Tout un éventail de stratégies ont été utilisées par différentes organisations pour encourager les gens à renoncer aux mutilations génitales féminines et à l’excision. Bien souvent, différentes stratégies sont combinées. Mais à quel point sont-elles efficaces ? Explorons quelques approches.
rites de passage alternatifs
Dans les groupes ethniques où les MGF/E font partie d’un rite de passage qui marque la transition des filles vers l’âge adulte, une approche qui s’est avérée efficace est celle des rites de passage alternatifs. Les rites de passage alternatifs remplacent la partie « excision » de la cérémonie par d’autres rituels. Ceux-ci respectent les traditions culturelles tout en supprimant l’excision.
Les rites de passage alternatifs ont néanmoins un impact limité, sauf lorsqu’ils s’accompagnent d’initiatives de sensibilisation qui mobilisent l’ensemble des membres de la communauté par le biais d’une réflexion collective et qui font évoluer leurs attentes. Le recours aux rites de passage alternatifs est également limité par la tendance qu’ont certaines communautés à exciser les filles à un plus jeune âge, avec moins de rituels.
programmes fondés sur les droits humains et le dialogue communautaire
Une approche fondée sur les droits reconnaît le fait que les MGF/E sont une violation des droits des femmes et des filles. Cette approche est parfois utilisée en complément d’autres stratégies pour lutter contre les MGF/E. Le processus se déroule comme suit :
- Les personnes qui gèrent le programme adoptent une approche dénuée de jugement, fondée sur les droits de la personne.
- Les facilitateurs se chargent de sensibiliser la communauté aux préjudices causés par les MGF/E.
- L’ensemble de la communauté prend la décision commune de renoncer aux MGF/E.
- La communauté annonce publiquement qu’elle renonce aux MGF/E.
- La nouvelle de la décision se répand aux communautés voisines.
- Pour qu’un changement se produise, il doit y avoir un environnement favorable, et notamment l’engagement des autorités.
Cette approche du dialogue communautaire, animée par un facilitateur, est fondée sur le principe de l’écoute et du questionnement entre les générations. Elle permet aux participants de réfléchir à leurs valeurs, coutumes, traditions et attentes et de se demander si, quand, comment et dans quelles conditions un changement doit être fait. En Éthiopie, cette approche porte le nom de « conversations communautaires » ; elle a été adoptée en 2004 par le gouvernement en tant qu’approche nationale pour mettre fin aux MGF/E.
Cette stratégie s’est révélée être une approche importante pour éliminer les MGF/E. Toutefois, dans les cas où les conversations communautaires ont eu lieu en dehors des communautés villageoises, les discussions n’ont pas permis de dégager le consensus nécessaire pour changer les normes sociales, car les participants n’ont pas adhéré à un sentiment de responsabilité partagé.
promouvoir l’éducation des filles pour lutter contre les mgf/e
L’éducation peut se révéler être la meilleure stratégie à long terme pour mettre fin aux MGF/E. De nombreuses ONG interviennent dans les écoles avec des programmes de sensibilisation aux droits de l’enfant et aux dangers des MGF/E. Dans certains groupes ethniques, il y a un lien étroit entre les MGF/E et le mariage précoce. Les filles sont excisées avant le mariage et arrêtent souvent l’école après l’excision. L’approche qui consiste à promouvoir l’éducation des filles les encourage à poursuivre leurs études, et dans certains cas, leur donne les moyens de s’opposer aux MGF/E.
sensibiliser les praticiens de mgf/e
On peut parfois convaincre les praticiens de MGF/E de cesser leur activité en les informant, en les sensibilisant, et en les aidant à trouver d’autres sources de revenu. Toutefois, cela ne change pas la convention sociale à l’origine de la demande pour leurs services. De tels efforts de sensibilisation ne sont utiles que s’ils s’accompagnent d’approches qui traitent le problème de la demande de MGF/E, mais à eux seuls, ils ne permettent pas de mettre un terme à ces pratiques.
sensibilisation aux conséquences préjudiciables
Informer les communautés et les individus des risques des MGF/E pour la santé est un aspect essentiel de la plupart des stratégies visant à encourager les gens à renoncer à ces pratiques. Dans les régions où les MGF/E sont courantes, il peut néanmoins s’avérer difficile de convaincre les gens des problèmes de santé que risquent les femmes. Les accouchements difficiles, suivis de longues périodes de rétablissement, souvent aggravés par les MGF/E, sont fréquemment considérés comme normaux. Les communautés ne savent donc pas toujours que les MGF/E contribuent à ces problèmes. C’est pourquoi il est essentiel de trouver des moyens de communiquer ces informations, quel que soit le contexte.
Par exemple, en Tanzanie, la question des lawalawa doit être au centre de toutes les tentatives d’éradication des MGF/E. « Lawalawa » est le nom régional donné à certaines maladies, que l’on pense, à tort, pouvoir être traitées ou évitées grâce aux MGF/E. C’est l’une des principales causes de MGF/E évoquées dans de nombreuses régions.
approche juridique
Cette approche consiste à faire pression sur le gouvernement pour qu’il adopte des lois contre les MGF/E, et à plaider pour que ces lois soient efficacement appliquées. L’approche juridique est plus efficace lorsqu’elle s’accompagne d’une sensibilisation et d’un dialogue communautaire.
Si les lois contre les MGF/E sont adoptées avant que les attitudes et les croyances de la société n’évoluent, ou si elles ne s’accompagnent pas du soutien social nécessaire, elles risquent d’avoir des effets négatifs. Elles risquent d’inciter les gens à pratiquer les MGF/E clandestinement ou à passer la frontière pour les pratiquer dans un pays voisin. Parfois, c’est la peur d’être punies par la loi qui peut empêcher les femmes d’aller se faire soigner en cas de complications.
influence des médias
Dans la plupart des pays africains, la radio est le média le plus utilisé par la majorité de la population. La radio peut être un outil important pour encourager les gens à renoncer aux MGF/E. Par exemple, au Mali, les stations de radio locales ont diffusé des messages de professionnels de la santé sur les complications médicales des MGF/E, ce qui a incité un plus grand nombre de femmes et de filles à aller se faire soigner. Autres stratégies
possibles : articles de journaux, affiches placardées, pièces de théâtre et musique. Les campagnes médiatiques mondiales, comme The Girl Generation, qui soutient le mouvement mené par l’Afrique pour mettre fin aux MGF/E, permettent également d’ouvrir une plate-forme pour les défenseurs locaux de la cause des femmes.