par exemple, un sac plastique peut être utilisé de nombreuses fois, ce qui prolonge sa vie de quelques minutes à plusieurs années.
- Les déchets inévitables peuvent souvent être recyclés et transformés en nouveaux produits.
- NE BRÛLEZ PAS LES PLASTIQUES. Lors de sa combustion, le plastique libère des gaz nocifs qui peuvent rendre les gens très malades.
- Parlez-en aux administrations locales et demandez-leur ce qui est prévu en matière de gestion des déchets dans votre communauté.
- Renseignez-vous sur ce que fait votre gouvernement pour améliorer la gestion des déchets. Vous trouverez des conseils pages 12 et 13 sur le plaidoyer pour la gestion des déchets.
étude de cas : changer des vies grâce aux déchets
Une Église à Ngelo, Indonésie, a décidé de s’occuper des déchets de sa communauté, avec des résultats surprenants.
En 2013, l’ONG locale Yayasan Sion a présenté le processus de mobilisation de l’Église et de la communauté (PMEC) à la congrégation de Ngelo. Cette approche encourage les Églises à travailler avec leur communauté pour résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées. Grâce à ce processus, les membres de l’Église ont convenu que le problème des déchets était le plus préoccupant. Ils ont alors décidé de créer
une « banque de déchets ».
Ils ont nommé des administrateurs et fixé quelques règles. Les membres de ce système pourraient régulièrement apporter leurs déchets non organiques à la banque de déchets. Des volontaires iraient collecter à domicile les déchets des personnes âgées ou de celles qui habitaient trop loin. L’équipe a décidé de donner une contrepartie financière aux gens pour leurs déchets, en fixant des prix différents en fonction des matériaux. Par exemple, 2 000 roupies (0,14 USD) par kilo pour les métaux.
Après avoir collecté les déchets, l’équipe les trie en fonction de leur utilisation possible. Une partie est vendue à des collecteurs de déchets. D’autres matériaux sont transformés en objets artisanaux comme des porte-monnaie, des sacs ou des lampes, qui sont ensuite vendus sur le marché. L’équipe emmène alors les déchets restants à la décharge, qui se trouve à 15 km.
La communauté a très bien accueilli le projet dès le début, car il leur permettait de générer un revenu à partir de leurs déchets. Les familles pauvres peuvent désormais assumer les frais de scolarité de leurs enfants. Pour l’Église, la banque de déchets est un moyen d’établir des relations avec la communauté.
Plus de 50 personnes qui ne fréquentent pas l’Église y prennent déjà part.
Internet: www.yasiga.org
Problème épineux
Question : Si les décharges à ciel ouvert sont si nocives, ne devrions-nous pas tout simplement les fermer ?
Réponse Bien souvent, lorsque les projecteurs du monde se braquent sur une décharge à ciel ouvert, les autorités décident de la fermer, et les journalistes rentrent chez eux. Mais peu après, une autre décharge à ciel ouvert émerge à proximité, et ceux qui fouillent les décharges à la recherche de matériaux se déplacent vers le nouvel emplacement.
Le problème, c’est que si aucune alternative n’est mise en place, les gens se débarrasseront de leurs déchets de la seule manière possible : en les jetant n’importe où, ou en les brûlant. Et les ramasseurs de déchets suivront les déchets.
Remplacer une décharge à ciel ouvert par un système de gestion des déchets géré par l’État n’est pas forcément la meilleure solution non plus. Les perdants, une fois encore, seront les centaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui gagnent leur vie en fouillant les décharges. Si vous privez les plus pauvres de la société de cette possibilité de gagner très modestement leur vie, ils mourront de faim. Les solutions doivent être inclusives.
Pour fermer une décharge, il faut avoir une solution alternative réaliste. Il doit y avoir un système de collecte régulière des déchets, et un lieu où l’on peut les emmener. Une idée serait de construire des installations de récupération de ressources à côté des décharges à ciel ouvert (voir Révolution verte au Pakistan). Les ramasseurs informels de déchets qui travaillent dans des conditions dangereuses sur les décharges peuvent ainsi trouver un emploi (ou mieux encore, créer une coopérative) pour trier les matériaux recyclables et réduire la quantité de déchets destinés à être éliminés.
Il restera toujours des déchets. Le fait est que dans la plupart des cas, une décharge standard étanche équipée d’un système de captage des gaz est toujours la réponse la plus appropriée pour les déchets non recyclables. (C’est-à-dire tant que nous continuerons à produire des déchets, ou que nous ne saurons pas comment les faire disparaître !)
Réponse apportée par Zoë Lenkiewicz.
Voir ou télécharger cette ressource
Obtenir cette ressource
Obtenir cette ressource
Rédigé par
Rédigé par Zoë Lenkiewicz
Zoë Lenkiewicz est responsable de la communication pour WasteAid, une œuvre caritative qui aide les communautés à trouver des solutions peu coûteuses à leurs problèmes de gestion des déchets. Site internet : www.wasteaid.org.uk E-mail : [email protected]
Contenus avec balises similaires
Partager cette ressource
Si cette ressource vous a été utile, n'hésitez pas à la partager avec d'autres personnes pour qu'elles puissent l'utiliser elles aussi
Abonnez-vous maintenant pour recevoir Pas à Pas
Un magazine gratuit, en version papier et numérique, pour les personnes travaillant dans le développement communautaire
Abonnez-vous maintenant - Abonnez-vous maintenant pour recevoir Pas à Pas