Tim Curtis.
Les Enxets (ou Lenguas) au Paraguay forment une population indigène de chasseurs-cueilleurs comptant environ 6 000 personnes. Certains continuent leurs activités de chasseurs-cueilleurs, malgré la perte de la plupart de leurs terres dans les années 1930, lorsque la région de Chaco a été ouverte à l’exploitation forestière et à l’agriculture.
Il y a plus de 100 ans, des missionnaires ont ouvert une école à Makxawáya et ont commencé à travailler sur la traduction de la Bible en énxet. Leur première traduction des Evangiles et Actes des apôtres, ainsi que d’un livre de cantiques, a été publiée en 1911. Les premiers ouvrages d’alphabétisation destinés aux Enxet ont été mis au point et un petit groupe a appris à lire et écrire. Certains membres de ce premier groupe sont devenus des leaders de l’église et ont fait connaître le message chrétien. La traduction de la Bible en énxet se poursuit toujours. En 1997, on a publié une version révisée du Nouveau Testament et en 2003, on a démarré la traduction de l’Ancien Testament.
Au début du 20ème siècle, les populations indigènes étaient presque entièrement marginalisées. L’encouragement apporté par le message chrétien et l’émergence d’un petit groupe significatif de leaders alphabétisés ont été très importants. Les Enxets ont eu le sens de leur propre valeur et ce sentiment dure.
De nos jours, la plupart des Enxet alphabétisés sont toujours engagés dans l’église. Cependant, le niveau d’alphabétisation reste assez faible à cause de la situation compliquée des langues dans le Chaco. On parle plus le guarani que l’espagnol dans cette région du Paraguay. Cependant, les choses commencent à changer. Nombre de jeunes utilisent l’espagnol qui pourrait peut-être un jour remplacer le guarani, en tant que la deuxième langue de nombreuses personnes parlant l’énxet. Une réforme très importante dans le système éducatif du pays a résulté en une lente amélioration dans les écoles primaires dirigées par l’état. Lorsque c’est possible, les enfants indigènes qui vont à l’école apprennent maintenant à lire et à écrire dans leur langue maternelle, avant de passer à l’espagnol.
D’autres facteurs ont encouragé le développement de l’alphabétisation. Il y a nombre d’ONG dans le Chaco. Elles sont engagées dans des problèmes de droits terriens, des projets agricoles à petite échelle et des programmes de santé communautaire. Il existe aussi des ministères publics, des organisations politiques, différents groupes religieux et d’anthropologistes. La présence de toutes ces organisations aident les groupes indigènes à réaliser que leur peuple a vraiment de l’importance. Ces nouveaux arrivants offrent un important encouragement pour apprendre à parler l’espagnol, le lire et l’écrire. Les personnes alphabétisées se sentent plus proches de ces organisations. Elles sont dans une meilleure position pour prendre part à des conférences nationales et internationales sur les « thèmes autochtones » et pour évaluer les motivations mixtes (et souvent contradictoires) de ces nombreux groupes.
Apprendre à lire et à écrire permet au petit nombre de personnes parlant l’énxet, de participer vraiment et avec une assurance croissante, aux décisions qui affectent leur vie et celle de leur peuple. Ils commencent ainsi à s’intégrer dans la société paraguayenne, sans perdre leur propre identité.
Tim Curtis a reçu une formation en langues modernes et linguistique. Il travaille au Paraguay avec « Iglesia Anglicana Paraguaya » depuis plus de 20 ans, soutenant des programmes d’éducation parmi les populations autochtones et dirigeant l’équipe de traduction de la Bible. Email : [email protected]