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Travailler avec les nomades touaregs au Niger

Ian et Jenny Hall. Le travail de JEMED (Jeunes En Mission Et Développement) à Abalak au Niger, suit une approche holistique de développement. Ce groupe démontre sa foi chrétienne en aidant à satisfaire les besoins physiques sociaux et spirituels de la communauté.

2003 Disponible en Anglais, Français, Espagnol et Portugais

Photo : Isabel Carter

De : Communautes en evolution – Pas à Pas 53

Quel doit être le rôle de l’Église dans le développement ?

Ian et Jenny Hall.

Le travail de JEMED (Jeunes En Mission Et Développement) à Abalak au Niger, suit une approche holistique de développement. Ce groupe démontre sa foi chrétienne en aidant à satisfaire les besoins physiques sociaux et spirituels de la communauté.

JEMED travaille à Abalak depuis 1990. Le témoignage du personnel de projet dans un environnement difficile et même pendant la guerre civile, a établi une confiance et un respect qui commencent maintenant à donner des résultats dans une culture très traditionnelle. L’église est très petite mais elle grandit.

Encourager la permanence 

Dans n’importe quelle région, notre première action est toujours de creuser ou de réparer un puits pour avoir une source d’eau fiable. Ceci encourage un groupe de familles (jusqu’à 150) à rester dans un rayon de 16 km pendant neuf mois chaque année. Sans ce degré de permanence, il serait impossible de localiser ces bergers nomades assez souvent pour maintenir avec eux un bon développement communautaire.

Les gens commencent maintenant à se rendre compte qu’ils peuvent réaliser bien plus en travaillant ensemble qu’en maintenant leur isolation traditionnelle. Nous voyons même des gens construire des maisons de briques de boue et créer des villages, pour la première fois, sur d’anciens sites. Ceci permet d’avoir un lieu où les personnes âgées et les malades peuvent rester tandis que la majorité voyage avec ses animaux, pratiquant sa traditionnelle transhumance pendant la saison des pluies. Deux écoles primaries touaregs ont aussi été construites sur les sites de ces petits villages.

Prévoir à l’avance 

Un programme de prêts d’animaux permet aux Touaregs de reconstituer leur cheptel perdu au cours de deux périodes de grosses sècheresses dans les années 70 puis 80, ce qui les avait conduits à une pauvreté absolue. Ils gardent les animaux pendant cinq ans environ et conservent les nouveaux-nés. Ils remboursent ensuite leur prêt, en donnant les animaux au groupe suivant de bénéficiaires, sur le même site. On s’assure ainsi du remboursement et le prêt initial continue à servir aux plus pauvres de la région d’une façon viable. En plus du bénéfice évident que constituent le lait et la viande (que l’on peut vendre pour acheter du grain), ce programme de prêts contribue à rendre sa dignité à un peuple très fier qui dépend presque totalement de son bétail.

Banques de grains Celles-ci ont été cons-truites sur la plupart de ces sites. Pendant la saison chaude, le prix du grain double et les pauvres ne peuvent souvent pas se permettre d’en acheter. JEMED achète du millet juste après la récolte quand les prix sont bas et le stocke jusqu’à la saison chaude. En plus de l’offre pratique du grain à bas prix, JEMED a réussi à introduire l’idée de prévoir à l’avance.

L’agriculture est étrangère au style de vie d’un nomade. Pourtant, les gens qui sont restés sur les sites pendant la saison des pluies ont essayé et en partie réussi à faire pousser des récoltes comme du millet et du sorgho. Des monticules ou des murs bas en pierre sur les lignes de contour ont aidé à retenir l’eau dans le sol. Des plaines qui avaient cessé de fournir des pâturages recommencent à être fertiles. Des zones où le blé sauvage poussait naturellement ont été clôturées. Cette mesure protège la récolte pour les gens locaux et empêche les animaux itinérants de la manger. Des arbres ont été plantés et les gens locaux s’en occupent. C’est une autre activité à long terme qui atteste d’un réel progrès dans le comportement et les vues nouvelles des gens.

Toutes ces techniques ont des avantages pratiques. Elles donnent aussi un sentiment de réussite lorsque les gens voient leurs efforts communs changer leur cadre de vie de façon positive.

Education pour tous 

L’éducation a toujours été importante dans notre travail. Nous sommes réellement heureux du succès des écoles primaires et savons que cet investissement à long terme aidera les générations futures à avoir une vue plus large du monde. Après une opposition considérable au début, des cours d’alphabétisation pour les adultes, en langue tamahek, ont été organisés sur la plupart des sites. Chaque année, le pro-gramme national d’alphabétisation est enseigné à des hommes et des femmes. Nous constatons une amélioration année après année.

Il faut maintenant que nous allions au-delà de ce que fournit l’état. Il faut de nouvelles ressources pour que les femmes et les hommes puissent continuer à lire toute l’année. Les femmes du village de Mini-Mini ont été les premières à demander des cours d’alphabétisation en français pour celles qui avaient atteint le niveau maximum en langue tamahek et désiraient apprendre quelque chose de nouveau. Voi l à qui est merveilleux et nous louons Dieu de ce changement si positif.

Accès aux soins 

Les services de santé nationaux sont assez bons. Pourtant, les gens les plus pauvres n’ont pas les moyens de payer le transport qui les conduirait là où on pourrait les soigner. Chaque année des hommes, des femmes et des enfants meurent du paludisme (malaria), d’infections pulmonaires et de diarrhée par manque de traitements de première nécessité abordables. JEMED a donc démarré un programme de soins durable.

Nous menons des campagnes d’éducation de santé de tente en tente, aidant les gens à comprendre qu’il y a des moyens d’aider les enfants malades. Nous avons mainte-nant des hommes et des femmes formés pour reconnaître et soigner les maladies les plus communes. Ils vendent les médicaments, qu’ils transportent dans une mallette, à prix coutant afin de pouvoir renouveler leur stock d’une façon durable.

Dans les deux dernières années, il y a eu très peu de morts dues aux diarrhées et au paludisme. Les femmes peuvent aussi obtenir un traitement contre l’anémie (manque de fer) qui est très commune. Ainsi, des femmes qui étaient stériles par manque de fer et d’acide folique ont pu avoir un bébé.

L’impact physique et social de tout cela est merveilleux. Le message spirituel qui accompagne ce travail est : « Fait au nom de Jésus ». Les gens ont appris à faire confiance en quelque chose (la médecine) qu’ils auraient auparavant rejeté avec suspicion.

JEMED est convaincu que les changements holistiques chrétiens dans nos communautés correspondent à l’alliance donné au peuple de Dieu par l’intermédiaire d’Abraham pour bénir les nations de la terre (Genèse 12:2-3). Si nous sommes témoins en plus d’une récolte spirituelle alors que nous accomplissons le travail, c’est encore mieux.

Ian et Jenny Hall ont travaillé au Niger avec JEMED et Tearfund pendant deux ans. Ils sont maintenant à Nottingham au Royaume-Uni mais espèrent retourner un jour en Afrique Occidentale avec Tearfund. 

Pousser les gens à s’aider eux-mêmes

La relation de confiance qui s’est établie au cours des nombreuses années est vitale. D’autres projets peuvent peut-être introduire les mêmes activités et ne pas réussir. Le développement réussit mieux lorsqu’on défie les opinions que les gens ont du monde. C’est alors seulement qu’ils comprendront que ce qu’ils font est pour eux. Souvent, dans les premières phases, les gens feront les nouvelles choses qu’on leur demande s’ils en tirent un profit quelconque. En fait, ils ne font que travailler pour le programme.

Nous utilisons le mot animation pour décrire le long processus qui aide les gens à comprendre comment une activité nouvelle quelle qu’elle soit, les aidera ainsi que leur famille d’une façon durable. Toutes nos activités au sein d’un projet ont pour but commun de changer les opinions que les gens se font du monde (l’ouverture d’esprit par des idées nouvelles) mais aussi d’être viables pour satisfaire les besoins de la communauté. Pour encourager le sentiment d’appartenance, ces besoins sont toujours identifiés par la communauté elle-même. Chaque communauté élit un comité de gestion qui apprend aussi les savoir-faire nécessaires pour résoudre les problèmes lors de leur soutien au travail de développement. Notre désir suprême est de faire découvrir aux gens qu’ils ont le pouvoir de changer les choses.

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