Elizabeth Bates, Nigel Bruce, Alison Doig et Stephen Gitonga.
Près de 80% de la population de l’Afrique sub-saharienne se sert de bois, d’excréments d’animaux et de déchets de récoltes en tant qu’énergie domestique. La fumée dégagée par ces combustibles à l’intérieur des foyers peut résulter dans une augmentation de sérieux problèmes de santé comme la pneumonie et les maladies des poumons. Ce phénomène touche tout particulièrement les femmes et les jeunes enfants qui passent beaucoup de temps dans la cuisine.
Au Kenya, les membres de l’ITDG (Intermediate Technology Development Group : groupe de technologie de développement intermédiaire) ont effectué un projet sur la Fumée et la santé. En travaillant avec 50 foyers ruraux dans deux communautés, ils ont essayé tous ensemble de réduire la pollution de l’air dans les habitations.
Les membres du personnel sur le terrain ont commencé par discuter de ce projet auprès des groupes de femmes et leur ont expliqué ce qu’ils espéraient réaliser. Ils n’ont pas manqué de personnes désireuses de participer au projet.
Evaluation de base
Le personnel a tout d’abord effectué une évaluation de base pour pouvoir mesurer les impacts du projet avec un questionnaire destiné à chaque foyer. Il a permis de recueillir des informations comme la taille de la famille, la manière de cuisiner et de s’éclairer, les plans et la structure de l’habitation, le temps passé et les activités réalisées dans la cuisine, pour finir, la santé de la famille.
Les niveaux de pollution dans la cuisine ont été mesurés. Dans certaines cuisines, le niveau des particules dans l’air qui sont nuisibles aux poumons était 100 fois supérieur au niveau acceptable.
Groupes à thèmes dirigés
Les participants ont identifié les problèmes suivants comme associés avec la pollution à l’intérieur des foyers :
- yeux irrités, larmoyants
- infections des voies respiratoires
- infections des oreilles
- essoufflement, douleurs dans la poitrine et difficultés à respirer
- maux de tête fréquents
- vêtements tâchés.
Les participants ont fait la liste de certains avantages de la fumée comme le séchage du bois de combustible, la répulsion des insectes et la préservation des céréales.
Le groupe a aussi identifié trois manières principales d’améliorer la situation :
- améliorer les mouvements d’air en élargissant la taille des fenêtres ou en ouvrant des espaces sous les avant-toits (entre les murs et le toit).
- installer une hotte au-dessus de l’endroit où l’on cuisine
- installer des fourneaux améliorés.
Dans l’une des communautés, les maris étaient impliqués dans la conversation. Ceci était important car ce sont eux qui sont généralement en charge des constructions des maisons et de leur intérieur.
Interventions
On a utilisé des groupes de discussion et des visites dans chaque foyer pour identifier la position des fenêtres, des espaces sous les avant-toits et des hottes. Des modèles de hotte ont été réalisés en papier et vérifiés par des constructeurs locaux qui avaient une expérience dans les techniques locales de fabrication ou avaient suivi une formation au sein du projet.
Une fois que ces améliorations ont été mises en place, on a formé les familles pour qu’elles sachent les utiliser et les entretenir. Ceci a été essentiellement réalisé au travers des groupes de femmes. On a insisté, par exemple, sur l’importance d’ouvrir les fenêtres si l’on voulait qu’elles soient efficaces.
Les résultats
Augmenter l’espace sous les avant-toits s’est révélé très efficace dans l’une des communautés. Malheureusement, dans l’autre communauté, à cause des différences dans la conception des habitations, cette idée n’a pas pu être réalisée.
L’utilisation des fenêtres ne s’est pas avérée très efficace pour réduire la fumée dans les foyers mais ouvrir les fenêtres améliore la combustion du feu. Les fenêtres ont apporté d’autres avantages qui ont amélioré la qualité de vie.
Les familles qui ont commencé à utiliser des fourneaux améliorés n’ont pas vu beaucoup de différence dans le niveau de pollution mais elles ont connu d’autres avantages : la réduction du combustible à utiliser, une diminution du temps de cuisson, une sécurité améliorée et une utilisation plus facile.
Les membres de la communauté ont déclaré que le résultat des améliorations se traduisait par une réduction de la fumée nettement plus importante que ce qu’ils avaient espéré. On a trouvé que l’introduction des hottes avait réduit de 75% le niveau des particules dangereuses dans l’air.
On a découvert quelques problèmes. En voici quelques-uns :
PROBLEMES TECHNIQUES Les fenêtres, par exemple, ont rendu les cuisines plus froides et sujettes aux courants d’air. Les lampes à mèche s’éteignent facilement les jours de grand vent. Les chats et la poussière entrent par les fenêtres. On peut utiliser des moustiquaires sur les fenêtres pour éviter que les chats ne rentrent par là.
FACTEURS SOCIAUX Certaines personnes se faisaient du souci car elles avaient peur que les voleurs et les bandits puissent voir à l’intérieur des habitations. En ce cas, les volets se sont avérés efficaces. Les hottes ont rendu plus difficile de se pencher sur les marmites pendant la cuisson.
PROBLEMES ECONOMIQUES Le coût des hottes est nettement supérieur à ce que la plupart des foyers peuvent se permettre de dépenser. Mais, on peut en réduire le coût en les réalisant à partir de métal de récupération au lieu d’en acheter du neuf. On peut aussi réaliser certaines parties des hottes à partir d’argile et d’autres matériels.
Le projet a eu un impact positif sur la vie des entrepreneurs locaux qui ont été formés pour le projet. Ils ont bénéficié des commandes de hottes. Les voisins des femmes impliquées dans le projet ont le sentiment qu’un plus grand groupe devrait être ciblé afin de répondre aux besoins de la communauté.
ITDG travaille maintenant sur des projets similaires avec des communautés dans les régions urbaines du Kenya, dans une haute région froide du Népal et avec des personnes déplacées au Soudan.
Elizabeth Bates et Alison Doig travaillent toutes les deux pour ITDG UK, Stephen Gitonga travaille pour ITDG Kenya et Nigel Bruce travaille dans le Service de la santé publique à l’université de Liverpool, au Royaume-Uni. Pour de plus amples détails sur ce projet : Email : [email protected] ITDG, Bourton Hall, Bourton-on-Dunsmore, Rugby, CV23 9QZ, Royaume-Uni