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Soins de santé en République Démocratique du Congo

par Nyangoma Kabarole. Deux études de cas de centres médicaux: l’un avec un lourd héritage de difficultés et l’autre une vraie réussite

1999 Disponible en Anglais, Français, Espagnol et Portugais

De : Soins de sante viables – Pas à Pas 37

Travailler ensemble pour établir des priorités sanitaires et améliorer l’offre locale de soins de santé

par Nyangoma Kabarole.

Deux études de cas de centres médicaux: l’un avec un lourd héritage de difficultés et l’autre une vraie réussite

Le Centre Médical d’Adranga

Le Centre Médical d’Adranga se trouve dans la région d’Aru. Il a été construit en 1970 avec l’aide des fonds du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (HCR) pour aider les réfugiés ougandais à Aru. Au début, ce centre médical était équipé en matériel et médicaments par le HCR et ne recevait aucune aide des populations locales.

Après le départ du HCR, ce centre médical fut remis en cadeau à la communauté. Malheureusement, celle-ci n’avait aucune expérience de gestion d’un centre médical. Les fournitures et le matériel furent volés par des gens ignorants qui laissèrent le centre dans un chaos total. Un comité de santé fut créé mais se trouva rapidement en difficultés, car les gens étaient habitués à recevoir gratuitement les soins médicaux et ne voulaient pas payer les sommes qui leur étaient alors réclamées. La population locale pensait que si le centre leur avait été donné en cadeau, les soins devaient aussi continuer à être gratuits. Se rendant compte que la gestion était impossible, la population mit le centre entre les mains de l’Eglise Anglicane.

Deux personnes d’Aru responsables et bien préparées, décidèrent en toute connaissance de cause de fermer le centre médical d’Aranga et de dissoudre l’ancien comité de santé. A leur place, elles choisirent un nouveau petit comité comprenant trois personnes et dont les responsabilités consistaient à:

  • éduquer la population
  • encourager un esprit d’autofinancement.

Ce n’est qu’après avoir pris cette mesure que le Centre Médical d’Adranga pourra ouvrir de nouveau, libre alors d’évoluer et de progresser.

En conclusion, je crois que l’évolution positive d’un centre passe essentiellement par:

  • une initiative de la communauté locale
  • un dirigeant ou chef convaincu de la nécessité, l’importance et la valeur du centre pour la communauté
  • des infirmières bien formées et préparées pour ce type de travail dans la communauté
  • une bonne surveillance et les conseils d’un personnel médical expérimenté.

Nyangoma Kabarole est Directeur des Services Médicaux de l’Eglise Anglicane du Diocèse de Boga.

Le Centre Médical de Mabuku

Depuis cinq ans, le Centre Médical de Mabuku dans la province de Kivu-Nord n’est plus un centre médical en milieu rural comme tous les autres, s’efforçant de «joindre les deux bouts» et dépendant de financements extérieurs pour faire face aux besoins les plus pressants. Cinq à dix personnes venaient en consultation chaque jour et vingt accouchements avaient lieu chaque mois. Aujourd’hui, le centre est une réussite, à la fois pour ses soins curatifs et parce qu’il offre à la population un programme de soins communautaires efficaces.

Il y a maintenant 25 à 30 consultations par jour, 130 à 150 accouchements par mois. Une équipe de 28 personnes formées localement et basées dans 14 villages avoisinants y travaillent. Le centre gère aussi un programme pour combattre la malnutrition parmi plus de 100 enfants. Les causes de ce succès sont difficiles à définir exactement, mais il semble être dû à un ensemble de facteurs. Actuellement l’intense travail de médecine curative soutient presque entièrement un programme sans cesse croissant de santé communautaire pour les 25.000 personnes de la région qu’il dessert.

Facteurs de changement…

  • Un infirmier (ou infirmière) en chef ayant une vision générale des soins de santé à dispenser, équilibrant les besoins pressants de soins curatifs, et la vision à plus long terme des soins préventifs et des programmes communautaires.
  • La nomination d’un infirmier (ou infirmière) communautaire (aidé(e) par Tearfund) ayant pour seule responsabilité de travailler au sein de la communauté pour établir et développer différents programmes communautaires de santé. Cette personne ne dispense pas de soins curatifs.
  • Une population qui a réellement confiance en son personnel de santé à cause de son service curatif de qualité. En conséquence, elle suit ses conseils au niveau de l’éducation à la santé et accepte son aide pour découvrir les causes réelles de la mauvaise santé au sein de la communauté.
  • Un comité de santé actif qui se réunit régulièrement et dans lequel toutes les couches de la population sont représentées. représentées. Ce comité fait preuve d’un certain degré de créativité qui a encouragé la participation communautaire (voir encadré).
  • La construction de «pavillons d’attente’» pour accueillir jusqu’à 50 femmes qui vont accoucher et qui vivent loin du centre, ou celles qui présentent un accouchement à risques.
  • Accepter le fait que les gens qui n’ont pas d’argent puissent payer leurs factures «en nature»: produits agricoles ou volailles, bétail, qui sont ensuite vendus ou donnés comme une part de salaire au personnel du Centre.
  • Une collaboration avec Tearfund qui a établi différents projets de nutrition dans la communauté. Ces projets visent les familles ayant des enfants sous-alimentés. Par exemple, il y a un projet sur le soja qui donne des démonstrations pratiques aux mères et fait don à toute famille ayant un enfant mal nourri, des graines à planter sur leurs terres.
  • Une politique de réduction de frais généraux et d’encouragement aux patients à venir au centre. Au fur et à mesure que les prix baissaient, le nombre de patients augmentait et les revenus de même. Le centre a pu alors recruter un autre infirmier communautaire à plein temps et acheter une moto d’occasion à l’usage du personnel de santé, en particulier pour aller chercher les vaccins.

Plus qu’un rêve

Tout ceci a fait que la population considère réellement que le centre de santé et les programmes communautaires leur appartiennent à part entière. Une fois la salle de maternité en briques construite, de leurs propres mains et avec les reçus du centre de santé, tout le monde a tenu absolument à l’appeler Maternité Wetu, c’està- dire «Notre Maternité»!

Bien sûr, il reste encore bien des problèmes à surmonter. Mais nous avons été très encouragés par cette approche globale: nous voyons qu’avec un tel projet, comprenant des infirmiers et des infirmières bien formés pour travailler dans la communauté – et un petit coup de pouce au départ pour le faire démarrer – le mot «viabilité» prend enfin un sens réel plutôt que de rester un rêve lointain. Et ceci même dans un des pays les plus pauvres du monde.

Rédigé par Maggie Crewes, Coordinatrice des Services Médicaux du Kivu-Nord, CAZ Boga, PB 21285, Nairobi, Kenya.

 

Participation créative de la communauté

  • Chaque bébé reçoit à sa naissance un ensemble de vêtements gratuits faisant partie du coût de l’accouchement. Cette mesure est très populaire et le nombre de femmes qui viennent accoucher a augmenté. Il en résulte deux avantages: le coût total par accouchement a diminué et les femmes qui risquent d’avoir des complications viennent plus souvent accoucher au Centre.
  • Les gens qui participent au travail communautaire (comme par exemple le transport des pierres ou du sable sur le chantier de construction d’un projet ou la protection d’une source d’eau, aussi dans le cadre d’un projet) ont tous droit à une petite réduction de leur facture médicale. Cette mesure encourage beaucoup de gens à participer très activement à tous les projets.

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