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Articles

Promouvoir des marchés efficaces

2009 Disponible en Anglais, Français, Portugais et Espagnol

Photo: Gyanu Kumar Shakya/Share and Care Nepal

De : Sécurité alimentaire – Pas à Pas 77

Outils et idées pour améliorer la sécurité alimentaire

Ces deux dernières décennies, l’agriculture a été négligée par de nombreux gouvernements et organisations. La plupart des politiques de développement ont promu une vaste croissance économique dans l’espoir d’en obtenir des bénéfices à grande échelle. Toutefois, selon le Rapport mondial sur le développement 2008, cette approche a été un échec dans de nombreux pays. Les inégalités se sont accrues et bon nombre des personnes les plus pauvres, qui vivent pour la plupart dans des régions rurales, ne se portent pas mieux qu’il y a 20 ans.

Les organisations renouvellent aujourd’hui leur intérêt pour le développement rural et l’économie rurale. Ces efforts ont été relancés par les préoccupations relatives aux hausses dramatiques des prix alimentaires, lesquelles ont provoqué des émeutes dans de nombreux pays en 2008, et par la menace que représentent les changements climatiques pour la sécurité alimentaire. Le marketing agricole est un problème clé qui doit être traité si l’on veut relancer les économies rurales.

Changer les attitudes vis-à-vis des commerçants

Lors de problèmes d’approvisionnement alimentaire, les gens se plaignent souvent des commerçants et des intermédiaires, les accusant de faire du profit sur le dos des affamés. Bien que l’exploitation et l’escroquerie existent, tous les commerçants ne sont pas malhonnêtes. En les jugeant aussi vite, les gens ne prennent pas la peine de comprendre la situation du commerçant.

  • De nombreux petits commerçants sont également pauvres.
  • Les commerçants sont chargés du transport de l’alimentation vers les marchés, ce qui n’est pas sans risques. Les prix peuvent chuter une fois les produits achetés à l’agriculteur et le mauvais état des routes fait que les denrées alimentaires peuvent s’abîmer au cours du transport. Transporter des produits alimentaires demande du temps et des efforts et les commerçantes, elles, sont confrontées au problème supplémentaire du harcèlement.
  • Signalons également que les agriculteurs trichent parfois eux aussi !

Les commerçants sont indispensables dans la chaîne qui relie les agriculteurs aux consommateurs. Il est nécessaire que l’importance de leur rôle soit mieux comprise par les agriculteurs, les consommateurs et les décideurs politiques. Par exemple, ils peuvent fournir des informations, apporter du crédit et une contribution dans certains endroits que les vulgarisateurs du gouvernement ne peuvent pas atteindre. De plus, sans les commerçants, les marchés fonctionnent moins bien et tout le monde en souffre : les agriculteurs obtiennent des prix inférieurs, les clients paient plus cher, il y a moins d’aliments disponibles et la qualité de la nourriture peut être moins bonne. Lorsqu’il y a méfiance entre les acheteurs et les vendeurs, la sécurité alimentaire est menacée.

Renforcer la coopération entre les agriculteurs et les commerçants

Lorsque les politiques de développement du gouvernement n’ont pas pu atteindre les zones rurales, les commerçants peuvent contribuer au développement local grâce au système de marché. L’expansion des marchés agricoles peut contribuer à générer des revenus locaux, des emplois et la transformation des aliments. Alors que les marchés agricoles locaux sont en expansion, les associations de commerçants qui commencent à se développer peuvent prendre en charge la régulation des marchés et le contrôle des pratiques d’exploitation.

Le Royal Tropical Institute et l’International Institute of Rural Reconstruction ont récemment publié un ouvrage intitulé Trading Up, qui relate la manière dont certains agriculteurs et commerçants africains ont tiré profit de leur coopération. Ce livre montre comment instaurer une meilleure compréhension mutuelle entre agriculteurs et commerçants en trouvant des solutions communes à leurs problèmes commerciaux.

Principes clés

D’après les études de cas mentionnés dans cet ouvrage, certains principes clés ont émergé.

  • ORGANISATION Les agriculteurs et les commerçants doivent s’organiser s’ils veulent améliorer leurs affaires. Les décisions de la plupart des agriculteurs et des commerçants à l’échelle individuelle sont presque insignifiantes. Cependant, s’ils s’associent avec des amis ou des voisins, ils peuvent mutuellement se soutenir et ainsi renforcer leurs savoir-faire, échanger leurs technologies, combiner leurs produits et services, en apprendre plus sur les demandes du marché, obtenir un accès aux financements et négocier avec les clients.
  • COMPRENDRE Les marchés ne fonctionnent bien que si tous ceux qui font partie de la chaîne respectent leurs rôles et leurs besoins respectifs. Les agriculteurs doivent comprendre que les commerçants sont indispensables pour fournir les produits aux consommateurs et ravitailler les agriculteurs en intrants comme les semences, les engrais et les médicaments vétérinaires. Les commerçants doivent comprendre que les agriculteurs ont besoin de bonnes conditions de commercialisation pour pouvoir fournir les aliments nécessaires et qu’ils doivent eux aussi être payés équitablement.
  • SPÉCIALISATION Les agriculteurs font rarement de bons commerçants ; les commerçants font rarement de bons agriculteurs. Une fois que les commerçants et les agriculteurs ont reconnu l’importance de leurs rôles respectifs, ils peuvent gagner du temps en se concentrant sur leur domaine de compétence et en améliorant la qualité de leurs produits et services.
  • COORDINATION Lorsque les agriculteurs et les commerçants se spécialisent, leurs activités doivent être coordonnées. Les informations sont importantes pour que les agriculteurs produisent ce que les consommateurs demandent, et que les commerçants fournissent les intrants et le crédit dont les agriculteurs ont besoin. Il est très important que ces activités se déroulent au moment opportun. Par exemple, si les engrais arrivent trop tard, les cultures en souffriront. Une bonne communication et des relations de travail étroites sont indispensables pour coordonner ces activités.
  • PARTENARIAT L’étape finale de cette collaboration est de développer une vision commune et un plan d’action commun afin d’identifier de nouvelles opportunités de marché et de surmonter les problèmes ensemble. Les agriculteurs et les commerçants peuvent faire pression sur le gouvernement local pour obtenir de meilleures routes et de meilleurs stands de marché, mais aussi pour la fourniture d’électricité en vue du développement d’entreprises de transformation. Il est possible d’introduire des amendements concernant les lois locales relatives au fonctionnement des marchés et au type de contrats entre acheteurs et vendeurs, voire de les changer.

Le Dr Nigel Poole est le Directeur de programme académique pour le développement agro - alimentaire au :

SOAS Centre for Development, Environment and Policy and London International Development Centre, London University, High Street, Wye, Ashford, Kent, TN25 5AH, Royaume-Uni

Email : [email protected]

Cet article est basé sur le livre Trading Up: Building cooperation between farmers and traders in Africa, publié par le Royal Tropical Institute (KIT), Amsterdam, et l’International Institute of Rural Reconstruction (IIRR), Nairobi. Voir Ressources, page 15, pour plus d’informations.

Étude de cas au Ghana

Pendant des années, les commerçants ghanéens ont acheté des tomates au Burkina Faso pour les livrer à la capitale, Accra. Contrairement aux agriculteurs ghanéens, les agriculteurs burkinabais permettaient aux commerçants de calibrer et de sélectionner les tomates qu’ils voulaient acheter. Cela permettait aux commerçants de choisir les tomates qui pourraient supporter le trajet jusqu’à la capitale.

Il avait été promis aux agriculteurs ghanéens qu’une usine locale de transformation achèterait leurs tomates. Malheureusement, celle-ci ne fonctionnait toujours pas. Comme les commerçants préféraient acheter leurs tomates au Burkina Faso, les agriculteurs ne pouvaient pas vendre les leurs, et celles-ci pourrissaient dans les champs. Les agriculteurs se sont mis à manifester violemment contre les commerçants.

Pour résoudre le conflit, une rencontre a été organisée entre les commerçants et les agriculteurs par le Conseil de sécurité local, l’Association nationale des commerçants de tomates du Ghana et le gagnant du prix 2006 du meilleur agriculteur national. Les agriculteurs se sont excusés pour leur comportement et un accord a été conclu entre les deux partis. Les commerçants ont accepté d’acheter une grande quantité de tomates du nord du Ghana si les agriculteurs leur permettaient de calibrer au préalable les tomates et de n’acheter que celles de qualité supérieure. Un comité de commerçants et d’agriculteurs a été mis en place pour négocier les prix chaque semaine. Un autre comité a été créé pour résoudre les éventuels désaccords entre les agriculteurs et les commerçants.

Depuis cette rencontre, le commerce des tomates est mieux organisé, les commerçants n’ont plus à se déplacer aussi loin et les relations entre les agriculteurs et les commerçants se sont améliorées.

Le rôle de l’église locale

L’église locale peut apporter une énorme contribution à l’éradication de la pauvreté. Une de ses forces est son engagement à améliorer les relations. Réfléchissez à ce que l’église locale pourrait faire dans votre communauté pour :

  • réunir les agriculteurs et les commerçants afin qu’ils discutent de la façon dont ils pourraient coopérer
  • travailler avec les agriculteurs et les commerçants lorsqu’ils font pression sur les autorités locales pour qu’elles soutiennent les marchés locaux
  • partager les connaissances acquises avec d’autres communautés, grâce aux réseaux de l’église locale.
Photo: Richard Hanson/Tearfund

Photo: Richard Hanson/Tearfund

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