Durant ces 15 dernières années, les extrêmes climatiques comme les inondations, sécheresses, cyclones et coulées de boue ont causé environ 85% des décès liés aux désastres naturels et plus de 60% des dommages financiers. Les situations climatiques extrêmes deviennent malheureusement de plus en plus courantes du fait du changement climatique, nous devons donc être mieux préparés.
Les communautés peuvent planifier pour réduire les impacts de futurs aléas comme les cyclones, inondations ou sécheresses. Si des organisations externes aident à diriger des discussions communautaires, elles peuvent faire connaître des idées utiles émanant d’autres endroits et renforcer l’assurance des gens pour effectuer des changements. En Inde, le personnel du Discipleship Centre (DC), un partenaire de Tearfund, a effectué des évaluations participatives des risques de désastres avec de nombreuses communautés vulnérables. Il les aide à réfléchir aux aléas probables (comme sécheresses ou cyclones) puis à évaluer qui et quoi seront touchés. Il les aide ensuite à planifier pour réduire les risques, en renforçant largement les savoir-faire, ressources et talents disponibles au sein des communautés.
Travaux de plaidoyer communautaire au Rajasthan
Cet État de l’Inde souffre de plus en plus de sécheresses. Les communautés locales luttent pour faire face à leurs impacts car, généralement, les gens ont peu de réserves. Ils disposent de petites parcelles de terre, utilisent des pratiques agricoles basées sur des engrais ainsi que l’irrigation et vivent dans des endroits isolés où il y a peu d’autres opportunités de travail. Le manque d’eau devient chose courante.
Le personnel de DC travaille avec cinq villages près de Jodhpur. Il aide les communautés locales à évaluer les risques posés par de futures sécheresses ainsi que d’autres problèmes et à réfléchir à la manière de développer leurs capacités pour y répondre. Un Comité de Développement du Village (CDV) a été formé durant cet exercice. Il fournit la première opportunité aux hommes et femmes de différentes castes de se réunir et de prendre des décisions.
Le personnel du DC aide les membres du comité à acquérir de l’assurance et à partager des idées émanant d’autres régions d’Inde. Ces réunions ont engendré deux idées qui se sont avérées excellentes pour réduire les impacts de futures sécheresses.
Des citernes d’eau de pluie
Lors d’une sécheresse, une préoccupation majeure est le manque d’eau potable. Le gouvernement indien s’oppose au creusage d’autres puits tubulaires car les niveaux des nappes phréatiques ont considérablement diminué. Le CDV a pris la décision de construire des citernes d’eau de pluie. Elles font 3 à 4 mètres de diamètre sur 4 mètres de profondeur. Durant la saison des pluies, l’eau est recueillie par des canalisations menant à ces citernes. Elles ont chacune une capacité de 40.000 litres, partagés par trois familles. Une fois pleine, une citerne peut fournir de l’eau potable à ces familles pendant une année entière. On peut aussi les utiliser pour conserver l’eau amenée par des camions-citernes lors de sécheresses.
Le DC a fourni formation et matériels pour aider la communauté à construire une citerne en ciment. Cependant, une seule n’était pas suffisante pour répondre aux besoins du village. Motivé par sa nouvelle sensibilisation et compréhension, le CDV a décidé de plaider sa cause lors du conseil inter-villages du Gram Sabha. Le personnel de DC a aidé les communautés à rédiger une demande officielle et a offert ses conseils pour présenter leur cas lors de la réunion. Les membres féminins et masculins du comité y ont assisté. La nouvelle capacité des femmes à représenter leur cause les a profondément motivées. Résultat, le gouvernement a promis de construire 10 autres citernes pour le village dans les prochains mois. Cinq ont déjà été achevées.
Banquettes pour les eaux de pluie
Une autre idée du personnel de DC a été de restaurer des pratiques traditionnelles qui avaient été abandonnées ou oubliées. L’une d’entre elles est de conserver les eaux de pluie grâce à la construction de banquettes. Une banquette est un mur en terre de 1 à 2 mètres de haut, que l’on construit autour d’un champ. On creuse ensuite autour un large fossé, du côté extérieur. Les banquettes doivent suivre les courbes de niveau (voir page 8).
Les banquettes aident à prévenir l’érosion des sols due au vent et à la pluie. Elles permettent de retenir l’eau dans le sol en conservant sur place les eaux de pluie.
Le CDV a mobilisé les villageois afin de creuser un fossé autour du champ de l’une des veuves du village. Cette veuve ne pouvait pas survivre avec ce qu’elle cultivait et avait été forcée de chercher du travail dans une carrière proche. Ses enfants devaient l’accompagner car elle n’avait personne pour les garder. Ils avaient donc dû quitter l’école et commencer à travailler aussi à la carrière.
Trente hommes ont travaillé pendant 20 jours à 60 roupies/jour pour créer une banquette et DC les a payés en liquide suivant leur travail. Une fois la banquette achevée, la récolte de millet de cette veuve a doublé la première année et ce champ offre un contraste frappant avec ceux l’entourant. Maintenant d’autres villageois veulent une banquette autour de leur champ. Cependant, bien que la plupart des familles puissent construire elles-mêmes une banquette, elles ne peuvent pas se permettre d’arrêter de travailler à la carrière qui est la principale source de revenu local. C’est un problème connu du CDV et du DC. Ils espèrent discuter de solutions possibles durant les prochains mois.
Aider les communautés à évaluer les aléas des désastres naturels qu’elles risquent de connaître et s’y attaquer en réduisant certains de ces risques, peut sauver de nombreuses vies.
Cette étude de cas a été envoyée par Oenone Chadburn, Responsable de projet de réduction des risques de désastres à Tearfund et par Samuel Blesson du Discipleship Centre, à New Delhi.
Plaidoyer avec les propriétaires fonciers en Inde
A Bihar, le DC a plaidoyé auprès des propriétaires fonciers au nom des pauvres villageois ruraux vivant sur les terres basses régulièrement inondées. Avant les travaux de plaidoyer, ces villageois n’avaient pas de chemin sûr d’évacuation lorsque le niveau d’eau montait car la route la plus sûre passait par des champs appartenant à d’autres personnes. Ils n’avaient pas le droit de passer sur ces terrains. Le DC a réussi à obtenir la permission de 47 propriétaires pour construire un chemin surélevé d’évacuation sur ces terrains privés. Depuis cette intervention, les relations entre les pauvres villageois et les riches propriétaires se sont améliorées.
Ces photos de champs voisins ont été prises à la même époque. Le champ à gauche est entouré d’une banquette, pas l’autre.