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Lueurs d’espoir au cœur de la violence

Le crime et l'incarcération détruisent les individus, les familles et les communautés. Mais de nombreux groupes impliqués dans le ministère des prisons offrent des solutions efficaces

Rédigé par Lindsay A Frederick 2018 Disponible en Anglais, Français, Portugais et Espagnol

La prison n’est-elle qu’une sanction à subir, ou peut-elle être le lieu d’une transformation positive ? Photo : Andrew Philip

La prison n’est-elle qu’une sanction à subir, ou peut-elle être le lieu d’une transformation positive ? Photo : Andrew Philip

Dans sa salopette jaune, un homme incarcéré à la prison de Luzira, en Ouganda, nettoie le sol d’une cellule de prison.

De : La prison – Pas à Pas 104

Des conseils pratiques pour s'impliquer dans le ministère des prisons et s'occuper d'anciens délinquants

Avec plus de 22 000 prisons dans le monde, qui contiennent plus de 10 millions de personnes, la criminalité est un problème social qui détruit les individus, les familles et les communautés. Et la population carcérale ne cesse d’augmenter.

De nombreuses études ont été menées sur les causes de la délinquance. Celles-ci varient en fonction des cultures et des contextes sociaux, mais les études suggèrent qu’il n’existe pas un facteur unique qui favorise les comportements criminels. Il s’agit plutôt d’une combinaison de multiples facteurs de risque, parmi lesquels le fait de grandir dans un climat de maltraitance ou de violence au sein du foyer, les troubles mentaux non traités, et les faibles niveaux de revenu et d’éducation. Dans beaucoup de pays à faible revenu, la pauvreté et le chômage incitent les jeunes à la criminalité, surtout dans les quartiers pauvres des grandes villes.

Stephen, ancien détenu du Royaume-Uni, avait un père alcoolique et violent. Il explique que c’est ce qui a influencé certains de ses choix et l’a mené à la délinquance. « J’ai été élevé dans un environnement où il n’y avait pas d’amour et aucun investissement dans la réussite scolaire des enfants, explique Stephen. Nous avons grandi dans la peur. Je me suis progressivement mis à agir comme mon père. J’ai commencé à boire, puis à me droguer. J’avais 25 ans quand j’ai été pris avec une grosse quantité d’héroïne. »

Le problème de la sanction

Les problèmes rencontrés en prison et avec nos systèmes punitifs s’ajoutent à celui de la population carcérale croissante. On compte parmi ces problèmes les conditions déplorables dans les prisons, où la malnutrition, les maladies et la violence sont monnaie courante. Dans la plupart des pays, le taux de récidive peut atteindre 50 pour cent. Les systèmes judiciaires sont souvent surchargés : des millions de prisonniers sont détenus dans la promiscuité et l’insalubrité, en attente d’un jugement. Dans certains cas, la durée du temps passé en prison avant le procès est plus longue que la peine potentielle maximum pour le délit. Privés de conseil juridique ou d’argent, bon nombre de ces personnes sont détenues pour des affaires civiles, comme le non remboursement d’une dette, et non pour des faits criminels.

Les critiques formulées à l’encontre des systèmes pénaux d’aujourd’hui font valoir que les mesures prises pour satisfaire les besoins à la fois des détenus et des victimes de délits sont insuffisantes. Les systèmes judiciaires tendent à se préoccuper exclusivement des infractions commises par les contrevenants, tandis que la culture carcérale, elle, est souvent basée sur des menaces de violences. Pour les détenus, la prison est un endroit où ils n’ont d’autre choix que de subir ou de dominer jusqu’à leur libération, plutôt qu’un environnement où ils peuvent apprendre à assumer la responsabilité de leurs comportements.

Après avoir vécu dans cette structure, les détenus éprouvent souvent de grandes difficultés à réintégrer la société après leur libération. Ils ont parfois peu de compétences ou d’expérience professionnelle, et la condamnation pénale leur porte préjudice. Lorsque les anciens détenus se retrouvent sans moyen acceptable et productif de vivre en dehors de la prison, le cycle de la criminalité et de la sanction se répète.

Les familles de détenus

S’ajoute à cela l’impact psychologique sur les détenus et leur famille. La famille du détenu ressent parfois de la honte et le rejette pour éviter la stigmatisation. Wilson, ancien détenu à Carthagène, en Colombie, dit que la situation a empiré au point qu’il a voulu mettre fin à sa vie : « Ma famille m’avait abandonné, je me sentais inutile et j’étais désespéré. »

Dans de nombreux pays à faible revenu, les répercussions de l’emprisonnement d’un père peuvent être dévastatrices pour le bien-être économique de la famille. Plus de 14 millions d’enfants dans le monde ont un de leurs parents en prison. Ces enfants sont alors exposés à divers dangers comme la pauvreté, la violence et le trafic d’êtres humains. Bon nombre d’enfants de détenus sont sous-alimentés, ne peuvent pas payer leurs frais de scolarité (uniformes et livres), ou doivent arrêter l’école pour contribuer à subvenir aux besoins de leur famille.

D’autres sont tout simplement abandonnés. Parfois, lorsque l’autre parent se remarie, les enfants ne sont pas les bienvenus dans le nouveau foyer. Ou alors, l’autre parent est dans l’incapacité de s’occuper seul de son enfant.

La honte et la stigmatisation associées à la détention poussent les familles à quitter leur maison et leur communauté. Isolées et avec peu d’opportunités pour subvenir à leurs besoins, elles se retrouvent dans une situation encore plus difficile sur le plan social et économique.

Lueurs d’espoir

Malgré les nombreux problèmes énumérés ci-dessus, il y a de l’espoir pour les détenus et leur famille. De nombreux groupes de ministère dans les prisons proposent des solutions, y compris des réformes en matière de justice réparatrice (voir Qu’est-ce que la justice réparatrice ?), une assistance juridique, des soins de santé et des services éducatifs. Ils aident les prisonniers et leur famille à accéder à la guérison émotionnelle, à renforcer leur résilience physique et à acquérir des compétences professionnelles. Nous commençons aujourd’hui à voir les fruits que portent toutes ces interventions.

Une formation professionnelle et un soutien peuvent aider les familles de détenus à améliorer leur revenu. Photo : Fraternité des prisons Cambodge

Une formation professionnelle et un soutien peuvent aider les familles de détenus à améliorer leur revenu. Photo : Fraternité des prisons Cambodge

Le concept révolutionnaire de justice réparatrice est apparu au cours des 40 dernières années. Il s’agit d’un mouvement de réforme du système de justice pénale qui repose sur des principes bibliques de justice. Ce mouvement est en train de faire évoluer la culture carcérale d’un rapport de pouvoir et de violence à une responsabilisation individuelle. La justice réparatrice aide les détenus à se confronter à leurs agissements, à en assumer la responsabilité, à acquérir des compétences en résolution des conflits, et elle leur offre la possibilité d’entamer un cheminement de foi personnel. Elle aide également les victimes d’actes criminels à trouver la guérison et à aller de l’avant.

Stephen, notre ancien détenu du Royaume-Uni, a rencontré d’autres anciens détenus dans le cadre d’un groupe chrétien de soutien aux prisonniers. Grâce à eux, Stephen a découvert la foi et sa vie a été transformée. Aujourd’hui, il parcourt la planète avec la Fraternité internationale des prisons, le plus grand ministère dans les prisons du monde, pour former des bénévoles qui animent un programme d’évangélisation et de formation de disciples dans les prisons appelé The Prisoner’s Journey® (voir page 18). Wilson, le détenu de Colombie précédemment cité, a participé à ce programme à une période où il voulait mettre fin à ses jours. Il a vécu une rencontre déterminante avec Dieu pendant l’une des sessions. Il est toujours en prison, mais aujourd’hui il consacre son temps à parler aux autres détenus de ce que Dieu a fait pour lui.

Quant aux familles de détenus, elles sont des milliers à bénéficier du soutien des ministères locaux dans les prisons, qui travaillent en partenariat avec les fonctionnaires du gouvernement, les Églises locales, les ONG, les écoles et les centres de santé. Ces organisations aident les familles à accéder à une formation professionnelle, aux soins de santé, à des services de conseil psychosocial, et à des groupes de soutien. Plusieurs organisations connaissent des exemples de familles qui, une fois leur propre vie stabilisée, ont tendu la main à d’autres membres démunis de la communauté.

Ce que vous pouvez faire

Bien qu’il soit tentant de laisser le gouvernement trouver des solutions, la criminalité touche en réalité l’ensemble de nos communautés, et les détenus sont nos prochains. En tant que chrétiens, Dieu nous appelle à nous « occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse » (Jacques 1:27), à nourrir et habiller les pauvres, à prendre soin des malades, et à rendre visite aux prisonniers (Matthieu 25:36). Les individus, les Églises et les communautés peuvent s’y prendre de différentes façons.

  • Agir : De nombreuses associations d’aide aux détenus ont besoin de bénévoles pour déployer leurs programmes et fournir des services. Les Églises en particulier peuvent jouer un rôle déterminant pour répondre à ces besoins en créant leur propre ministère ou en s’associant à des ministères existants.
  • Prier : La prière est l’un des moyens les plus puissants de prendre soin des détenus et de leur famille de manière constante. Envisagez d’organiser une journée ou une semaine de prière dans votre Église, une étude biblique ou un temps de prière en famille pour les détenus, les anciens détenus, leur famille, les victimes d’actes criminels, les fonctionnaires et le personnel pénitentiaire, et les ministères dans les prisons.
  • Mener un plaidoyer : Vous pouvez soutenir les réformes en matière de justice réparatrice dans les systèmes pénitentiaires, les écoles et sur les lieux de travail. Vous pouvez contribuer à sensibiliser les consciences au sujet des conditions de détention inacceptables et des problèmes auxquels les familles de détenus sont confrontées. Et vous pouvez soutenir les organisations qui travaillent activement dans le domaine de la justice pénale.

En prenant soin du cœur de toutes les personnes touchées par la criminalité et la détention, nous manifestons l’amour et la compassion de Jésus dans un monde déchiré et en souffrance.


Problème épineux

Question : Nous souhaitons accueillir un ancien détenu dans notre Église, mais comment faire pour ne pas mettre notre congrégation en danger ?

Réponse : L’Église a un rôle unique à jouer pour accueillir et manifester de l’amour aux anciens détenus. Mais ce processus peut présenter des problèmes pratiques qui doivent être soigneusement considérés.

Il est très important de protéger la congrégation, en particulier les enfants et les autres personnes vulnérables. Les Églises doivent formuler certaines politiques pour assurer la sécurité de leurs membres. Par exemple, un ancien détenu ayant commis une agression à caractère sexuel à l’égard d’un enfant ne doit jamais être invité à travailler avec des enfants ou à avoir des contacts non surveillés avec eux. Une enquête de moralité doit être effectuée pour toute personne qui souhaite travailler avec des enfants ou des adultes vulnérables. Le siège de votre dénomination dispose peut-être de certaines directives sur l’élaboration de politiques appropriées.

Les responsables de l’Église doivent conclure un accord avec l’ancien détenu au sujet des limites à respecter. Dans l’idéal, un mentor devra être choisi pour accompagner et encourager l’ancien détenu.

Les anciens détenus véritablement repentis doivent pouvoir comprendre que ces mesures sont mises en place pour la sécurité de la congrégation. L’Église peut jouer un rôle considérable en leur offrant un soutien et la possibilité de faire preuve de redevabilité.

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Rédigé par  Lindsay A Frederick

Lindsey A. Frederick is the Marketing and Communications Manager for Prison Fellowship International. For more information, or to learn how to get involved with your local Prison Fellowship ministry, visit or email Lindsey A. Frederick est directrice marketing et communications pour la Fraternité internationale des prisons. Pour plus d’informations, ou pour savoir comment participer au ministère local de la Fraternité internationale des prisons, allez sur www.pfi.org ou écrivez à [email protected]

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