Lorsque nous parlons avec des femmes qui ont subi des actes de maltraitance, nous devons nous comporter en personne de confiance, qui ne les jugera pas. Nous devons être pleinement disponibles pour les écouter et les soutenir. Des paroles déplacées peuvent être autant de couteaux plantés dans leur cœur, et elles se sentiront encore plus désespérées et seules. Ces femmes doivent savoir que nous sommes là pour elles.
Voici quelques propos qu’entendent souvent les survivantes, et qui font plus de mal que de bien :
« Comment étiez-vous habillée ? »
Cette question est totalement inappropriée. Quelle importance a sa tenue ? Il est arrivé à des policières en uniforme d’être agressées. Aux États-Unis, le ministère de la Justice a établi qu’il n’y avait aucun lien entre la tenue vestimentaire et l’agression sexuelle. De telles questions impliquent que la survivante était en partie responsable, quand en réalité la seule personne à blâmer est l’auteur de l’acte.
« Pourquoi ne vous êtes-vous pas enfuie ou n’avez-vous pas appelé au secours ? » ou « Que faisiez-vous à cet endroit ? »
Là encore, ce genre de commentaire laisse entendre que la survivante est en quelque sorte fautive. Les actes de maltraitance peuvent se produire dans n’importe quelles circonstances. Le plus souvent, lors d’une agression, la personne agressée est en état de choc. Réfléchissez : cette personne ne se serait-elle pas enfuie en courant, n’aurait-elle pas crié ou évité cet endroit, si elle avait pu le faire ? Dans quelle mesure peut-on le faire quand on est vulnérable ? Comment une femme peut-elle éviter un endroit où elle reçoit par exemple de la nourriture ou un revenu dont elle a absolument besoin ?
« Était-ce vraiment si terrible ? » ou « Vous avez de la chance que cela n’ait pas été aussi grave que ce qui est arrivé à telle ou telle autre femme ! »
Bien sûr que c’était terrible. Il est inutile d’essayer d’évaluer la gravité de l’agression. Le
mot « chance » ne doit pas être employé dans une situation de maltraitance. Ces événements ont bouleversé une vie ; nous ne devons pas comparer les faits à ce que d’autres ont pu vivre.
« Pourquoi pleurez-vous ? C’est fini maintenant ! », ou « Calmez-vous ! »
Ces paroles sont vraiment inutiles. Si la personne pleure, c’est qu’elle éprouve encore des émotions, ce qui est bon signe. Dieu nous a créés avec des émotions. Pour que la guérison puisse avoir lieu, la souffrance, la confusion, la colère et bien d’autres émotions doivent être exprimées. Il se peut que les personnes qui disent ce genre de choses ne sont pas capables de gérer les émotions exprimées.
« Lui avez-vous pardonné ? » ou « Est-ce que vous priez pour lui ? »
En tant que chrétiens, il nous arrive d’être très légalistes, au point d’être blessants. Bien que le pardon soit un aspect essentiel du processus de guérison, cela prend du temps. N’obligez jamais une survivante à prier pour son agresseur ; priez plutôt pour elle, et avec elle. Laissez-la manifester sa colère ou même souhaiter la mort de son agresseur. Le moment viendra où elle parviendra à accorder le pardon. Une étape à la fois.
« Tout cela fait partie du plan de Dieu » ou « Dieu châtie ceux qu’il aime »
Ces commentaires sont extrêmement cruels dans ce contexte. Dieu est un père aimant qui n’a que de bons projets pour nous. Dans un contexte bouddhiste, on pourrait peut-être entendre : « C’est sûrement votre karma ». Rassurez toujours la femme, en lui disant que la maltraitance ne fait jamais partie du plan de Dieu, et que personne ne mérite d’être maltraité.
Soyons présents et disponibles pour nos sœurs blessées, avec la bonne attitude et sans jugement. Laissons-nous inspirer par Proverbes 16:24 : « Les paroles agréables sont un rayon de miel : elles sont douces pour l’âme et porteuses de guérison pour le corps. »