Le gouvernement du Kenya a fait de l’éducation une priorité car il la voit comme une manière d’encourager la transformation sociale et culturelle sur des sujets comme la pauvreté, les maladies, le mariage des enfants, la corruption et l’analphabétisme.
En janvier 2003, le gouvernement a annoncé l’introduction d’une éducation primaire gratuite. Ceci a engendré l’inscription de près d’un million de nouveaux élèves dans les écoles primaires. Dans beaucoup d’écoles, le nombre d’élèves a augmenté jusqu’à 25%, d’où une forte pression sur le Ministère de l’éducation. Les classes trop pleines et les enseignants mal-formés entrainaient le départ précoce de nombreux élèves. Un défi majeur a été d’accroître rapidement le nombre d’enseignants formés.
On a mis au point un programme de renforcement du pouvoir des écoles afin de former 200.000 enseignants du primaire. Il s’agit d’un programme d’apprentissage à distance qui forme les enseignants pendant qu’ils travaillent. Il est basé sur la technologie de l’information comme les vidéocassettes, les cassettes audio et les émissions radio, en plus des documents écrits. En 2004, on a réalisé une enquête dans huit régions du Kenya, sur les attitudes des enseignants face à la technologie de l’information et de la communication. Ceci a prouvé le potentiel d’utiliser les téléphones portables et les SMS comme éléments du processus d’apprentissage. SMS est un système pour envoyer par téléphone portable des messages sous forme de courts textes.
Les avantages d’utiliser SMS au Kenya sont évidents
Les méthodes conventionnelles pour partager les informations sont limitées à cause de :
- mauvais services postaux et routes
- régions rurales isolées
- mauvais réseaux de téléphone fixe
- mauvais accès à l’électricité nationale
- peu ou pas d’accès à l’internet en dehors d’une ou deux grandes villes
- peu d’ordinateurs modernes et peu ou pas d’expertise dans leur utilisation, surtout dans les villages et régions rurales.
SMS présente d’énormes avantages :
- de bons réseaux de téléphones portables
- le potentiel d’utiliser l’énergie solaire pour recharger les téléphones portables
- le grand nombre de personnes possédant un portable et l’importante fréquence de son utilisation.
Les enseignants ont montré un intérêt et un accord pour utiliser SMS afin d’apprendre. SMS est solidement implanté dans le partage des informations. Cependant, l’utiliser pour soutenir l’enseignement et l’apprentissage à base de discussions est plus intéressant et problématique. Dans ce programme de formation des enseignants, on utilise SMS pour fournir :
- les matériels pour guider les études et un soutien hebdomadaire, soulignant les sujets importants sur lesquels se concentrer
- des idées, conseils, lignes directrices, listes, résumés, révisions
- des rappels sur de futures évaluations, missions ou réunions
- des discussions sous forme de retours d’information, de questions et de réponses
- un soutien et un encouragement
- des messages urgents concernant des erreurs, des annulations et des changements.
Le système est gratuit pour les enseignants agréés utilisant un code individuel d’identité. Au niveau local, des groupes d’étude de participants inscrits peuvent utiliser le système pour discuter de leur travail et s’encourager mutuellement.
A la fin des essais, les résultats techniques et structurels du système ont été impressionnants. 8.000 enseignants ont participé aux essais. Près de 85% étaient des utilisateurs actifs et plus de 250.000 messages SMS ont été envoyés jusqu’à présent.
John Traxler est Conférencier en Technologie mobile pour l’e-apprentissage à l’école d’informatique et des TI de l’université de Wolverhampton. Il recherche des manières d’utiliser les technologies innovatrices pour soutenir un apprentissage durable en Afrique.
Il est co-rédacteur (Kukulska-Hulme A and Traxler J, Eds 2005 Mobile Learning: A Handbook for Educators and Trainers, Routledge, Londres) et co-auteur de Commonwealth of Learning guidance on Mobile Learning in Developing Countries. Email : [email protected]
Les téléphones portables et les OMD
Objectifs du Millénaire pour le Développement
Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement (commerce/ aide/dette).
Cible 18 : En coopération avec le secteur privé, mettre à disposition les avantages des nouvelles technologies, surtout pour l’information et les communications.
Indicateur 47 : le pourcentage des abonnés au téléphone fixe et portable.
- Les pays ayant le plus petit nombre de lignes de téléphone fixe sont la RDC et le Tchad (1 pour 1.000 personnes).
- La moyenne pour l’Afrique sub-saharienne est de dix lignes de téléphone fixe et 74 portables pour 1.000 personnes.
- Dans 44 des 48 pays de l’Afrique subsaharienne, il y a plus de portables que de lignes de téléphone fixe par 1.000 personnes.
Source : Statistiques de la Banque mondiale, octobre 2006
Des portables pour sauver des vies
A Orissa, en Inde, peu de gens ont un téléphone fixe. Soit les lignes de téléphone fixe ne sont jamais arrivées dans les zones rurales de cette région, soit elles ont été détruites par les terroristes. Cependant, il est courant de voir des gens utiliser des portables. TREAD (Trinity Rural Educational Association for Development), une organisation locale, a eu la vision de mettre au point dans les zones rurales, des soins de santé à partir de cette nouvelle technologie.
Dans les zones isolées, nombre de personnes meurent inutilement car elles ne peuvent pas accéder aux soins médicaux. La vision de TREAD est que chaque village de cette zone dispose d’une personne formée en soins de base et dotée d’un portable. Elle pourrait traiter nombre de problèmes courants sur la santé et fournir une éducation sur l’hygiène au village. Pour une urgence compliquée, elle pourrait téléphoner au centre médical le plus proche et faire venir une ambulance tout de suite, pour apporter des médicaments essentiels ou ramener le(la) malade au centre.
On pourrait sauver de nombreuses vies grâce à cette technologie.