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La Santé Féminine dans le Sous-continent Indien

par Mridula Bandyopadhyay. L‘an 2000 approche rapidement et avec lui, face à nous, notre objectif: ‘La santé pour tous en l’an 2000’. Malgré tous les programmes et toutes les politiques qui visent à fournir des soins de santé primaire, la santé pour tous n’a pas été obtenue dans la plupart des pays en voie de développement dans le monde.

1994 Disponible en Anglais, Français et Espagnol

Des numéros du magazine Pas à Pas en français, espagnol, portugais et anglais, étalés sur un bureau en bois.

De : Evaluation – Pas à Pas 17

De bons conseils pour planifier, suivre et évaluer des projets

par Mridula Bandyopadhyay.

L‘an 2000 approche rapidement et avec lui, face à nous, notre objectif: ‘La santé pour tous en l’an 2000’. Malgré tous les programmes et toutes les politiques qui visent à fournir des soins de santé primaire, la santé pour tous n’a pas été obtenue dans la plupart des pays en voie de développement dans le monde.

Les femmes des pays en voie de développement souffrent souvent d’une mauvaise santé, mais elles ont tendance à moins utiliser les services sanitaires que les hommes. Elles sont affectées par différents facteurs sociaux et culturels qui diminuent leurs chances de profiter des soins de santé.

L’espérance de vie

On sait qu’avant la naissance, un foetus féminin a une chance de survie plus élevée qu’un foetus masculin. On s’attendrait donc à ce que cet avantage se perpétue après la naissance. Cependant, dans de nombreux pays en voie de développement, il y a une grande différence entre l’espérance de vie des hommes et celle des femmes. Dans des pays comme l’Inde, le Népal, le Bangladesh et certaines parties du Moyen Orient, les hommes ont une espérance de vie beaucoup plus élevée. Dans ces pays, beaucoup plus d’enfants de sexe féminin meurent dans les premières années de leur vie. En Inde par exemple, 23% des filles contre seulement 19% des garçons meurent avant l’âge de 5 ans. Bien que les filles commencent avec un avantage génétique de survie sur les garçons, certains facteurs culturels et sociaux le leur font bien vite perdre.

Croissance et travail

Dès la naissance, on donne la préférence aux garçons, même à l’heure de la tétée. Au Punjab par exemple, les petits garçons sont nourris au sein plus longtemps et on leur donne plus à manger une fois sevrés. Culturellement les garçons et les hommes de la famille mangent les premiers, et ce qui reste sera pour les femmes et les filles. Il ne reste souvent pas assez de nourriture, et elle est généralement d’une valeur nutritionnelle moindre. Cette nutrition insuffisante affecte la croissance des filles: elles sont moins grandes et leur bassin est plus petit. Ceci a pour conséquence la naissance de bébés menus qui auront probablement plus de mal à survivre aux maladies infectieuses infantiles; le fait que le bassin est petit cause également des problèmes lors de l’accouchement.

En plus de cette distribution inégale de nourriture, le dur travail que font les femmes indiennes affecte sérieusement leur santé. En même temps qu’un travail manuel rémunéré, de nombreuses femmes passent aussi des heures à transporter du bois et de l’eau, quotidiennement. Ce sont elles qui s’occupent des enfants, qui préparent les repas et tiennent la maison. Dès l’âge de sept ans, les petites filles travaillent aux côtés de leur mère, alors qu’on ne demande rien aux garçons. Ces tâches sont considérées comme uniquement celles des femmes - même si leur grossesse est très avancée. La nutrition insuffisante et négligée des filles crée un cercle vicieux de mauvaise santé de la population avec une forte mortalité infantile (bébés et enfants).

Usage des services sanitaires

Il y a d’importantes différences dans la façon dont les hommes et les femmes se servent des services sanitaires. La tradition culturelle fait que les femmes n’ont pas le droit de voyager seules. Donc, une visite au centre de santé ou à l’hôpital exige qu’un parent de sexe masculin prenne le temps, sur son travail, pour accompagner femmes ou enfants au dispensaire. La tradition culturelle veut aussi que les fils héritent de la terre et soient responsables de s’occuper de leurs parents âgés. Les filles devront être dotées, et on les considère donc de moindre valeur. Il y a donc, à l’hôpital, des taux d’admissions féminines plus bas. Le traitement pour les femmes est généralement celui d’une maladie à un stade très avancé de son évolution, lorsqu’il est souvent trop tard pour faire quoi que ce soit, comme dans les cas par exemple de pneumonie, tuberculose ou gastro-entérite.

Mortalité maternelle

La mortalité maternelle en Inde doit être une des plus élevée du monde. Les facteurs sociaux, culturels et de santé en général sont beaucoup plus importants que la vraie cause médicale de la mort des mères de familles.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les femmes de l’Inde rurale ne cherchent pas à se faire suivre durant leur grossesse et leur accouchement. La distance qui les sépare du dispensaire le plus proche est peut-être trop grande. La croyance générale veut que la naissance soit un processus naturel et que rien ne puisse donc aller mal. Leurs parents n’ont pas reçu de soins de santé et donc le besoin d’en recevoir n’est pas ressenti. On associe les hôpitaux à la maladie et à la mort. L’idée qu’un médecin masculin puisse s’occuper de vous est souvent inacceptable. Le manque de compassion et de compréhension du personnel par rapport aux pratiques culturelles autour de la naissance - tels que certains rites, mets spéciaux et tabous - est une autre raison qui empêche les femmes de demander des soins médicaux.

Pour que les services sanitaires marchent bien, les femmes doivent s’en servir. Se faire suivre avant la naissance (pour détecter les complications possibles), pendant la grossesse et après l’accouchement est particulièrement important si l’on veut réduire le risque de mortalité maternelle. D’autres pratiques ont aussi un effet important. L’avortement clandestin et les pratiques traditionnelles qui peuvent causer du mal augmentent aussi le taux de mortalité maternelle dans les pays en voie de développement.

Les naissances à la maison

Les accouchements à la maison sont généralement surveillés par des accoucheuses traditionnelles - appellées ‘Dais’ - qui n’ont que peu de connaissances des notions modernes de santé et d’hygiène. Couteaux de cuisine et lames sont utilisés pour couper le cordon ombilical. Les couteaux ne sont généralement pas stérilisés et donc le risque d’infection est élevé. Tout de suite après la naissance, la mère et l’enfant sont habituellement rélégués dans un recoin de la maison, loin de la cuisine et dépourvu de toute source de lumière. La mère est maintenant rituellement impure pour une période de 40 jours ou plus dans certaines communautés. Elle ne fait aucune des tâches ménagères habituelles et ne parle à aucun des membres de la famille. De tels recoins sont souvent sombres, poussiéreux et sales, exposant ainsi la mère et l’enfant à de nombreux risques d’infection.

Il y a des traditions très strictes concernant la nourriture avant et après l’accouchement. Il est courant pour les femmes de manger moins lorsqu’elles sont enceintes pour que le bébé soit plus petit et donc moins difficile à mettre au monde. Après la naissance, les pratiques culturelles font souvent que la mère a un régime très restrictif qui manque de légumes et de protéines. Par exemple, au Bengale de l’ouest la mère n’a droit qu’à du riz à l’eau pendant 21 jours après l’accouchement.

On continue à nourrir les bébés au sein pendant très longtemps, sans les sevrer à l’aide de nourritures spéciales et sans améliorer la nutrition de la mère. Ceci conduit souvent à la malnutrition de la mère et de l’enfant.

Médecine urbaine

Les programmes de santé de l’Inde ont une forte tendance à soutenir les hôpitaux principaux des centres urbains et le personnel médical qui préfère généralement la technologie de pointe, la médecine curative et le style de vie citadin. Par contre, les femmes pauvres qui vivent en milieu rural n’ont souvent pas accès aux soins de santé et ont souvent peu de connaissance en matière de soins et de moyens de se soigner.

Il est nécessaire de mieux répartir les postes de santé dans le pays, de manière à ce qu’ils soient accessibles facilement par chacun. On doit enseigner au personnel de santé à être plus tolérant et plus respectueux des croyances et pratiques culturelles, ainsi qu’à faire preuve de plus de courtoisie envers leurs patients. Les taux élevés de mortalité chez les nouveaux-nés, les enfants et les mères pourraient facilement être abaissés par des mesures sanitaires publiques.

Mais le facteur le plus important est l’éducation des femmes. Il y a un lien important entre l’éducation d’une femme et son statut, qui lui permet de prendre des décisions concernant sa santé et celle de sa famille. Cela lui donne aussi la chance d’avoir un emploi rémunéré qui retarde le mariage, réduisant ainsi sa fertilité et conduisant finalement à une réduction de la mortalité maternelle.

Mridula Bandyopadhyay prépare actuellement un doctorat au City Polytechnic de Hong Kong, 83 Tat Chee Avenue, Kowloon Tong, Kowloon, Hong Kong. Elle a travaillé dans des projets de recherche et du développement des femmes en Inde, en Corée du Sud, aux Philippines et au Japon.

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