Emelita Santos Goddard.
Pour que les travaux de développement communautaires soient durables, il est important d’avoir une vision et des plans dès le départ. Les partenariats et la participation locale sont essentiels car la durabilité ne peut être atteinte que lorsque la communauté locale gère elle-même le processus de développement, s’en sent propriétaire et ne dépend pas d’une aide extérieure.
Vision pour une durabilité
Le travail de SAO (Southeast Asian Outreach) au Cambodge, un membre de ICC (International Cooperation Cambodia), est d’encourager et de renforcer les communautés cambodgiennes grâce à des projets de développement ou par l’implication des églises. Ses travaux sont concentrés sur le développement des capacités des partenaires locaux, comme les églises ou les groupes communautaires, pour qu’à l’avenir ils prennent en charge leur gestion.
Si l’on veut qu’un projet ou un partenariat soit durable, il faut qu’il soit approprié à la situation et aux ressources locales. Il faut soigneusement étudier les capacités du personnel local et l’existence de savoir-faire locaux, au lieu d’importer des fonds ou du personnel. Il est difficile d’atteindre une durabilité si un projet nécessite un important financement ou des savoir-faire spéciaux, comme un projet de santé oculaire (des yeux) qui exige un ophtalmologiste. Un petit projet tout simple a nettement plus de chances d’être durable.
Il est important que le personnel local et la communauté partagent et contribuent à la vision dès le départ car c’est ainsi qu’on encourage le sentiment de propriété du projet de la communauté. Il faut impliquer la communauté dans la conception et la planification initiales de tout le cycle de projet mais aussi dans les prises de décision, pour garantir que la planification réponde bien à la situation locale.
Une approche par partenariat
Les partenariats sont essentiels pour un développement réussi et durable. Il est important de donner leur pleine valeur aux relations car de bonnes relations promeuvent la coopération et la confiance. Dans une culture comme celle du Cambodge où les jeunes ne reçoivent pas le même respect que les anciens, il peut être très difficile pour le personnel jeune de travailler avec des leaders communautaires qui sont principalement des anciens. Cependant, lorsque de jeunes membres du personnel approchent les leaders avec respect, ils reçoivent en retour un respect et une coopération.
Une bonne communication et un certain temps passé à s’écouter mutuellement aideront à établir des relations positives et une meilleure compréhension. Une communication claire, des bilans et retours d’informations réguliers aideront à clarifier les attentes et garantir qu’à l’émergence d’un quelconque problème, on puisse le résoudre rapidement.
Il est utile que les groupes locaux rencontrent des groupes similaires afin de partager leurs expériences, apprendre les uns des autres et faire face aux problèmes ensemble.
Des plans précis pour un transfert local
Dès le départ, il faut bien préciser les conditions et le calendrier d’un partenariat ou d’un projet. Ceci permet de donner un sens de sécurité et une direction pour l’avenir. Définissez et convenez d’un calendrier pour le transfert des rôles et responsabilités au personnel local.
Il faut développer les capacités du personnel local dans les savoir-faire de gestion et de leader. SAO Cambodge a découvert que la formation dans la gestion financière est tout particulièrement importante dans un contexte où les gens n’ont pour ainsi dire pas l’expérience de s’occuper de sommes d’argent, aussi petites soient-elles.
Pour aider à encourager la viabilité financière, les groupes locaux peuvent se mettre en contact avec d’autres groupes et réseaux mais aussi rechercher d’autres sources potentielles de revenus. Ils peuvent aussi apprendre à rédiger des propositions de projet, communiquer avec des supporters et planifier des budgets.
La responsabilité financière et un comité de gestion ou un conseil d’administration efficace aideront les organisations locales à conserver le respect et la confiance des supporters.
Un encouragement continu
Si le processus de développement se fait en partenariat, les relations ne seront pas nécessairement rompues lorsque le financement cessera. Le soutien peut se poursuivre sous la forme de travail en réseau, d’encouragement, de promotion, de prières et de partage d’idées ou d’apprentissages.
Cet article a été adapté, avec sa permission, d’une présentation faite par le Dr Goddard lors de la Conférence sur le développement communautaire chrétien qui s’est tenue à Mosbach, Allemagne, en mars 2005.
Le Dr Emelita Santos Goddard est la fondatrice du projet FAITH. Elle aide maintenant d’autres partenaires de Tearfund au Cambodge à développer leurs capacités en développement transformationnel. Voici son adresse : No 12, Street 606, Phnom Penh, Cambodge.
Email : [email protected]
Les relations de partenariat
Les Cambodgiens aiment utiliser des images pour décrire des situations. Nous avons utilisé ces modèles de relations entre un contributeur extérieur et un groupe partenaire local, afin de discuter et de définir la signification d’un partenariat.
UN CHEVAL ET SON CAVALIER Le contributeur agit-il comme un cavalier contrôlant le cheval (le partenaire) par la force ?
LE CHAUFFEUR DE TAXI ET SON PASSAGER Le contributeur agit-il comme un passager dans un taxi où le partenaire conduit mais le passager donne la direction à suivre et le chauffeur est payé pour emmener le passager là où il veut ?
DES BŒUFS ATTELÉS Le contributeur et le partenaire agissent-ils comme des bœufs attelés ensemble par une vision commune et conduits par le « Fermier qui est au ciel » afin d’atteindre ses objectifs dans son champ ?
Etude de cas : FAITH
FAITH (l’acronyme de Food security And Income generation, Training and Health project : projet de santé, de formation, de génération de revenus et de sécurité alimentaire) est un projet pilote dirigé par SAO Cambodge, ICC. Le projet FAITH a pour but de mobiliser l’église locale au Cambodge pour obtenir un développement communautaire durable. Il se concentre sur le développement des capacités d’un groupe clé de chrétiennes et chrétiens engagés, afin de faciliter le processus de développement dans leur propre communauté.
La participation communautaire est à la base du succès et de la durabilité des initiatives locales. Le personnel de FAITH aide des groupes chrétiens clés à réunir les populations locales afin qu’elles discutent et identifient les besoins de leur communauté. Les idées des initiatives devraient venir des gens eux-mêmes et bénéficier à la communauté entière. Les projets peuvent inclure : banques de riz, puits, toilettes, jardins potagers, système d’irrigation, recyclage des déchets, éducation sanitaire, génération de revenus et enseignement aux enfants. La communauté participe au processus de prises de décisions et à leur application. Les populations locales contribuent sous forme d’argent liquide, de production, de main-d’œuvre, de matériels ou de temps. Ceci permet d’aider à partager certains des coûts globaux et de faciliter la responsabilité ainsi que le sentiment de propriété. L’initiative de développement est donc la propriété de la population locale. Elle est gérée par elle et pour son bénéfice.
Les capacités des groupes clés sont développées et renforcées grâce au projet FAITH, jusqu’à ce qu’ils puissent faciliter et gérer d’autres initiatives de développement dans leur communauté. Une fois ceci réalisé, le personnel de FAITH commence à se retirer progressivement mais reste à leur disposition pour les conseiller, si nécessaire.