Qu’est-ce que le plaidoyer
Mener un plaidoyer consiste à influencer des personnes et les politiques publiques pour provoquer un changement. Cela implique d’exercer une influence sur les personnes au pouvoir pour qu’elles agissent de manière plus équitable, afin d’instaurer la justice et de lutter contre les causes de la pauvreté.
Le plaidoyer est profondément ancré dans les Écritures et basé sur l’engagement de Dieu envers la justice :
« Ouvre ta bouche pour celui qui ne peut pas s’exprimer, pour la cause de tous les délaissés ! Ouvre ta bouche, juge avec justice et défends le malheureux et le pauvre ! »
Proverbes 31:8-9
Mener un plaidoyer implique de nouer des relations avec les personnes qui exercent l’autorité et de les sensibiliser à un problème particulier en vue de les influencer. Cela implique aussi de leur suggérer des solutions possibles.
Sensibiliser au changement climatique
Le changement climatique nous touchera tous. C’est une problématique majeure autour de laquelle un plaidoyer doit être entrepris. Dans ce domaine, une première étape importante consiste souvent à sensibiliser les gens aux causes du problème. Vous pouvez par exemple poser des questions simples au sujet des changements que la population a constatés concernant les conditions météorologiques ou les récoltes. Cela vous permettra rapidement de voir si les gens ont déjà conscience des impacts du changement climatique sur leur vie et leur environnement. Des réunions publiques, des allocutions, des discussions et des bulletins de nouvelles sont autant de moyens de transmettre des informations sur le sujet. Travailler avec les médias peut également être très utile pour atteindre à la fois les décideurs et la population. Un plaidoyer peut être mené avec les communautés touchées par une situation, avec le soutien d’organisations qui travaillent sur les questions liées au changement climatique. Il peut aussi être directement mené par les communautés touchées par une situation.
L’impact du changement climatique est lié à certains problèmes comme la dégradation de l’environnement, l’insécurité alimentaire, les catastrophes et les ressources en eau. Bien souvent, il aggrave les problèmes déjà existants.
« Le climat a changé et la saison des pluies est devenue imprévisible. Les niveaux d’eau baissent d’année en année et certains animaux et types de végétation ont disparu. L’avenir est sombre tant pour les agriculteurs que les éleveurs de bétail. »
Partenaire de Tearfund au Mali
Lutter contre le changement climatique
Il y a deux manières importantes de lutter contre le changement climatique : l’adaptation et l’atténuation.
L’adaptation consiste à prendre des mesures pour faire face aux conséquences du changement climatique, dans l’immédiat et pour l’avenir. Pour que l’adaptation soit réussie, les pays et les communautés ont besoin de ressources financières, de bonnes technologies et de conseils avisés. L’adaptation doit faire partie intégrante de la planification du développement national.
Au niveau local, les activités de plaidoyer autour de l’adaptation peuvent consister à exercer une influence sur les agences ou les fonctionnaires locaux pour aider les communautés à s’adapter, par exemple en utilisant des cultures de remplacement ou en protégeant les terres des inondations. Au niveau national, le travail de plaidoyer peut consister à encourager le gouvernement à intégrer le travail d’adaptation à la planification et la programmation du développement national.
L’atténuation consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre, surtout dans les pays à revenu élevé. Elle implique d’aider les pays plus pauvres à accéder à l’énergie renouvelable et de s’assurer qu’ils disposent pour cela des financements nécessaires. Il s’agit également d’aider les pays à protéger leurs forêts.
Au niveau local, les activités de plaidoyer autour de l’atténuation peuvent impliquer de veiller à ce que les autorités locales créent des lois pour protéger les forêts ou fassent respecter les lois existantes. Elles peuvent se concentrer sur des solutions d’énergie renouvelable à petite échelle pour les communautés locales. Au niveau national, le travail de plaidoyer peut consister à encourager le gouvernement à élaborer des programmes nationaux de développement qui comprennent des mesures d’atténuation.
Les organisations de la société civile peuvent travailler avec les personnes qui vivent dans la pauvreté pour les aider à faire entendre leur voix auprès des détenteurs du pouvoir. Cela peut se faire en donnant aux gens les moyens de s’exprimer par eux-mêmes, en discutant avec les personnes touchées par le changement climatique ou en parlant au nom des communautés.
Les Églises peuvent faire une grande différence
De nombreuses communautés du monde comptent des Églises locales. Bien souvent, les membres d’Église font eux-mêmes l’expérience de la pauvreté et de l’injustice, et comprennent donc très bien ces problèmes. Les organisations chrétiennes et les Églises peuvent mener un plaidoyer avec ou pour les personnes qui sont touchées par le changement climatique. Les Églises sont à même de bien comprendre les problèmes locaux et ont une présence à long terme au sein des communautés. Grâce à leur organe de coordination (p. ex. diocèse ou dénomination) elles peuvent gagner le respect et l’autorité nécessaires pour influencer les politiques à l’échelle locale, nationale, régionale ou internationale.
Le travail de plaidoyer chrétien doit être soutenu par la prière et un profond désir de justice pour les personnes touchées par le changement climatique.
Cet article est adapté d’un petit guide écrit par Sara Shaw, Why advocate on climate change Pour plus d’informations, voir la page des Ressources.
Est-ce que votre organisation ou vous-mêmes participez à des activités de plaidoyer et des campagnes sur le changement climatique ou d’autres problèmes environnementaux ? Nous serions heureux d’en entendre parler, car Tearfund continue son travail de plaidoyer sur ces questions. Veuillez nous contacter par courrier postal ou e-mail aux adresses :
Tearfund, 100 Church Road,Teddington, TW11 8QE, UK
Participation des responsables locaux à la construction d’une digue de rivière au Malawi
La réduction des risques de catastrophe peut être un excellent moyen d’aider les communautés à s’adapter au changement climatique. Au Malawi, les communautés locales ont été confrontées à un réel problème lorsque le cours d’une rivière locale a changé, entraînant le déplacement des ménages de plusieurs villages. Les fortes pluies ont emporté les jardins. River of Life, un partenaire de Tearfund, ainsi que les communautés locales touchées ont compris que la construction d’une digue redirigerait l’écoulement de la rivière.
River of Life a lancé une initiative de plaidoyer auprès des chefs traditionnels, des responsables d’Église, des enseignants et des fonctionnaires du gouvernement. Ils se sont tous réunis pour entendre parler de la solution de la communauté au problème. Après moultes discussions, les parties prenantes ont approuvé le projet et se sont engagées à fournir certaines des ressources nécessaires. L’assemblée du district a décidé de fournir un tracteur, le ministère des Forêts a convenu d’aider à planter des arbres le long des berges de la rivière et la communauté a accepté de faire une partie des travaux.
L’activité de plaidoyer a permis de transformer les relations et de les renforcer. Les chefs traditionnels, les responsables d’Église et les fonctionnaires ont pu travailler ensemble et se considérer comme des partenaires de développement.
Honduras : protection des forêts nationales
Les forêts jouent un rôle important dans l’absorption du dioxyde de carbone (un des gaz contribuant au changement climatique). Lorsque les forêts sont défrichées ou brûlées, de grandes quantités de dioxyde de carbone sont libérées.
Le gouvernement du Honduras a proposé une loi sur la réforme du secteur forestier qui permettrait à de grandes portions de la forêt nationale d’être vendues à des sociétés d’exploitation forestière. Ces entreprises pourraient alors décider de reboiser les terres ou non. L’importance des forêts nationales du Honduras pour les agriculteurs pauvres et les groupes autochtones vivant dans ces zones n’a pas été prise en compte.
Le partenaire de Tearfund Asociación para una Sociedad más Justa savait que les conséquences de cette loi risquaient d’être désastreuses. L’association a forgé une alliance avec des représentants de divers groupes, dont des groupes autochtones, des coopératives, des Églises, des écologistes et des groupes d’agriculteurs. Cette alliance a interpellé le gouvernement pour qu’il modifie le projet de loi. Elle a embauché des consultants pour analyser la proposition et ainsi pouvoir présenter au gouvernement des propositions de modification raisonnables.
L’alliance a également entrepris une campagne médiatique pour informer la population du problème et faire pression sur le gouvernement pour pouvoir négocier. Le gouvernement a convenu qu’il ne porterait pas le projet de loi relatif à la réforme du secteur forestier au congrès hondurien tant que la réforme n’aurait pas été approuvée par un comité composé de représentants de l’alliance, du gouvernement et des compagnies d’exploitation forestière. La plupart des propositions de l’alliance ont été acceptées. Pour la première fois, les groupes marginalisés tels que les agriculteurs pauvres, les coopératives et les groupes autochtones ont pu participer à l’élaboration d’une loi qui les concernait directement.
Pour en savoir plus sur Asociación para una Sociedad más Justa, rendez-vous sur www.asjhonduras.com/cms