par Vidya Gorakshkar.
La ligne de partage des eaux d’une rivière comprend toute la terre qui s’écoule dans la rivière, les terres en amont et les régions boisées où la rivière prend sa source, ainsi que les zones près de la rivière. La gestion de cette ligne de partage peut comprendre la protection de la terre et de l’eau, le boisement, le fourrage, l’élevage, le bois de chauffage, le développement communautaire et en fait la plupart des aspects de la vie rurale. Quelques villages de la région d’Ahmadnager de l’Etat de Maharashtra en Inde participent au Programme Indo-allemand de Développement des Lignes de Partage des Eaux mis en place par une ONG appelée «Social Centre».
Pour pouvoir participer au programme, l’ensemble d’une communauté doit adhérer à trois principes: ne pas laisser les animaux pacager librement, ne pas abattre les arbres et shramdaan (c’est-à-dire contribuer deux jours de travail gratuit par mois). Comme dans toute communauté et tout programme, il y a des conflits: conflits entre personnes, familles et groupes dont les intérêts sont différents, et conflits aussi entre les institutions telles que le village, les ONGs et le gouvernement.
Une étude a été faite pour comprendre les domaines où les conflits apparaissaient et pour savoir comment les gérer. Les villageois interrogés étaient tous d’accord pour dire que la force ne devrait jamais être utilisée car tout le monde pense alors que le conflit est résolu. A vrai dire, il n’est pas résolu en profondeur et il resurgit tôt ou tard d’une autre façon.
Les villageois n’étaient pas non plus satisfaits de faire appel à la loi pour résoudre le conflit. Aller devant les tribunaux, par exemple pour une histoire de limites de terrains, prend trop de temps et d’argent et ne garantit pas toujours d’obtenir justice. Cela implique aussi la présence d’étrangers qui ne comprennent pas nécessairement les problèmes locaux.
La méthode traditionnelle utilisée dans cette région s’appelle panch paddhati. Traditionnellement, cinq membres respectés par la communauté étaient appelés à analyser le conflit et à prendre une décision que les partis en présence devaient accepter. Ce système social a été abandonné ces dernières années et les villageois pensent qu’il n’est plus vraiment valable aujourd’hui, bien que commencer à construire quelque chose de nouveau à partir de ce système s’est avéré utile.
Le système utilisé aujourd’hui consiste à «construire» un accord. Une réunion est convoquée par le Comité du Village pour le Partage de la Ligne des Eaux, composé de représentants de toutes les zones géographiques et tous les groupes intéressés. Le problème est discuté, les malentendus clarifiés et une décision acceptable pour les partis en conflit est prise. On fait attention à ne pas marginaliser ceux qui s’opposent à la décision finale mais au contraire à les impliquer dans le processus.
Comme étudiante de troisième cycle au CRDT, Vidya Gorakshkar a fait des recherches financées par le Service Britannique du Développement International et portant sur la gestion de conflit à Maharashtra.