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La Maladie et les Assainissements : action dans des communautés économiquement faibles

par le Professeur John Pickford du Centre des Eaux, Travaux et Développement à L’Université de Technologie de Loughborough.

1992 Disponible en Anglais, Français et Espagnol

Quatre éditions imprimées différentes de 1989 à 1992 du magazine Pas à Pas sont présentées sur un bureau en bois.

De : L’assainissement – Pas à Pas 9

Des idées pour travailler en partenariat avec les communautés dans le but d’améliorer l'hygiène, l’assainissement et la santé

par le Professeur John Pickford du Centre des Eaux, Travaux et Développement à L’Université de Technologie de Loughborough.

On dit souvent qu’un grand nombre des maladies présentes dans les pays économiquement faibles sont causées par l’eau, l’eau impropre à la consommation. Ces maladies, nous dit-on, causent la mort de plusieurs millions d’enfants chaque année et la plupart des lits d’hôpitaux dans les pays en voie de développement sont occupés par des malades souffrant de maladies liées à la consommation d’eau sale. La diarrhée, sous toutes ses formes, est douloureuse, fait souffrir, et peut tuer.

On blâme injustement la qualité de l’eau pour tous ces problèmes. Le fait est que presque toutes les maladies dites « transmises par l’eau » depuis le choléra qui tue rapidement jusqu’aux simples mais pénibles maux de ventre sont réellement provoquées par une mauvaise hygiène personnelle ou publique. Il est vrai que le manque d’installations sanitaires peut entraîner, parfois, la contamination de l’eau mais ces maladies peuvent aussi être transmises autrement. La figure page 2 montre quelques-unes des autres façons dont les maladies peuvent se propager des excréments d’une personne malade à d’autres.

La propagation de la maladie

En Tanzanie, un membre du corps médical m’a raconté son enquête sur l’épidémie de choléra assez sérieuse des années 75. Il avait essayé de savoir comment s’était répandue la maladie. Dans une région rurale, les cas de choléra portés sur la carte montraient clairement qu’ils étaient tous en bordure d’un ruisseau utilisé comme source d’eau. Une fois le ruisseau pollué par la bactérie du choléra, toutes les populations en aval risquaient d’être infectées. Mais à Dar es Salaam (la capitale) il n’avait trouvé aucun lien entre l’eau et l’épidémie de choléra. Là, semblait-il, beaucoup de femmes avaient contracté la maladie en soignant des parents malades et en accomplissant des rites sur ceux qui étaient morts: c’étaient leurs mains qui avaient transmis la maladie.

On doit se laver les mains

Dans cet exemple, comme dans bien d’autres, le manque d’eau pour se laver a aidé à la propagation de la maladie. Se laver consciencieusement les mains est primordial pour empêcher la propagation de l’infection. L’idéal est d’utiliser des cendres ou du savon mais l’essentiel pour une bonne santé c’est d’avoir suffisamment d’eau. L’eau pour se laver n’a pas à être nécessairement d’aussi bonne qualité que l’eau que l’on boit.

Les mouches

Les mouches sont aussi en grande partie responsables de la propagation de la maladie, et quelquefois aussi les cafards, mais les mouches sont les vrais coupables. Le problème c’est qu’elles aiment se nourrir d’excréments et qu’elles font aussi beaucoup de chemin. Leurs pattes sont couvertes de poil et donc des particules de tout ce dont elles se nourrissent y restent prises et sont transportées. Si elles se nourrissent des excréments d’une personne souffrant d’une maladie type diarrhée telle que le choléra (rare) ou la gastroentérite (courante), ces particules peuvent transmettre la maladie à d’autres personnes. Les mouches iront peut-être après se poser sur de la nourriture et donc de petites particules d’excréments y seront déposées. Ces boissons ou cette nourriture seront ensuite consommées par d’autres personnes et ainsi se propage la maladie.

Les maladies se transmettent par la terre

Par la terre aussi la maladie peut se propager. C’est très important pour les vers intestinaux tels que les ascarides et les ankylostomes.

Les enfants porteurs d’ascarides se soulagent souvent de leurs matières fécales lorsqu’ils jouent par terre, à quatre pattes sur un terrain qui n’est pas pavé. Il est fort possible que leurs excréments contiennent des ascarides et même si l’on nettoie le sol, des œufs y resteront probablement présents. Il se peut que d’autres enfants touchent cette terre et mettent ensuite leurs mains ou leurs doigts dans la bouche – tous les enfants du monde font les mêmes gestes. Ainsi les ascarides passent d’une personne à une autre. Un des problèmes de ces vers c’est qu’ils restent infectieux pendant très longtemps – de nombreux mois. Quand des enfants (ou des adultes) qui ont des vers défèquent par terre, près des cultures, la terre contenant les vers peut facilement aussi contaminer les récoltes plusieurs mois plus tard. Les vers peuvent alors se propager par la nourriture.

La maladie se propage très facilement

Quand les particules d’excrément d’une personne dite porteuse d’une « maladie transmise par l’eau » sont propagées par l’eau, les mains, les mouches ou la terre, la maladie peut passer d’une personne à une autre. Il suffit d’une infime quantité de matière fécale. Les gens excrètent plusieurs millions de micro-organismes chaque fois qu’ils défèquent. La plupart d’entre eux sont inoffensifs mais il suffit de quelques organismes dangereux pour relancer une infection.

L’importance de l’installation sanitaire dans la prévention de la maladie

Le but d’une installation sanitaire c’est de bloquer le passage de la maladie par ces routes-là. Cette figure montre comment une bonne installation sanitaire empêche les micro-organismes des excréments de propager la maladie.

Il est important de réduire au maximum le contact des matières fécales avec les mains: on doit se laver les mains très consciencieusement si ce contact a eu lieu; ceci doit aller de pair avec une installation sanitaire qui seule en elle-même ne saurait réduire tous les risques de contamination. Se laver les mains après avoir changé un bébé est particulièrement important. On pense souvent à tort que les matières fécales des jeunes enfants sont inoffensives.

L’utilisation des latrines

Là où il n’y a pas de latrines les gens doivent faire leurs besoins dehors: près de chez eux, dans les champs ou la forêt, au bord de la route ou de la voie ferrée, le long d’un canal, n’importe où par terre. A mesure que les villages et les villes s’agrandissent, il devient de plus en plus difficile de faire ses besoins en privé. Cette intimité est normalement encore plus importante pour les femmes que pour les hommes. La destruction des arbres et de la végétation (problème de l’environnement dans de nombreuses parties du monde) ajoute à ces difficultés. S’il n’y a ni arbres ni buissons, il n’y a aucun écran naturel pour se protéger des regards.

La plupart des gens veulent garder les alentours de leur maison propres et donc doivent aller faire leurs besoins assez loin. Quelquefois, ceci est acceptable. Cependant, lorsqu’il fait mauvais, le fait d’avoir à marcher cinq cent mètres n’est pas toujours satisfaisant. Pour les personnes âgées, les infirmes ou les jeunes enfants dont les matières fécales sont particulièrement dangereuses, cela s’avère difficile voire impossible. Marcher longtemps n’est pas facile pour quiconque souffre de diarrhée.

Jusque dans les années soixante, les latrines sèches ou les latrines-seaux étaient les méthodes courantes pour se débarrasser des excréments dans beaucoup de pays en voie de développement – un système acceptable pour les utilisateurs si on l’organise correctement. On faisait ses besoins dans un seau ou autre contenant et régulièrement, on le vidait, souvent la nuit, d’où le nom de « terre de nuit ». Il y a encore beaucoup de latrines de ce genre, bien qu’elles soient un haut risque pour la santé. Ce système implique la manutention d’excréments récents et les odeurs et les mouches ajoutent au problème. Les videurs de seau renversent souvent les excréments près des latrines et tout au long de la route.

Les avantages des latrines-fosse

Il se peut que certains quartiers riches des villes aient des WC, un système d’égouts ou de traitement des eaux sales, et de l’eau qui arrive par canalisation. Cependant, c’est hors de que question pour la majorité des gens, qu’ils vivent en régions rurales ou urbaines.

Pour la plupart, la meilleure formule sanitaire est la latrine-fosse. La « fosse » est tout simplement un trou dans la terre pour recevoir les excréments. Il n’y a alors pas de pollution de l’eau de surface ou du sol et la propagation de la maladie est impossible par ces routes-là. On n’a pas besoin non plus de déplacer les excréments à la main.

Les matières fécales se décomposent et se transforment en gaz et liquides; il n’en reste qu’une masse solide. Les gaz s’échappent dans l’atmosphère et dans le sol. Si le sol à l’entour convient il absorbe le liquide de décomposition et l’urine, en même temps que toute eau de nettoyage ou jetée dans les latrines.

La masse solide qui reste remplit petit à petit la fosse des latrines. Une fosse peut servir très longtemps si elle est grande et que les conditions du sol sont favorables. J’ai examiné beaucoup de latrines-fosse en Afrique de l’Est: elles ont parfois été utilisées pendant plus de vingt ans, par des familles nombreuses, elles n’ont jamais été vidées et il semble qu’elles soient encore loin d’être pleines.

On a besoin d’un support au dessus de la fosse qui permette aux utilisateurs de s’accroupir ou de s’asseoir. Cette « dalle » doit être capable de supporter le poids de l’utilisateur. Si elle est faite d’un matériau rugueux (du bois non-raboté ou de la boue par exemple) elle fournit un habitat propice aux ankylostomes. Une dalle de ciment lisse est idéale: elle est résistante et facile à nettoyer.  

Les mouches… encore

La prolifération des mouches dans les fosses est comme nous l’avons déjà dit un danger pour la santé. Ce n’est pas un gros problème si la fosse est profonde et le trou aménagé dans la dalle de petite taille; mais les mouches deviennent un sérieux problème si la fosse est peu profonde ou presque pleine. Il y a alors trois façons de procéder pour régler ce problème…

La première, peu coûteuse, est de fabriquer un couvercle qui viendra s’insérer exactement sur le trou pour le fermer, et de s’assurer qu’il est toujours replacé correctement quand les latrines ne sont pas utilisées. Au Mozambique une dalle de ciment non armé légèrement bombée est très populaire. Elle est peu coûteuse. Le trou aménagé dans la dalle a la forme d’un trou de serrure. On coule le ciment du couvercle dans le trou de serrure et on y fixe un manche en bois. Ce type de latrines peut être complété par un abri bon marché pour assurer une certaine intimité – un abri en herbe ou roseaux suffit.

Au Zimbabwe des milliers de Fosses à Ventilation Améliorée (FVA) ont été construites. Cette deuxième méthode nécessite la construction de latrines avec un toit et le coût en est supérieur à celui du type de latrines au Mozambique. La fosse est ventilée par un conduit ou cheminée d’aération qui, à la sortie, est protégé des mouches par un fin grillage. Il se peut que des centaines de mouches naissent dans la fosse, d’œufs déposés par une ou deux mouches mères qui auraient réussi à passer au travers du grillage. Elles sont attirées par la lumière qui filtre par la sortie du conduit, alors que les latrines restent plus sombres. Incapables de passer à travers le grillage, elles meurent.

La troisième méthode de contrôle des mouches peut être utilisée là où les gens utilisent de l’eau plutôt que le papier ou les feuilles pour se nettoyer après avoir fait leurs besoins. Une trappe avec un joint d’étanchéité est fixée à la base d’une cuvette peu profonde. Cette trappe est semblable à celle d’un WC mais pas si profonde. Elle est nettoyée par une petite quantité d’eau qu’on jette quand on a fini. Les mouches, les moustiques et les odeurs sont efficacement bloqués par le joint étanche et en conséquence les risques de contamination réduits.

La vidange

Le dernier point à considérer est de savoir ce qu’il faut faire quand une fosse est pleine. Dans les régions rurales on peut creuser une nouvelle fosse mais en région urbaine cela peut s’avérer impossible. Vider au seau une fosse qui vient d’être remplie comporte des risques pour ceux qui s’en chargent.
Quelques villes privilégiées ont des cuves spéciales qui permettent de vider les fosses. Dans beaucoup d’autres endroits on a eu l’idée intéressante de creuser deux petites fosses ou d’en diviser un grande en deux sections – on utilise une des sections pendant deux ou trois ans, puis on se sert de l’autre. D’ici à ce que la deuxième fosse soit pleine les excréments dans la première auront eu le temps de s’assécher et pourront être retirés en toute sécurité. 

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