par Naftally Felix Omondi.
Transmara Western Group (TMWG) au Kenya est une petite équipe de chercheurs qui se sont portés volontaires pour promouvoir le développement durable. Ses membres encouragent l'utilisation des connaissances agricoles traditionnelles pour aider à soulager la pauvreté. Ils travaillent par le biais de la formation pour le développement, la recherche, et en réseau avec des ONG grâce à des séminaires et ateliers.
Une des méthodes qu'ils utilisent avec les agriculteurs et les agents de développement est la création de cartes indiquant les maladies des animaux. On dessine une carte de la région avec ses caractères physiques. On indique ensuite les maladies des animaux sur la carte. Cette technique a beaucoup d'avantages car elle est facile à utiliser et elle est flexible. Elle aide à organiser le traitement des maladies du bétail dans une région donnée.
Méthode
- Choisir d'abord les personnes les plus aptes à dessiner la carte; s'il s'agit d'une ferme ce sera bien sûr l'agriculteur. Si c'est une communauté villageoise, les responsables des villages ou les anciens sont peut-être les personnes à choisir. Les cartes peuvent aussi être dessinées au niveau régional par des conseillers en bétail ou des agents de développement.
- Au niveau du village ou de la ferme, dessinez des cartes à même le sol, en utilisant les matériaux disponibles pour représenter les forêts, les mares, les collines, les villages etc. Si vous avez un bureau ou un atelier, il se peut que les gens préfèrent utiliser du papier et un stylo. Représentez différemment chacune des maladies du bétail répandues dans la région. Par exemple, choisissez les épis de maïs pour représenter la fièvre rhodésienne, les haricots rouges pour la hématurie, les fleurs jaunes pour la fièvre aphteuse. Placez sur la carte un symbole par animal malade.
- Enregistrez soigneusement les informations, l'endroit et le nombre de cas identifiés de la maladie.
- Discutez des façons d'utiliser ces informations pour organiser le traitement de ces maladies.
Les cartes préparées en ateliers
Les ateliers qui permettent aux agriculteurs et aux agents de développement d'une même région de se réunir sont une occasion idéale pour établir ce type de cartes. Les gens travaillent d'abord en petits groupes pour établir des cartes de leur propre région. Les informations peuvent ensuite être rassemblées pour produire une grande carte où apparaîtront clairement les maladies du bétail dans toute la région.
Une fois les cartes terminées, encouragez la discussion afin d'obtenir le plus grand nombre d'informations sur cette question:
- Les maladies sont-elles plus communes dans certaines régions et, dans l'affirmative, pourquoi?
- Comment les gens traitent-ils ces maladies? Existe-t-il des plantes médicinales pour les traiter?
- Quelles sortes de médicaments les agriculteurs peuvent-ils se procurer et acheter? Sont-ils utilisés sans danger?
- Est-il facile aux agriculteurs de demander une aide rapide à des conseillers en bétail?
- Quelles maladies se sont-elles avérées les plus sérieuses, causant de graves dommages ou la mort?
- Quelle aide peut être apportée dans l'avenir par les services gouvernementaux responsables du bétail?
Il faut enregistrer toutes ces informations soigneusement et faire une copie de chaque carte en utilisant des crayons de couleur pour souligner l'incidence des différentes maladies.
Résultats
Nous avons établi des cartes pendant quatre ans avec les communautés Kipsigis et Maasai dans la région de Transmara et nous avons rassemblé ainsi beaucoup de renseignements sur les cas de maladies du bétail. En plus d'avoir tous les détails sur l'incidence et le développement des maladies, nous avons établi clairement les points suivants:
- Les agriculteurs n'ont plus les moyens de faire passer régulièrement leurs troupeaux dans des bains de produits chimiques car ces derniers coûtent de plus en plus cher.
- La plupart des maladies produites par les tiques sont traitées par des herboristes locaux.
- La théilériose bovine (la fièvre rhodésienne) est la maladie la plus grave et les agriculteurs n'ont pas les moyens de se procurer le traitement chimique nécessaire.
- Ce sont essentiellement les femmes qui pulvérisent les animaux chez elles, en se servant de bombes aérosols. Elles n'ont ni formation ni équipement pour faire ce travail.
- Le manque d'eau est un sérieux problème dans la région. Les troupeaux doivent aller boire à plusieurs kilomètres et ces longs cheminements favorisent la propagation des tiques par la végétation qu'ils traversent.
- Le nombre d'agents de développement, de conseillers pour le bétail et de personnel pour l'aide communautaire, aussi bien gouvernementaux que dépendant des ONG, est très insuffisant.
- Les crédits manquent aux agriculteurs pour l'achat des produits chimiques et l'amélioration de leurs aménagements.
A partir des informations recueillies et d'une meilleure compréhension de tous les points mentionnés plus haut, nous pouvons maintenant organiser la lutte future en nous basant sur des renseignements exacts. Avec l'aide des guérisseurs traditionnels, TMWG pense produire des remèdes peu coûteux préparés localement.
Naftally Felix Omondi, fait de la recherche avec TMWG, PO Box 16, Kilgoris, Kenya.