1. Méthodes de couverture
Ces méthodes protègent toutes le sol des effets nuisibles de l’impact des gouttes de pluie; la plupart d’entre elles améliorent aussi la fertilité du sol.
Paillis
On couvre le sol nu entre les plantes d’une couche de matière organique comme la paille, les feuilles, la balle de riz - tout ce dont on dispose. Les paillis conservent aussi l’humidité et la fraîcheur du sol, réduisent la pousse des mauvaises herbes et ajoutent des matières organiques au sol. Si les termites constituent un problème, faites que le paillis reste à l’écart des tiges des plantes.
Cultures couvrantes et fumier vert
Les cultures couvrantes sont une sorte de paillis vivant. Ce sont des plantes - généralement légumineuses - que l’on fait pousser pour couvrir le sol et freiner aussi la pousse des mauvaises herbes. Quelquefois on les fait pousser sous des arbres fruitiers ou des cultures plus hautes qui mûrissent lentement. Quelquefois elles produisent nourriture ou fourrage. Les pois pigeon (dolique) par exemple peuvent être utilisés à la fois comme culture de couverture et pour l’alimentation.
Les engrais verts - qui sont généralement aussi à base de légumineuses - sont spécialement plantés pour améliorer la fertilité du sol en réintroduisant dans la terre des feuilles vertes et fraîches. Ils peuvent être constitués de plantes que l’on fait pousser pendant un ou deux mois entre deux récoltes. On peut simplement les couper et laisser les feuilles à la surface du sol, comme un paillis, ou bien on peut retourner la plante entière dans la terre. Les engrais verts peuvent aussi être constitués d’arbres et de haies dont on coupe les feuilles vertes régulièrement pour en faire des paillis; ces arbres et haies poussent souvent pendant des années dans les champs cultivés (cultures en allées).
Cultures mixtes ou alternées
En faisant pousser plusieurs sortes de plantes - peut-être en les mélangeant (une raie sur deux) ou en les semant à dates différentes, le sol est mieux protégé des éclaboussures de la pluie.
Plantations précoces
Le début de la saison des pluies est la période où l’on prépare les champs pour les cultures, et c’est à ce moment-là que le sol est le plus vulnérable quand il pleut. En plantant de bonne heure on diminuera au maximum la période où le sol est dénudé.
Résidus de cultures
Après la récolte, à moins de devoir replanter immédiatement, c’est une bonne idée que de laisser les chaumes, tiges ou feuilles des plantes qu’on vient de récolter sur le sol. Elles lui offriront une protection jusqu’à la culture suivante.
Sylviculture
La plantation d’arbres parmi les cultures agricoles aide à protéger le sol de l’érosion, en particulier après la récolte des plantes. Les arbres protègent partiellement de la pluie. Arbres fruitiers, arbres légumineuses pour le fourrage ou le bois de chauffage et cultures en allées tous aident à réduire l’érosion du sol.
Culture minimum
Chaque fois que l’on bêche ou que l’on laboure la terre, on l’expose à l’érosion. Sur certaines terres il est possible parfois de semer sans bêcher ou labourer préalablement; l’idéal est de le faire parmi les résidus de la culture précédente. Il est probable que ceci soit possible sur une terre meuble contenant beaucoup de matières organiques.
2. Méthodes de barrières
Les méthodes de barrières ont toutes pour but de ralentir le flot de l’eau descendant le long d’une pente. Ceci réduit beaucoup la quantité de terre transportée par l’eau qui dévale et aide aussi à conserver l’eau. N’importe quelle sorte de barrière devrait marcher. Pour être efficaces les barrières doivent suivre les courbes de niveau.
Terrasses faites par l’homme
Dans certains pays les cultures en terrasses se pratiquent avec succès depuis des siècles - aux Philippines, au Pérou et au Népal par exemple. Des terrasses bien construites sont l’une des méthodes les plus efficaces pour lutter contre l’érosion du sol, surtout sur des terrains pentus. Cependant, leur construction demande des compétences et beaucoup de travail. Chaque terrasse est mise à niveau - d’abord le sous-sol, puis les couches supérieures - et de fermes supports sont construits sur les côtés, souvent en pierre. Ces terrasses faites par la main de l’homme ne sont probablement pas une méthode appropriée dans les pays qui n’en ont pas la tradition.
Labour des courbes de niveau
Toutes les fois que c’est possible les champs, quels qu’ils soient, devraient être labourés en suivant les courbes de niveau - jamais de bas en haut, procédé qui encourage l’érosion. Dans certaines cultures ceci peut s’avérer très difficile à cause des coutumes d’héritage de la terre. Les populations Luo par exemple dans l’ouest du Kénya héritent de longues bandes de terre s’étirant jusqu’à la vallée et rendant les labours en suivant les courbes de niveau extrêmement difficiles. Les programmes de conservation du sol auront peut-être à considérer la redistribution des terres, ou bien les agriculteurs devront travailler ensemble.
Barrières sur les courbes de niveau
Presque tous les matériaux peuvent être utilisés dans la construction de barrières le long des courbes de niveau. Voici quelques exemples: vieilles tiges de cultures et feuilles, pierres, bandes d’herbe, talus et fossés renforcés par des plantations d’arbres ou d’herbe.
Terrasses naturelles
David Stockley encourage l’utilisation des bandes d’herbe. Il écrit…
‘Pourquoi travailler si dur (construction de terrasses) quand la nature peut le faire tout naturellement? Servons-nous de l’érosion naturelle. Nous avons planté de l’herbe le long des courbes de niveau. Nous avons choisi des herbes très fibreuses aux racines denses comme l’herbe de Napier, du Guatemala ou de Guinée. Nous avons cultivé les bandes de terre qu’il y avait entre. Lors de la culture du sol, la nature déplace la terre jusqu’à ce qu’elle forme une terrasse naturelle. L’eau de pluie passe à travers la bande d’herbe, déposant la terre qu’elle transporte derrière l’herbe. Notre expérience au Bangladesh et au Brésil nous a montré que les pluies forment des terrasses naturelles en cinq ans. Une fois que la bande d’herbe est bien installée, on peut y planter bananiers, ananas, café, arbres fruitiers ou arbres pour bois de chauffage.’
L’herbe de vétiver a été très efficace en bandes d’herbe. Elle ne s’étend pas sur les terrains cultivés, produit des graines stériles, attire peu les insectes nuisibles et peut survivre sous des climats très différents. Pour plus de renseignements écrire à:
Vetiver Information Network, World Bank, 1818 High Street NW, Washington DC 20433, Etats-Unis.
Medias lunas ou demi-lunes
Voici un système utile pour récupérer la terre ayant sévèrement souffert de l’érosion. Cette méthode a été utilisée avec succès en Bolivie. Medias lunas ou dépressions en forme de croissants de lune sont creusées dans la terre; on les prépare à la fin de la saison des pluies afin que les talus qui les forment puissent rester bien compacts. Ces croissants accumulent l’eau de pluie et la terre. On y plante des arbres (généralement légumineuses) quand la saison des pluies suivante commence. Les arbres sont protégés par des branches épineuses pour éviter que les animaux ne les broutent. Trois ou quatre ans plus tard chaque demi-lune sera couverte de végétation. Plus tard, quand la terre s’améliore encore dans les demi-lunes, on pourra les cultiver.