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Renforcer les églises grâce à une bonne intendance : L’ACK Kamatakimo, au Kenya

John Mwaniki.

2005 Disponible en Anglais, Français, Espagnol et Portugais

Des magazines Pas à Pas en français, espagnol, portugais et anglais, étalés sur un bureau en bois.

De : Planifier pour un développement durable – Pas à Pas 64

Comment autonomiser les gens et planifier à long terme

John Mwaniki.

Photo: Jim Loring/Tearfund

Photo: Jim Loring/Tearfund

Durant les années 1980 et 1990, d’importants fonds extérieurs ont été mis à la disposition du développement des églises au Kenya. Quatorze nouveaux diocèses ont été créés pour bénéficier de ces fonds supplémentaires. Cependant, l’accroissement en nombre n’implique pas une croissance en maturité. Selon un adage bien connu, l’Église africaine fait 2km de long mais seulement 2cm de profondeur. 80% des Kényans sont chrétiens mais leur engagement à servir est plutôt superficiel. L’Église a besoin d’être sûre de son but, de sa vocation et de son mandat. 

L’ACK Kamatakimo coordonne les travaux de développement de cinq diocèses dans le Kenya central et oriental (son nom vient de l’amalgame des deux premières lettres de chaque diocèse : Kajiado, Machakos, Taita, Kitui et Mombasa). On attend toujours des églises locales qu’elles soutiennent leur pasteur, dans les bons moments, lorsque tout le monde a l’estomac plein, comme dans les mauvais. 

Les responsables de l’église considèrent souvent que la principale fonction de tous les services de développement des églises est d’obtenir des fonds extérieurs pour leurs travaux. Le développement communautaire est généralement perçu comme quelque chose ne faisant pas partie de l’église locale. On ne l’ajoute que lorsque l’on obtient des fonds extérieurs pour cela. J’aimerais voir chaque église locale prendre en charge la responsabilité  des travaux de développement dans sa communauté.

Formation et enseignement

Lorsque je me suis rendu au Canada, la générosité des chrétiens m’a vraiment surpris. Je me suis aperçu que ce n’était pas seulement les personnes aisées qui donnaient mais aussi celles démunies et c’était un sacrifice pour elles. Pour la première fois, j’ai réalisé que les fonds extérieurs dont ont profité tant de Kényans représentaient des dons réunis avec peine et parfois un sacrifice de la part des chrétiens du Nord. Cela a été un véritable défi et m’a encouragé à partager ma vision des églises locales qui prennent en charge la responsabilité de leur propre développement.

Nous avons mis au point un manuel de formation basé sur les approches participatives. On offre une formation sur deux week-ends chaque année, pour toutes les églises impliquées. Nous désirons former cinq pasteurs dans chaque diocèse et leur offrir un soutien, y compris prêcher sur la générosité dans leur église. La formation comprend les sujets suivants :

  • Quel est le rôle de l’église ?
  • Quel est l’enseignement de la Bible sur l’intendance ?
  • Quelles sont les ressources dont nous disposons ?
  • Comment pouvons-nous mettre ces ressources à la disposition de l’œuvre de Dieu ?
  • De quelle manière désobéissons-nous dans notre intendance des ressources ?
  • Pourquoi devrions-nous donner nos ressources à l’église ?
  • Comment pouvons-nous planifier de manière stratégique ? 

Les ressources disponibles

L’argent ne représente qu’un seul type de ressources disponibles. Ce n’est pas parce que les gens manquent d’argent qu’ils manquent d’autres ressources. Elles comprennent : 

  • notre temps : comment nous l’utilisons
  • nos talents : nos savoir-faire et nos dons
  • les ressources naturelles : tout ce à quoi nous avons accès, y compris les arbres et les terres
  • notre corps : il devrait être un temple et une ressource pour Dieu.

Nous enseignons aux gens le principe biblique de la dîme : donner 10% de ce que nous avons à Dieu. Une personne pourra déclarer qu’elle n’a pas d’argent à donner à l’église mais si elle possède dix vaches, l’une d’entre elles appartient à Dieu selon le principe de la dîme. Si quelqu’un a 100 cocotiers, alors les fruits de dix d’entre eux appartiennent à Dieu. Si l’on a 10kg de sorgho, alors 1kg appartient à Dieu.

Nos diocèses couvrent de très pauvres régions du Kenya. 60% de la population vit avec moins de 1 $ par jour. Mais la pauvreté est toujours quelque chose de relatif. Vous pouvez vous considérer pauvre jusqu’à ce que vous rencontriez quelqu’un de plus pauvre que vous. Qu’est-ce qui arriverait si tous les membres de l’église donnaient 10% de ce qu’ils gagnent ou possèdent ? Nous encourageons toujours les gens à donner la dîme à leur église locale, là où ils vont adorer Dieu. Chaque église devrait mettre au point une vision pour répondre aux besoins de la communauté et travailler pour pouvoir l’atteindre. Le temps qu’il faudra n’a pas d’importance, l’important est de bouger dans la bonne direction. Parfois, des amis ou donateurs extérieurs peuvent aider, parfois ils ne peuvent pas. L’ultime responsabilité en incombe à l’église, pas aux personnes de l’extérieur.

En plus de la dîme, il y a les offrandes. Si le travail marche bien, nous encourageons les gens à envisager la possibilité de donner comme offrande 1% supplémentaire de leurs revenus. Nous demandons aux gens de ne pas penser aux offrandes seulement au moment où le plateau passe. Nous les encourageons à prier avant et à venir préparés. Donner fait partie intégrante du culte que nous vouons à Dieu. Nous pouvons le remercier d’avoir voyagé en toute sécurité, pour la naissance sans problème d’un enfant ou une promotion. Nous pouvons exprimer cela par une offrande. Les gens peuvent offrir des produits comme du maïs ou des œufs, au lieu d’argent.

La réponse à cet enseignement a été fantastique. Nous avons découvert qu’en général 20% des membres de l’église sont prêts à donner ainsi et à soutenir activement l’église. Les leaders de l’église ont maintenant demandé à Kamatakimo de mettre au point un programme national de formation et de faire de ce programme, une partie intégrante du cursus des collèges bibliques.

Il est très important que tous les dons financiers soient utilisés avec sagesse. Notre formation comprend un enseignement sur une planification stratégique. On apprend à classer les besoins par priorité et à réfléchir à des solutions aux problèmes. Nous demandons aux leaders d’église de préparer un budget, chaque année, montrant leurs revenus avec la part émanant de la dîme et des offrandes. Le budget doit comprendre une ébauche de leurs plans pour utiliser cet argent. Les églises doivent développer une vision pour leurs actions sociales. Par exemple :

  • Qui pouvons-nous aider dans notre propre communauté ?
  • Existe-t-il une veuve dont le toit fuit ?
  • Les orphelins peuvent-ils aller à l’école ?

Lorsque la générosité est visible dans une communauté, cela peut encourager d’autres églises à s’impliquer aussi dans des actions sociales.

Jusqu’à présent, Kamatakimo a formé des leaders et travaillé avec 70 églises. Nous espérons éventuellement travailler avec les 200 églises de notre région. Parfois, nous trouvons que les pasteurs ne sont pas très enclins à donner de l’argent s’ils ont un petit salaire. Dans les régions où les pasteurs ne font pas du bon travail, il est difficile d’encourager les dons. Les pasteurs doivent être un modèle, dans leur ministère, dans leur dîme et dans leurs offrandes. Nous encourageons les églises qui ont bénéficié de notre formation à former d’autres églises.

Les défis

Kamatakimo a découvert un certain nombre de défis :

  • Changer les comportements demande beaucoup de temps !
  • Les pasteurs peuvent trouver difficile de pousser les membres de leur propre église à donner de l’argent. Nous encourageons donc l’échange de pasteurs, pour prêcher sur les dons dans une autre église.
  • Les problèmes de responsabilité financière. Nous avons un comptable qui se rend dans les églises afin d’en former les trésoriers et les leaders.
  • Transfert fréquent du clergé. Nous avons maintenant convenu avec les évêques que les pasteurs devraient rester dans la même église pendant au moins cinq ans.
  • Pas assez de pasteurs. Si les pasteurs doivent s’occuper de plusieurs églises, la majorité de leur temps va être passé en communions, baptêmes, mariages et funérailles.
  • Les églises et les pasteurs locaux ne devraient pas être engagés dans les affaires.
  • L’intendance doit être vue comme une bataille spirituelle.

John Mwaniki travaille comme coordinateur à ACK Kamatakimo, au Kenya. Voici son adresse : PO Box 163, Voi 80300, Kenya. Email : [email protected]

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