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Des élections pacifiques pour tous

Dans un système démocratique, différents points de vue peuvent être débattus au sein d’un Parlement, ce qui évite que les adversaires recourent à la force pour obtenir les résultats qu’ils souhaitent

2014 Disponible en Anglais, Français, Portugais et Espagnol

Dheve Chantal et ses trois enfants assis à l'extérieur d'un abri temporaire dans un camp pour personnes déplacées en République démocratique du Congo.

De : Conflits et paix – Pas à Pas 92

Suggestions pour analyser et résoudre les conflits en facilitant le dialogue et en recherchant la paix

La population vote dans un bureau de vote en Tanzanie. Photo: Louise Thomas/Tearfund

La population vote dans un bureau de vote en Tanzanie. Photo: Louise Thomas/Tearfund

Élire des représentants et des dirigeants permet aux populations de faire entendre leur voix. Dans un système démocratique, différents points de vue peuvent être débattus au sein d’un Parlement, ce qui évite que les adversaires recourent à la force pour obtenir les résultats qu’ils souhaitent. 

Malheureusement, ces dernières années, de graves violences ont eu lieu avant et après les élections. Bien souvent, des affrontements et des émeutes ont éclaté lorsque le processus électoral était jugé déloyal par ceux qui avaient voté pour les partis perdants. Il y a eu de nombreuses rumeurs et accusations de fraude électorale qui ont provoqué des réactions chez ceux qui étaient rassemblés pour prendre connaissance des résultats. 

Plusieurs partenaires de Tearfund ont participé à des actions de prévention de la violence en période électorale. L’essentiel de leur travail a porté sur la promotion de la paix en amont des élections, par le biais d’une collaboration avec divers responsables d’Église, militants politiques et électeurs, afin de créer un climat positif et sûr. Le travail du révérend Domnic Misolo au Kenya a porté des fruits, les élections de 2013 s’étant globalement déroulées dans le calme. Au moment où nous écrivons ces lignes, les élections n’ont pas encore eu lieu au Zimbabwe, mais Blessing Makwara nous explique comment les Églises travaillent ensemble pour se préparer au prochain scrutin de leur pays.

« Bureau de vote » Photo: Margaret Chandler/Tearfund

« Bureau de vote » Photo: Margaret Chandler/Tearfund

Étude de cas – Zimbabwe

Au Zimbabwe, les élections de 2008 ont été suivies de troubles aussi inattendus que sanglants. 

L’Église a été accusée de ne pas avoir fait tout son possible pour protéger les personnes vulnérables. Les violences ont suscité une peur diffuse, des traumatismes, le repli et une dépression collective. Elles ont également engendré du ressentiment, de la frustration et un désir de vengeance parmi certaines franges de la population. Si justice n’est pas faite pour ceux qui ont été victimes de cette violence, la colère et la soif de vengeance pourraient devenir le terreau d’une explosion future. La période de transition actuelle sous le Gouvernement d’union nationale au Zimbabwe offre à l’Église l’opportunité de jouer un rôle clé en se prononçant en faveur de la paix, de la justice, de la guérison et de la réconciliation et en facilitant le redressement du pays.

L’initiative œcuménique d’observation de la paix au Zimbabwe (EPOIZ) se concentre sur le rôle crucial que jouent l’éducation, les changements culturels et la spiritualité dans toutes les tentatives qui visent à faire de la paix une réalité au quotidien. EPOIZ est un projet des responsables des confessions chrétiennes du Zimbabwe (ZHOCD), plateforme qui regroupe quatre organismes ecclésiastiques               « parapluie » : l’Association évangélique du Zimbabwe (EFZ), la Conférence des évêques catholiques du Zimbabwe (ZCBC), le Conseil des Églises du Zimbabwe (ZCC) et l’Union pour le développement des Églises apostoliques au Zimbabwe en Afrique (UDACIZA). Les Églises seront également renforcées par le soutien de partenaires internationaux de longue date du réseau œcuménique du Zimbabwe (EZN) et de réseaux œcuméniques régionaux et internationaux.

Le principal but de cette initiative consiste à promouvoir et à protéger une culture durable de la paix au Zimbabwe et à faciliter la guérison et la réconciliation nationales. Plus précisément, en tant que membres d’EPOIZ, les Églises s’engageront à s’unir pour faire entendre leur voix et à œuvrer ensemble pour surveiller les violences et les violations des droits humains et y apporter une réponse.

Par le biais d’EPOIZ, l’Église adoptera les stratégies et les mesures suivantes pour l’établissement de la paix, la consolidation de la paix et le maintien de la paix : 

  • Promotion du dialogue et des engagements stratégiques avec les principales parties prenantes
  • Rallyes et rassemblements de sensibilisation et d’éducation 
  • Surveillance des mesures, des processus et des déclarations des partis politiques, des médias et du gouvernement relatifs à la paix à long terme 
  • Visites pastorales et de solidarité dans les zones touchées par la violence et approfondissement des relations sur place avec la police et les décideurs locaux 
  • Promotion de la participation paisible de la population aux processus électoraux
  • Mobilisation des principaux représentants de la communauté régionale et internationale pour qu’ils promeuvent la paix au Zimbabwe

Notre prière est qu’en entreprenant ces activités ainsi que toutes les autres auxquelles nous nous sommes engagés, nous voyions une diminution de la violence avant, pendant et après les élections, ce qui permettra d’établir les bases d’une nouvelle culture de paix et de justice. L’Église est la seule institution au Zimbabwe qui réunisse des personnes de tous horizons, qui soit la conscience de la nation et qui soit encore aujourd’hui hautement considérée par la société à la fois comme un artisan de la paix et une autorité morale.

Par Blessing Makwara, administrateur de programmes pour l’Association évangélique du Zimbabwe (Evangelical Fellowship of Zimbabwe - EFZ)

Étude de cas – Kenya

La nation du Kenya est une société multiethnique qui compte plus de 41 tribus. La situation politique y est complexe, à cause des nombreux intérêts tribaux, du favoritisme et de la corruption généralisée qui provoque des tensions. En période électorale, tout cela s’exprime souvent dans la violence. 

Suite aux élections générales de 2007-2008, il y a eu des allégations de fraude électorale et de corruption. Beaucoup ont contesté les résultats. Environ 1 300 personnes ont péri dans les violences interethniques qui s’en sont suivies et plus de 500 000 personnes ont été déplacées. On a également déploré des viols, des pillages et des incendies criminels. Ce fut une période bien sombre pour le Kenya.

Notre organisation, Ekklesia Foundation for Gender Education (EFOGE) est une organisation non gouvernementale enregistrée au Kenya, qui œuvre pour la justice pour les femmes et l’égalité des chances en Afrique. Inspiré par d’autres qui font un travail similaire ailleurs, j’ai décidé que nous devions nous aussi essayer d’induire un changement. Ma plus grande motivation était l’idée de connaître un jour des élections pacifiques et démocratiques au Kenya, qui nous garantiraient une paix à plus long terme.

Étant donné que je travaille régulièrement avec les responsables de la communauté et de d’Église locale, je sais qu’ils sont bien placés pour influencer et éduquer les communautés en matière d’élections et de coexistence pacifiques. Encouragé par d’autres, j’ai fait part de mes réflexions à Monseigneur Johannes Angela, évêque du diocèse anglican de Bondo. Nous avons réussi à organiser ensemble un cours de formation d’une semaine sur l’éducation civique et le leadership qui a eu beaucoup de succès. Nous avons accueilli plus de 160 responsables d’Église et de la communauté, ainsi qu’un certain nombre de candidats politiques, en vue de discuter de la façon d’assurer des élections pacifiques. Nous avons abordé des sujets spécifiques tels que le leadership et les élections générales kényanes, la démocratie et l’État de droit, la délégation du pouvoir et la nouvelle constitution, etc.

Ce travail a présenté son lot de défis. J’avais besoin de courage pour parler d’élections pacifiques alors que nos vies étaient parfois en péril. Les gens ne comprenaient pas toujours ce que nous cherchions à faire. Certains pensaient que nous voulions convaincre les gens de ne pas voter pour un candidat donné, alors qu’en réalité notre message était qu’il fallait accepter les résultats et avancer comme une seule nation et un seul peuple. Nous avons expliqué aux gens que nous devions tous faire confiance au cadre juridique de la nouvelle constitution. D’autres pensaient que nous empêcherions la liberté d’expression si les élections étaient contestées. Ce fut également un défi de collecter des fonds pour la formation, mais l’évêque de Bondo et le Conseil œcuménique des Églises ont pourvu à nos besoins.

Nous avons globalement assisté à des élections très paisibles dans notre région, les dirigeants exhortant les jeunes à ne pas prendre parti et à ne pas attiser les émotions de la population en répandant des rumeurs de tricherie et de fraude électorale. Même si dans ma région, le résultat n’a pas plu à la majorité et qu’une pétition a été remise à la Cour suprême pour contester les résultats, la population a fait preuve de patience car elle a fait confiance au processus juridique. Des cas de tricherie et de fraude ont été signalés mais les gens sont restés calmes et ont laissé la Cour rendre son verdict. La décision finale n’a pas fait l’unanimité, mais la plupart des gens ont accepté le verdict officiel.

Je conseille aux autres de s’investir dans ce genre d’initiative, car je crois fermement que les responsables d’Église ont un rôle vital à jouer en ce qui concerne la restauration de la paix et la défense de la démocratie dans un pays comme le mien.

Révérend Domnic Misolo, fondateur d’EFOGE et membre du programme Inspired Individuals de Tearfund www.inspiredindividuals.org

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