Rahab Uganda, une ONG basée à Kampala, soutient les femmes et les enfants vulnérables grâce à son foyer résidentiel et à un centre d’accueil de jour au cœur du quartier chaud de la ville. L’organisation fournit un soutien psychosocial, une aide psychologique et une formation professionnelle pour accompagner les filles tout au long de leur rétablissement et de leur réhabilitation, en leur donnant les moyens de gagner leur vie et de rester à l’abri du danger. Rahab organise également des campagnes de plaidoyer pour que les enfants et les femmes ne soient pas victimes des réseaux de trafic et d’autres formes d’exploitation.
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Le rêve devenu cauchemar
Pas à Pas a eu le privilège d’interviewer une femme qui a été victime de la traite à Kampala, dupée par de fausses promesses de travail en Asie
2015
Disponible en Anglais, Français, Portugais et EspagnolDe : Traite des êtres humaines – Pas à Pas 96
Exemples réels de mensonges de trafiquants et conseils pour prévenir la traite
Photo : Kieran Dodds/Tearfund
Pas à Pas a eu le privilège d’interviewer une femme qui a été victime de la traite à Kampala, dupée par de fausses promesses de travail en Asie. Elle a accepté de nous faire part de son histoire, dans l’espoir que d’autres puissent prendre conscience des dangers de la traite et échappent au préjudice qu’elle a subi.
Quelle était votre situation quand vous avez été victime de la traite ?
J’avais 24 ans, je venais d’avoir mon deuxième enfant et je travaillais pour une radio. Je vivais avec ma famille à Kampala, mais nous sommes originaires de l’est du pays.
Que vous a-t-on dit au sujet du travail que vous alliez faire ? Cela correspondait-il à la réalité ?
On m’a dit que j’allais travailler comme serveuse en Thaïlande et que j’allais bien gagner ma vie. Je voulais donner le meilleur à mes filles. Mais lorsque je suis arrivée en Thaïlande, ce que je me suis retrouvée à faire n’avait rien à voir avec ce qu’on m’avait dit.
Pouvez-vous nous parler un peu de vos conditions de vie là-bas ?
Tout d’abord, on m’a demandé de trouver un nom que j’utiliserais à l’hôtel car il valait mieux que les gens ne connaissent pas mon véritable nom. Au début, les conditions n’étaient pas trop mauvaises ; je n’ai pas commencé à travailler tout de suite. Pendant ce temps, je vivais dans un bel appartement et je mangeais bien. Mais un jour, ils m’ont annoncé la nouvelle : pour pouvoir vivre dans cette maison et continuer à bien manger, j’allais devoir faire certaines choses. J’ai pleuré pendant des jours. J’aurais voulu ne jamais avoir rencontré l’ami qui m’avait incitée à venir. J’ai maudit ma vie, mais je me disais que ce qui m’arrivait était mon destin. À ce moment-là, je me suis totalement perdue et je me suis dit que je devais le faire pour mes enfants restés à la maison.
Comment pensez-vous que les Églises ou d’autres organisations pourraient éviter à d’autres personnes de vivre la même chose ?
En sensibilisant les gens et en parlant à ces filles dans la rue, car nombre d’entre elles ont subi une sorte de lavage de cerveau, tout comme moi. J’en étais arrivée à me dire qu’il n’y avait pas de mal à obtenir de l’argent par n’importe quel moyen, tant que c’était pour donner le meilleur à sa famille. Mais ce n’est pas vrai. Quel sens cela a-t-il si c’est pour se perdre en route ?
Qu’aimeriez-vous dire à tous ceux qui pourraient être exposés à la traite ?
De ne faire confiance à personne, car même un ami très proche peut vous envoyer dans le pire des endroits. Il peut vous dire qu’il vous aime mais mentir pour que vous le suiviez.
Maintenant que vous êtes revenue de Thaïlande, en quoi votre vie a-t-elle changé ?
Je me méfie de tous ceux qui me parlent de quitter l’Ouganda. Et désormais, j’apprécie bien plus mes amis et ma famille parce que je sais que j’ai failli les perdre en partant en Thaïlande.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Je ne sais pas vraiment. Je vis au jour le jour, en essayant de me débrouiller du mieux possible. Mais le plus important pour moi est de rester aussi proche de ma famille que possible et de chercher un travail pour pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants.
Je me suis fait percer le sourcil pour ne pas oublier qui je suis et tout ce que j’ai subi. Tous les matins, je me regarde dans le miroir pour me rappeler d’où je viens et que je ne veux en aucun cas y retourner.
Avec tous nos remerciements à Annette Kirabira, Directrice exécutive de Rahab Uganda, pour avoir organisé cette entrevue, et à notre interviewée, qui a choisi de rester anonyme.
Email : [email protected]
Site Internet : www.rahabuganda.org
Pour sortir de la prostitution, notre interviewée a bénéficié de l’aide de NightLight, une ONG internationale qui travaille en Thaïlande. Pour en savoir plus au sujet de leur travail, allez sur : www.nightlightinternational.com
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