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L’intérêt du processus de planification participative

Comment les idées des membres d’une communauté peuvent-elles influer sur les actions de leur gouvernement ?

2014 Disponible en Anglais, Français, Portugais et Espagnol

Membres d’un groupe d’entraide qui remettent leurs économies à la responsable de groupe lors d’une reunion hebdomadaire. Photo : Cally Spittle/Tearfund

De : Mobiliser les ressources locales – Pas à Pas 93

Tirer le meilleur parti de ce que nous avons, le partager et le multiplier

Le club d’enfants de Duhabi est financé par le Comité villageois de développement. Les enfants interprètent des scénettes dans la rue sur des sujets comme l’hygiène. Photo : United Mission to Nepal

Le club d’enfants de Duhabi est financé par le Comité villageois de développement. Les enfants interprètent des scénettes dans la rue sur des sujets comme l’hygiène. Photo : United Mission to Nepal

Comment les idées des membres d’une communauté peuvent-elles influer sur les actions de leur gouvernement ? Au Népal, comme dans de nombreux pays en développement, il existe d’excellentes lois et politiques qui protègent les populations pauvres et font participer les communautés aux processus politiques. Le plus difficile est de faire en sorte que les politiques et les lois soient appliquées.

La loi sur l’autonomie locale au Népal (1998) donne aux collectivités une formidable opportunité : pouvoir participer à la planification et à la budgétisation du développement local par le biais d’un processus de planification participative. La loi prévoit des réunions communautaires et de circonscription où les gens peuvent exprimer leurs préoccupations et proposer des activités de développement à petite échelle qui permettraient de répondre à leurs besoins. Les suggestions des communautés remontent au Comité villageois de développement (CVD) par l’intermédiaire de représentants de circonscription. Le CVD utilise ces suggestions pour élaborer ses plans et son budget (au Népal, un CVD représente neuf subdivisions politiques, appelées circonscriptions). Des projets plus vastes, qui couvrent parfois plusieurs CVD, sont proposés au niveau du district.

Défis

Mais il y a un problème. La plupart des villageois ne savent pas que ce processus existe. Ils pensent que les fonds des CVD appartiennent au gouvernement. Pourquoi le gouvernement écouterait-il de pauvres agriculteurs, des paysans sans terres, des communautés de castes inférieures, des femmes, des enfants et des personnes handicapées ?

Autre problème : l’instabilité politique qui a freiné le développement du Népal depuis le milieu des années 1990. Les dernières élections des CVD ont eu lieu il y a près de 20 ans. Les représentants des CVD sont désormais nommés et non élus. Cela a suscité du favoritisme dans de nombreux endroits, les fonds étant attribués par l’élite politique locale à ses propres partisans.

« La réunion du CVD ressemblait à une rencontre des personnes les plus favorisées du village », dit Kamal Budha. « Ces personnes ont pris les décisions qui les avantageaient et le processus n’a pris que deux jours. »

Dispenser une formation

Sachant que les fonds des CVD pourraient permettre d’accomplir beaucoup plus de choses au sein des communautés, l’équipe de plaidoyer de United Mission to Nepal (UMN) a commencé à chercher comment ce processus pourrait être rendu accessible aux gens ordinaires, à qui il revient. Ils ont découvert que MSNepal (aujourd’hui ActionAid) travaillait sur un projet similaire et que l’organisation avait produit des supports de formation pour les communautés locales. L’UMN a accepté de tester le module de formation dans le district de Doti, dans l’ouest du Népal. Cela s’est très bien passé, avec divers « mini-projets » qui reflétaient les préoccupations de la communauté : approvisionnement en eau, irrigation, construction de routes et de bâtiments scolaires. Ce n’était pas négligeable, mais le plus impressionnant a été la réaction de la communauté. Certaines personnes qui n’avaient encore jamais assisté à une réunion se sont exprimées publiquement et les communautés ont commencé à voir qu’elles pouvaient demander des comptes à leurs dirigeants. Les choses commençaient à changer !

Avec l’autorisation de MSNepal, l’UMN a révisé et développé le processus de formation, et l’année suivante, elle a dispensé le programme par le biais de ses partenaires locaux dans quatre CVD, dans deux districts différents. Suite à cela, les CVD ont investi plus de 20 000 $US dans des projets approuvés. Les communautés étaient ravies. L’année suivante, 93 facilitateurs communautaires de dix organisations locales ont été formés et ont mis en œuvre le processus dans leurs communautés respectives. Les CVD se sont engagés à financer des projets communautaires à hauteur de 128 000 $US, les propositions présentées au niveau du district atteignant 172 000 $US. Tout cela n’a coûté que 11 000 $US à l’UMN !

« Nous avions toujours pensé que l’argent du budget des CVD était celui du gouvernement, et que nous ne pouvions pas en disposer pour répondre à nos préoccupations. Aujourd’hui j’ai appris que l’argent des CVD était propriété publique », dit Himali Khatri.

Le rôle du facilitateur

Le fonctionnement est le suivant : au niveau communautaire, des facilitateurs locaux formés rendent visite à chaque ménage, invitant tout le monde à participer à la première réunion. Étant donné qu’ils connaissent très bien leur communauté, ils peuvent tout particulièrement encourager les familles pauvres et de caste inférieure, les personnes issues de groupes ethniques minoritaires, les personnes âgées, handicapées ou affectées par le VIH. Une attention particulière est accordée aux femmes et aux enfants. Parfois, plusieurs visites sont nécessaires pour persuader les gens qu’ils peuvent vraiment influencer la manière dont les choses sont faites dans leur CVD.

Lors de la réunion, le facilitateur explique que les fonds du CVD pour le développement appartiennent à la population et que chacun a son mot à dire. Le facilitateur décrit le processus employé, la façon dont les propositions sont élaborées et les domaines d’investissement prioritaires du gouvernement à cette période. Après cela, les membres de la
communauté :

  • identifient les questions à traiter
  • déterminent quelles sont pour eux les questions les plus importantes à traiter
  • discutent des solutions possibles.

Le facilitateur les aide à trouver d’autres ressources locales et, en cas de besoin, à accéder aux compétences techniques nécessaires. Les représentants de circonscription remettent ensuite leurs propositions au CVD. Le programme comprend également des moyens d’évaluer l’impartialité du processus à chaque étape.

Jyotika Nepali dit : « Pour la première fois, des femmes comme nous ont assisté aux réunions. Nous avons eu l’occasion de découvrir le processus et d’exprimer nos besoins. »

Victoire !

Les gens trouvent des solutions créatives pour améliorer la situation de leur communauté. Ils demandent souvent :

  • des routes et des chemins
  • des ponts, des buses et des systèmes d’évacuation
  • des systèmes d’alimentation en eau pour les ménages et des systèmes d’irrigation
  • des bâtiments scolaires.

Parmi les requêtes plus inhabituelles, on peut citer des instruments de musique pour un club d’enfants, un vélo ambulance pour un dispensaire et un petit projet de tourisme.

Il est réjouissant de voir tant de propositions communautaires financées par le gouvernement local. Toutefois, l’impact de ce processus n’est pas limité à des choses visibles et tangibles. Voici les avantages durables pour les communautés :

  • une nouvelle façon de se percevoir : sentiment d’importance et capacité d’induire des changements
  • une plus grande participation aux prises de décision
  • de l’espoir et de l’enthousiasme face à l’avenir.

« Notre village est propre et beau », commente le Président d’un Comité d’amélioration de circonscription. « Les gens sont très heureux de voir les changements. Nous allons tout faire pour participer de la même façon l’année prochaine ! »

Le développement vient de l’intérieur

Les communautés et leur unité ont été renforcées, car les différents groupes collaborent davantage. Les conflits et les tensions disparaissent lorsque les gens travaillent ensemble avec des objectifs communs.

« Il y a de quoi se réjouir », dit Sarita Lamichhane, responsable d’un groupe de femmes. « Nous sommes convaincues que lorsque nous nous unissons, le développement vient de nous. »

Avec l’aide modeste de l’UMN, les communautés du Népal sont de plus en plus informées, solidaires et davantage en mesure d’exprimer leurs idées, entre elles, mais aussi auprès du gouvernement.

Lyn Jackson est Directrice de la communication pour l’UMN. Cet article a été rédigé avec la participation d’Arun Belbase, Responsable de l’équipe de plaidoyer et Ben Thurley, ancien Responsable de l’équipe de plaidoyer.


Comment se renseigner sur les subventions des autorités locales

  • Adressez-vous à d’autres organisations locales pour savoir si elles disposent de copies des budgets et des directives officielles relatives aux dépenses de santé, à l’éducation, l’eau et l’assainissement, l’environnement, le bien-être, etc., ou si elles connaissent quelqu’un qui les possède.
  • Adressez-vous à un représentant local du gouvernement et demandez-lui une copie des budgets et des directives officielles (ou des lois, le cas échéant).
  • Rédigez une lettre officielle à l’attention de votre administration locale demandant l’accès aux directives / lois et aux budgets. Veillez à conserver une copie de toutes vos correspondances.
  • Tentez une recherche sur Internet. Si vous ne parvenez pas à obtenir ces informations, et dans la mesure où cela ne pose pas de problèmes de sécurité, adressez-vous à une radio ou à un journal local en leur demandant de signaler les difficultés d’accès aux documents de politique.


Investissement et résultats

Année 1  11 000 $US investis par l’UMN pour la formation et le financement de mini-projets

Année 2  20 000 $US alloués par les CVD à des projets communautaires

Année 3 128 000 $US alloués par les CVD à des projets communautaires et propositions soumises au niveau du district d’une valeur de 172 000 $US

Modèle de lettre pour l’administration locale

 

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