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Le cinquième enfant de Maghoo survit

« Je connais enfin la joie de tenir un enfant vivant dans mes bras ! » Maghoo était ravie d’accoucher de son premier petit garçon à domicile, assistée par une accoucheuse traditionnelle qualifiée (AT).

Disponible en Anglais, Espagnol, Portugais et Français

Une infirmière vérifie le rythme cardiaque du bébé. Photo: Richard Hanson/Tearfund

De : Santé maternelle – Pas à Pas 91

Comment aider les familles et les communautés à offrir un soutien vital aux femmes avant et pendant l’accouchement

Imroze Goel

« Je connais enfin la joie de tenir un enfant vivant dans mes bras ! » Maghoo était ravie d’accoucher de son premier petit garçon à domicile, assistée par une accoucheuse traditionnelle qualifiée (AT).

Maghoo doit travailler avec son mari et sa belle-mère dans les champs, comme les hommes, et faire la cuisine pour une famille nombreuse. La pauvreté et les mauvaises pratiques en matière de santé représentent souvent une menace pour elle. « La vie est dure. Sans une sensibilisation à la santé et de bonnes connaissances, nous, les populations rurales, sommes comme aveugles » dit-elle.

Maghoo a perdu ses quatre premiers bébés lors de ses accouchements à domicile, assistée par une AT non qualifiée de la communauté. Lors de ses grossesses, elle devait parcourir de longues distances à pied, parfois dans des zones désertiques, pour offrir des sacrifices parce que sa famille pensait qu’elle avait un mauvais esprit dans le ventre. Ils ont dépensé presque toutes leurs économies et vendu leurs animaux pour essayer de se débarrasser de l’esprit mauvais. Au bout de huit ans de mariage, elle ne pouvait toujours pas donner d’enfant à la famille, qui souhaitait une descendance pour le fils aîné. Maghoo a beaucoup maigri et est devenue anémique. 

La famille a conseillé à son mari d’épouser une autre femme, puisqu’elle ne pouvait donner d’enfants à la famille.

Entre temps, la famille a dû déménager dans un autre village. Dans ce village, il y avait une AT qualifiée qui dispensait des informations sur la santé de la mère et de l’enfant, sur l’hygiène et la façon de sécuriser l’accouchement.

Maghoo, à nouveau enceinte, a reçu la visite de l’AT qualifiée, qui a constaté qu’elle était maigre et anémique, et qui a diagnostiqué des complications. La semaine suivante, une équipe de santé SaCHA (Sahara Community Health Associations) est venue au village. Lors de la séance de sensibilisation pour les hommes sur la santé de la mère et de l’enfant, le mari de Maghoo a écouté avec beaucoup d’intérêt et posé de nombreuses questions. Il a évoqué les problèmes de son épouse, a découvert certains faits et été heureux d’obtenir des réponses. Cela l’a motivé ; il a amené sa femme voir l’animatrice pour les femmes et la sage-femme de SaCHA, qui leur ont donné des informations de base sur les soins de santé de la mère et de l’enfant. Cela a changé leurs pratiques ainsi que leur attitude vis-à-vis de la sécurité de l’accouchement. Puis, avec l’aide de l’AT, elle a régulièrement été emmenée à l’hôpital le plus proche pour des soins prénataux pendant sa grossesse. Son mari a organisé et payé le transport en pousse-pousse. Elle a régulièrement rendu visite à une sage-femme et a bénéficié d’un régime alimentaire et de soins appropriés. Et enfin, elle a donné naissance à un petit garçon. 

La famille et son mari étaient ravis de voir leur premier fils. Ayant acquis des connaissances grâce aux séances de conseil en matière de santé maternelle et infantile, ils ont cessé toutes leurs mauvaises pratiques. Aujourd’hui, son mari n’envisage plus d’épouser une autre femme. Il permet à Maghoo d’avoir recours au planning familial et de consulter les équipes de santé ; il l’emmène même volontiers au dispensaire.

Maghoo a été victime d’un manque de connaissances, mais aussi du pouvoir et du contrôle des hommes sur la vie des femmes. 

Voici les deux choses qui ont fait une différence pour Maghoo lors de sa cinquième grossesse :

  • les bons soins de son mari et ses sages décisions au cours de sa grossesse
  • les soins d’une sage-femme et d’une AT qualifiée qui lui ont permis d’obtenir des conseils médicaux pendant la grossesse.

L’équipe SaCHA continue à dispenser des programmes de sensibilisation à la santé maternelle et infantile dans les communautés, tant pour les hommes que pour les femmes. Ils font des sketches (petites saynètes), communiquent des messages, racontent des histoires et font participer les hommes présents. Maghoo et son mari sont maintenant des bénévoles SaCHA et incitent les femmes et les hommes à assister aux réunions communautaires. 

Imroze Goel est le coordinateur de SaCHA (Sahara Community Health Associations), diocèse d’Hyderabad, Kunri, Pakistan. Le nom de Maghoo a été changé.

Les accoucheuses traditionnelles (AT)

Il y a actuellement une controverse parmi les experts quant à savoir si les AT qualifiées sont aptes à prévenir les décès maternels. Suite aux recherches menées, certains gouvernements ont décidé de ne pas financer la formation des AT.

De nombreuses AT sont pauvres et sans instruction, mais les femmes enceintes dans leurs communautés préfèrent souvent les consulter en premier, au lieu d’aller voir une sage-femme ou un médecin extérieur à la communauté. L’efficacité d’une AT qualifiée dépendra de la qualité de sa formation et de sa propre motivation à changer ses pratiques. Si la communauté exerce encore une pression pour que les femmes accouchent à la maison de manière traditionnelle et si l’AT a peur de perdre une partie de son revenu en incitant les femmes à consulter une sage-femme ou un médecin au lieu d’accoucher à la maison, elle risque de ne pas donner certains conseils vitaux nécessaires. 

Dans la mesure du possible, les AT devraient veiller à ce que les femmes puissent accoucher dans un centre de santé avec l’aide d’une sage-femme professionnelle. Toutefois, il se trouve que certaines AT exercent dans des régions reculées, loin des centres de santé et des hôpitaux. 

Les AT jouent un rôle essentiel dans l’identification des problèmes au cours de l’accouchement et après, ce qui permet aux femmes qui accouchent à la maison et qui rencontrent des problèmes d’être transférées le plus rapidement possible vers un centre de santé pour recevoir les soins appropriés.

Femmes pakistanaises participant à une réunion de promotion de la santé et de l’hygiène. Photo: Richard Hanson/Tearfund

Femmes pakistanaises participant à une réunion de promotion de la santé et de l’hygiène. Photo: Richard Hanson/Tearfund

L’anémie

Maghoo était anémique : elle avait le sang faible. L’anémie est fréquente pendant la grossesse car les femmes enceintes produisent plus de sang pour la croissance du bébé. C’est une cause fréquente de décès qui est facile à éviter. 

Parmi les symptômes, on trouve la fatigue, la faiblesse et une sensation de malaise, surtout en se relevant d’une position assise ou couchée. Une alimentation saine, qui comprend des aliments riches en fer comme les légumes verts à feuille, les œufs et la viande rouge, peut permettre d’empêcher l’anémie. 

Toutefois, de nombreuses femmes commencent leur grossesse avec une carence en fer et ne parviennent pas à combler leurs besoins en fer uniquement grâce à leur régime alimentaire. Vous devriez pouvoir vous procurer des comprimés de fer et d’acide folique dans votre centre de santé, dans le cadre des soins prénataux. 

Pour améliorer l’accès aux comprimés et leur utilisation par les mères :

  • Au lieu d’attendre que les mères viennent chercher les comprimés à la clinique, les agents de santé communautaires pourraient les distribuer.
  • Rassurer les mères en leur expliquant qu’il est courant d’avoir des selles noires (excréments) lorsque l’on prend des comprimés de fer, et leur dire de ne pas s’inquiéter.
  • Si les comprimés ne sont pas disponibles (ou pas tout le temps), le problème doit être signalé à l’autorité sanitaire du district (voir Sauver la vie d’une mère).

 

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