Arline Poubel e Silva et Suzy da Silva Cyrillo.
Dans la plupart des cultures, le problème de la violence reste caché dans les familles. Cela veut dire qu’on ne sait pas grand chose du niveau de violence qui affecte ces familles en question. Les mauvais traitements au sein des familles sont de plus en plus souvent signalés aux services de santé mais sont rarement à l’ordre du jour des programmes communautaires de santé et d’éducation. Dans la majorité des cas, ces violences ne sont même pas dénoncées. Cela veut dire que ceux qui les commettent ne sont pas confrontés à leurs actions. Beaucoup d’entre eux ne se rendent même pas compte qu’ils ont commis un délit.
Si l’on prend le cas des Etats-Unis au début des années 90, on a enregistré 1,5 million de cas de mauvais traitements contre des enfants et des adolescents, générant 1 000 décès chaque année. On estime que le véritable nombre de cas est vingt fois plus élevé. Dans de nombreux pays en voie de développement, on dénonce rarement les problèmes de violence domestique.
Le terme violence domestique est utilisé pour décrire la violence quelle qu’elle soit ou la négligence au sein de la famille. Les victimes peuvent souffrir de toutes sortes de problèmes physiques et mentaux, comprenant le stress, des problèmes de sommeil, le retour mental au moment traumatique, l’agression, l’isolation sociale, un comportement auto-destructif, la dépression et des phobies. Certaines personnes peuvent même se suicider.
La pauvreté et le manque d’éducation peuvent accroître le niveau de violence domestique. D’autres facteurs sociaux, familiaux, individuels ou communautaires peuvent aussi avoir une influence. Cependant, l’abus de pouvoir sur des membres sans défense de la famille est toujours présent. Les femmes, les adolescents, les enfants et les personnes souffrant d’un handicap sont les victimes les plus fréquentes.
Définition du terme mauvais traitement
Les mauvais traitements physiques impliquent l’utilisation intentionnelle de la force physique ayant pour but de faire mal. Parfois, les mauvais traitements conduisent à la mort. Les bébés risquent d’être secoués violemment, généralement par un adulte voulant les faire taire. Ces secousses peuvent causer des dommages cérébraux, parfois mortels.
Les abus sexuels sur les enfants représentent des situations où l’enfant ou l’adolescent est utilisé pour le plaisir sexuel soit par un adulte soit par un enfant plus âgé. L’abus peut comprendre attouchements, exploration sexuelle, forcer l’enfant à regarder des scènes pornographiques ou un acte sexuel avec ou sans violence.
Cet abus se base sur une relation de force mais la violence n’est pas toujours présente. Parfois la participation de l’enfant est obtenue par différents stratagèmes :
- des jeux conduisant au contact sexuel
- des bonbons ou des cadeaux pour « acheter » l’enfant
- des menaces subtiles, en déclarant à l’enfant que s’il ne se laisse pas faire, on ne l’aimera plus
- des secrets à deux, où l’on dit aux petits enfants qu’ils sont des amis « très spéciaux »
- la force physique n’est généralement utilisée que lorsques les autres stratégies ne donnent pas de résultats.
Les abus sexuels causent des dommages physiques, psychologiques et sociaux même si certaines victimes ne montrent aucun signe visible de ce qu’elles ont vécu. La victime peut souffrir tout le reste de sa vie si les effets des abus ne sont pas traités de façon adéquate.
Problèmes émotionnels Bien que générale-ment moins sévère que les abus physiques ou sexuels, les gens peuvent aussi souffrir de dommages émotionnels. Les membres de la famille ne se rendent pas toujours compte qu’ils blessent l’enfant de cette manière. Voici des types de comportements qui peuvent causer des dommages à long terme chez l’enfant, détruire sa confiance en lui-même et son bien-être :
- quand un enfant ne reçoit pas de soutien émotionnel à travers un contact physique affectueux, des mots gentils, des encouragements et un intérêt soutenu
- quand un enfant est sans cesse contredit ou critiqué, ses vues ignorées, ses actions rejetées
- quand on attend bien trop de lui, à l’école ou au travail par exemple, alors que l’enfant ne peut réellement pas faire mieux
- quand une protection ou une hygiène excessive exigent de l’enfant qu’il se dépasse totalement.
Peu de recherches ont été faites dans ce domaine et on ne le comprend pas encore suffisamment. Ce type de problème est d’ailleurs souvent lié à d’autres types d’abus. Les victimes sont essentiellement des enfants et des femmes mais aussi des personnes âgées.
Aider les victimes
Idéalement, les cas de violence domestique devraient être traités par des professionnels car une aide inappropriée risque d’aggraver la situation. Cependant, si ce n’est pas possible, des amis capables d’écouter et d’offrir leur soutien peuvent aider. Témoigner des violences subies peut être préjudiciable à la victime donc là encore une aide appropriée est recommandée pour minimiser les dégâts. Plus on identifie et attaque rapidement les mauvais traitements, plus on a de chances d’éviter d’autres violences mais aussi de traiter les gens violents avec succès.
Comment les non-professionnels peuvent-ils aider ?
Au début, il est important d’écouter attentivement la victime et de la croire. Accompagnez-la à un bureau officiel pour dénoncer ce qui s’est passé et rechercher une aide professionnelle. En général, les victimes ont peur de demander de l’aide mais avec le soutien d’une personne proche, elles pourraient surmonter leur peur.
Ne demandez jamais à la victime d’ignorer ou d’oublier ce qui s’est passé. Vous ne devriez pas demander aux victimes de violences de pardonner simplement à leur agresseur, surtout si la violence continue. La question du pardon se pose entre une personne et Dieu. La victime, au contraire, doit être crue et libre de parler ouvertement. La honte et la culpabilité sont les sentiments les plus communs ressentis par les victimes de violence domestique. Elles pensent que personne ne peut les comprendre. Ne laissez jamais sentir à une victime que vous pensez que c’est de sa faute si elle a été maltraitée.
Les adultes désireux de protéger les enfants et les adolescents devraient être attentifs au moindre signe de violence et offrir leur aide. Encouragez les victimes à demander de l’aide et à parler à quelqu’un à qui elles peuvent faire confiance pour raconter ce qui s’est passé. Dans de nombreux cas, les enfants ont trop peur de demander de l’aide.
Si vous soupçonnez des mauvais traitements, n’ignorez pas la situation. Pour le bien de la victime, agissez, enquêtez ou demandez de l’aide.
Arline Poubel e Silva est psychologue et spécialiste régionale de Tearfund pour le Brésil et la Pointe méridionale. Email : [email protected] Suzy da Silva Cyrillo est psychologue et conseillère de Tearfund. Email : [email protected]
Suggestions pour les victimes
Voici quelques suggestions concernant la sécurité et la protection :
- Soyez sur vos gardes en cas de violence et préparez un plan d’action. Par exemple, courez vers un coin de la pièce, accroupissez-vous et protégez-vous la tête et le visage en les couvrant de vos bras et mains.
- Ne courez pas vers les enfants car eux aussi pourraient recevoir des coups.
- Evitez de fuir sans vos enfants. Ils pourraient être utilisés comme moyen de chantage émotionnel.
- Apprenez à vos enfants à demander de l’aide et à quitter les lieux en cas de violence.
- Evitez de vous retrouver seule avec la personne violente dans des endroits comme la cuisine ou la salle de bains. Elles représentent des espaces restreints où se trouvent des couteaux et des surfaces ou des objets dangereux.
- Evitez les endroits où il y a des armes et n’essayez pas d’en utiliser une pour menacer l’agresseur. Il pourrait l’utiliser contre vous.
- Conservez toujours sur vous les détails (numéros de téléphone en particulier) des endroits où vous pouvez demander de l’aide.
- Recherchez s’il y a près de chez vous, des endroits sûrs où vous pourriez vous réfugier en cas de violence, jusqu’au moment où vous pourriez obtenir de l’aide.
- Préparez un sac de vêtements et autres objets de première nécessité pour vous et vos enfants. Laissez-le chez une voisine ou chez une amie pour l’avoir sous la main si vous êtes obligée d’abandonner votre maison.
- Gardez des copies de vos documents importants dans un lieu sûr, en dehors de chez vous.
- Parlez de la situation à quelqu’un à qui vous faites confiance et mettez-vous d’accord sur des signes discrets qui lui feront savoir si vous êtes en danger.
- Si vous êtes blessée, allez à l’hôpital ou au dispensaire. Si vous cachez le fait que vous êtes victime de violence, personne ne peut vous aider.
- Demandez de l’aide. Vous n’êtes pas seule et il y a des gens qui peuvent vous aider.