L’Église locale, les organisations chrétiennes et les chrétiens en général peuvent tous mener un plaidoyer efficace pour obtenir de meilleurs services de santé. En voici deux exemples…
SANTÉ MATERNELLE POUR LES FEMMES MARGINALISÉES
Dans des zones rurales du Guatemala, les accoucheuses traditionnelles jouent un rôle très important au sein de leur communauté. La plupart des femmes autochtones qui accouchent sont assistées par une accoucheuse traditionnelle qualifiée.
Aujourd’hui, les accoucheuses du Guatemala sont enregistrées auprès du ministère de la Santé publique. Elles sont formées et travaillent en partenariat avec des centres de santé. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’à quelques années en arrière, les accoucheuses qualifiées subissaient de la discrimination, des insultes et même des agressions physiques de la part des agents de santé. Et les femmes autochtones auprès desquelles elles travaillaient n’étaient pas bien traitées dans les centres de santé.
Les accoucheuses de la municipalité de Patzún voulaient absolument que cette situation change. La première étape consistait à prendre conscience de la nécessité de s’unir. Soutenues par l’organisation chrétienne Asociación Vida, les accoucheuses ont décidé de créer un comité. Asociación Vida les a aidées à comprendre leurs droits et les lois du Guatemala, qui étaient en faveur de la provision de services locaux au sein des communautés.
Le comité d’accoucheuses a organisé des réunions, des manifestations et rédigé des courriers pour demander au centre de santé de leur fournir une formation appropriée. Elles ont rencontré de l’opposition et même des menaces de mort de la part des responsables locaux de la santé publique, mais n’ont pas baissé les bras pour autant. Et ces derniers ont fini par accepter.
Encouragées par leur succès, les accoucheuses ont commencé à travailler avec les conseils de développement locaux. Elles se sont même rendues à Guatemala City pour rencontrer le ministre de la Santé et demander des améliorations à Patzún. Pendant plusieurs années, elles ont plaidé avec succès pour obtenir un nouveau centre pour la santé maternelle, des livraisons de médicaments et de meilleurs soins pour les patientes. Elles ont également obtenu du centre de santé qu’il emploie un directeur capable de parler la langue des femmes autochtones.
« Nous voulons servir notre prochain comme Dieu nous le demande et faire du bon travail, du travail de qualité », dit María Francisca Boch, la responsable des accoucheuses à Patzún. « Sans Dieu, nous n’aurions jamais pu faire tout cela. »
Loida Carriel Espinoza est la responsable régionale de Tearfund pour le plaidoyer en Amérique latine et aux Caraïbes.
E-mail : [email protected]
Améliorer la prise en charge des petients au Kenya
Alice Mwongera gère la fondation Morris Moses, qui œuvre à l’amélioration des soins de santé au Kenya et au-delà. Elle a créé cette organisation suite au décès tragique de son mari, puis de son frère, dû dans les deux cas à la mauvaise qualité des soins qu’ils ont reçus à l’hôpital.
Étant chrétienne, lorsque j’ai commencé cette œuvre, le premier groupe que j’ai sollicité était l’Église. Je me disais que l’Église pouvait dénoncer les mauvais traitements dont les patients sont parfois victimes. Mais les Églises ne voyaient pas du tout comment s’impliquer.
Après bien des frustrations, j’ai cessé d’essayer de mobiliser les Églises. J’ai alors constitué un groupe de militants motivés, essentiellement des étudiants universitaires. Nous avons créé un mouvement nommé « Silent no more » dans le but de réclamer des changements dans le secteur de la santé. Cette campagne a suscité beaucoup d’intérêt et les médias se sont mobilisés. Lorsque nous avons commencé à passer à la télé et à la radio, le gouvernement n’avait plus d’autre choix que d’écouter ce que nous avions à dire.
Nous sommes parvenus à établir la toute première Charte des droits du patient pour le Kenya. Celle-ci stipule clairement les droits des patients, comme par exemple le droit de recevoir un traitement d’urgence dans n’importe quel service de santé, que le patient puisse payer ou non. Une autre réussite a été d’établir une approche de soins centrée sur le patient spécifique à l’Afrique (Africa Patient-Centred Care Model). Nous formons des médecins, des infirmiers et infirmières et des étudiants en médecine à soigner l’être humain dans son ensemble, et pas uniquement la maladie.
J’aimerais pouvoir former quelques personnes au plaidoyer au sein de l’Église. Si les Églises sont disposées à travailler avec nous, nous pouvons leur montrer comment s’y prendre.
Site internet : www.morrismosesfoundation.org
E-mail : [email protected]
Sur www.tearfund.org/ccmadvocacy, vous trouverez des ressources qui vous aideront à former votre Église au plaidoyer.