L’objectif 7 du Millénaire pour le développement, cible 10, cherche à réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion des gens n’ayant pas accès à de l’eau potable et à un assainissement de base. Des initiatives dirigées par les communautés pourraient grandement contribuer à la réalisation de cet objectif en zone urbaine.
Une proportion importante et en croissance des gens sans accès adéquat à de l’eau potable vit dans des zones urbaines. Dans la plupart des taudis, la fourniture en eau potable est inadéquate ou n’existe pas.
Impliquer les communautés dans leur approvisionnement en eau dans les zones rurales peut améliorer la conception des programmes et soutenir une durabilité à long terme. Comment peut-on impliquer les communautés urbaines à soutenir leur approvisionnement en eau, surtout lorsque les approvisionnements urbains nécessitent souvent des ingénieurs professionnels pour gérer une technologie complexe et chère ?
Dans de nombreuses zones urbaines, les sociétés qui gèrent les fournitures d’eau ne semblent pas bien marcher. Généralement, elles parviennent tout juste à approvisionner en eau d’adduction les populations riches. Les habitants des taudis doivent souvent acheter de l’eau très chère auprès de petits marchands privés, conducteurs de camion-citerne et vendeurs, parce qu’il n’existe pas d’adduction.
L’implication de sociétés privées dans l’amélioration de l’approvisionnement urbain en eau potable a eu des résultats mitigés et il est peu probable qu’elle se développe dans l’avenir. Cependant, l’un des effets d’impliquer des sociétés privées a été la mise en évidence du fait que les services publics, comme ceux de l’eau, ont besoin d’un niveau supplémentaire de contrôle par le gouvernement et la société, surtout lorsqu’il n’y a pas de concurrence.
L’approvisionnement urbain en eau potable nécessite de grands investissements coûteux en canalisations enterrées et citernes en béton. Il est important de juger si cet argent est dépensé sagement. Les prix de l’eau sont en hausse dans le monde entier car les gens désirent des normes supérieures. Cependant, il est important de garantir que des prix supérieurs ne couvrent pas seulement l’inefficacité des sociétés, comme le personnel pléthorique. Les approvisionnements en eau potable par adduction doivent garantir un accès équitable aux personnes les plus démunies.
Avec le temps, toutes les organisations peuvent devenir paresseuses et en faire plus pour répondre aux besoins de leur personnel plutôt que de leurs clients. C’est le cas pour les fournisseurs d’eau publics comme privés. On a besoin d’un régulateur économique indépendant qui juge les performances par rapport aux prix, afin de garantir que la fourniture en eau potable (y compris l’évacuation des eaux usées) est bien gérée et que les prix sont justes.
Les comités d’utilisateurs
Dans une grande ville, la « communauté entière » ne peut pas s’impliquer de la même manière que dans un village où presque tout le monde peut discuter de l’endroit idéal pour une nouvelle pompe manuelle ou un puits. Un modèle pratique consiste pour le régulateur économique à mettre en place un « comité d’utilisateurs » qui s’exprimera au nom de ces derniers. Si cela s’avère trop difficile, une ONG locale pourrait représenter les préoccupations des gens ordinaires. Parmi les exemples de ce genre de groupes bénévoles, citons Water Watch en Zambie, les Comités de service aux utilisateurs au Ghana et le Forum des utilisateurs à Jakarta, en Indonésie.
Les comités d’utilisateurs peuvent interpeller les fournisseurs sur leurs performances. Pour cela, ils peuvent visiter les quartiers avoisinants plus démunis pour discuter avec les gens sur la régularité et la durée quotidienne du service d’eau par adduction ainsi que sur le coût de ce service. Le gouvernement peut demander aux groupes d’utilisateurs de s’impliquer dans la fixation de prix justes. Ils devront s’assurer que le fournisseur d’eau résout tous les problèmes, de manière juste. Dans certains pays, ils s’impliquent pour garantir que les sociétés d’eau dédommagent équitablement les utilisateurs lorsqu’il y a des problèmes.
À Lusaka, en Zambie, les comités se sont rendus dans les zones plus démunies de la ville pour expliquer aux utilisateurs leurs droits et responsabilités. Ils ont eu un tel succès et ont été si bien reçus que les régulateurs en énergie et télécommunication leur ont demandé d’augmenter leurs membres et d’évaluer également leurs performances.
Il est peu probable que les utilisateurs les plus démunis deviennent membres de tels comités. Ils n’ont tout simplement pas le temps dans leur lutte quotidienne pour survivre. Cependant, les comités d’utilisateurs peuvent organiser des enquêtes régulières pour savoir ce que pensent les utilisateurs de leur service d’eau.
Ils peuvent organiser des « groupes à thèmes dirigés » afin que les gens puissent se rencontrer et échanger leurs expériences de fourniture en eau, leurs problèmes pour régler les factures, se brancher pour la première fois ou être reconnecté après n’avoir pas pu payer les factures pendant un certain temps.
Lorsque le gouvernement ou le régulateur n’a pas organisé la mise en place de ces comités officiels, on peut souvent demander à des ONG de représenter les utilisateurs. Ceci a bien marché à La Paz, en Bolivie, où les fejuves (associations locales de voisins) ont représenté les foyers auprès des sociétés d’eau et résolu nombre de problèmes comme les délais dans les nouveaux branchements au service des eaux. De même, des ONG à Buenos Aires en Argentine, n’étaient pas très contentes des performances du fournisseur privé et ont fait pression pour résister à une augmentation des prix.
Toutes les villes ont besoin de groupes d’utilisateurs soucieux qui sont prêts à s’impliquer dans l’amélioration de la fourniture en eau potable. Connaissez-vous des groupes ou des ONG qui font pression sur le gouvernement afin de mettre en place un comité d’utilisateurs pour superviser votre fourniture d’eau ? Est-ce que c’est quelque chose dans lequel vous pourriez vous impliquer ?
Richard Franceys, qui contribue à Pas à Pas depuis des années, est en train de boucler un projet de recherche pour le gouvernement britannique intitulé Regulating Public and Private Partnerships for the Poor (régulation des partenariats privés et publics pour les personnes démunies).
Vous pourrez trouver de plus amples informations sur www.silsoe.cranfield.ac.uk/iwe/projects/regulation/
Groupe de défense de l’eau à Lusaka, en Zambie (Water Watch Group)
NWASCO, le régulateur économique pour l’eau en Zambie, a mis en place un Groupe de défense de l’eau à Lusaka en mars 2002. Généralement annoncée dans la presse nationale, l’affiliation est libre. Les membres sélectionnés doivent avoir une bonne compréhension des approvisionnements en eau potable et être disposés à servir sur le comité pendant 2 ans.
Les membres se réunissent tous les 15 jours et reçoivent une formation initiale, de la papeterie, un transport et d’autres aides pour effectuer leurs activités. Leur rôle principal est de s’occuper des plaintes, de recueillir des informations sur la qualité du service, d’éduquer les utilisateurs sur l’utilisation appropriée de l’eau ainsi que sur le rôle et la fonction de NWASCO. Ils organisent régulièrement des réunions publiques et passent les informations recueillies à NWASCO.
Pour recevoir les plaintes, on avait placé des boîtes dans les bureaux de postes. Cependant, elles ne se sont pas avérées très populaires. Les gens peuvent donc maintenant se plaindre par courrier, téléphone et lors de réunions publiques.
Le comité s’est avéré très efficace pour permettre aux utilisateurs de s’exprimer. Grâce à son travail, de nombreuses plaintes ont été résolues. Cependant, les membres ont trouvé que leur travail demandait énormément de temps et qu’il était difficile à soutenir sans des subventions financières.
Sam Kayaga, 2004, Découvertes faites lors de recherches sur l’étude de cas en Zambie Regulating Public and Private Partnerships for the Poor