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Interviews

Des droits légaux pour les groupes d’entraide

Découvrez comment les groupes d'entraide en Éthiopie ont fait campagne pour une reconnaissance juridique essentielle

2023 Disponible en Anglais, Espagnol, Portugais et Français

Un groupe de femmes et un homme, souriants et vêtus de couleurs vives, posent pour une photo dans un village rural en Éthiopie

Membres du groupe d’entraide de Shebidino en Éthiopie. Photo : Aaron Koch/Tearfund

A mixed group of smartly-dressed men and woman in Uganda sitting on the ground outside, partly under the shade of a tree

De : Le plaidoyer communautaire – Pas à Pas 118

Outils et idées que les communautés peuvent utiliser pour lutter contre l'injustice et faire évoluer des situations difficiles

Il existe plus de 20 000 groupes d’entraide en Éthiopie, mais jusqu’à récemment, ceux-ci n’étaient pas légalement reconnus par le gouvernement éthiopien.

 

Dans cette interview, Mesfin Abebe, coordinateur du plaidoyer pour Tearfund en Éthiopie, explique l’importance de la reconnaissance juridique des groupes d’entraide et comment, après de nombreuses années de plaidoyer, celle-ci a récemment été obtenue.

Qu’est-ce qu’un groupe d’entraide ?


  Les groupes d’entraide ont une identité propre. Ils s’adressent aux membres de la communauté qui ont le moins de ressources économiques (p. ex. les femmes et les personnes en situation de handicap) et qui ont rarement l’occasion de contribuer à la prise de décision locale. Les groupes sont autogérés de manière hautement participative, ce qui donne à chaque membre du groupe la possibilité d’acquérir des compétences en leadership et en gestion financière.

 

Chaque groupe est composé de 15 à 20 personnes de milieux socio-économiques similaires, qui se réunissent chaque semaine pour discuter de leurs difficultés, trouver des solutions aux problèmes communs et établir des relations de confiance et de soutien.

 

Chaque semaine, chaque personne économise un peu d’argent. Les membres peuvent alors contracter des prêts à faible taux d’intérêt pour les besoins de leur ménage, ou pour investir dans une petite entreprise. Les facilitateurs locaux expliquent aux groupes comment s’autogérer efficacement, en plus de leur dispenser une formation à la création de petites entreprises. À mesure qu’ils prennent de l’assurance, de nombreux groupes jouent un rôle de plus en plus actif dans leur communauté, y compris en menant des activités de plaidoyer pour le changement. »

Pourquoi la reconnaissance juridique est-elle importante ?


  Depuis de nombreuses années, le gouvernement éthiopien reconnaît que les groupes d’entraide aident des milliers de personnes à s’extraire de la pauvreté. Mais sans reconnaissance juridique, les principes fondamentaux des groupes risquent d’être peu à peu délaissés, par exemple l’importance de considérer les personnes les plus vulnérables comme prioritaires. En effet, sans classification juridique spécifique, les groupes d’entraide seront considérés semblables à d’autres groupes ou coopératives, bien qu’ils aient été créés dans un but différent.

 

En outre, sans reconnaissance juridique, les groupes d’entraide n’ont pas accès aux services financiers ou au soutien du gouvernement de la même manière que les autres groupes communautaires. Un membre d’un groupe d’entraide explique : ‘Obtenir une reconnaissance juridique n’a pas de prix. Les banques et autres organisations nous méprisaient lorsque nous les contactions pour obtenir des services comme des prêts. Désormais, nous pouvons garder la tête haute et les banques nous traitent avec respect.’ »


Une boulangère éthiopienne vêtue d'un t-shirt jaune et d'une robe à carreaux marrons est penchée devant une fenêtre lumineuse et recouvre trois grands fours à pain en métal d'un tissu

Cette boulangère éthiopienne a utilisé des petits prêts obtenus par le biais de son groupe d’entraide pour développer son entreprise. Photo : Will Boase/Tearfund

Comment les groupes ont-ils réussi à se faire reconnaître juridiquement ?

« Il a fallu pour cela passer de nombreuses années à développer les relations entre les groupes d’entraide et les représentants des autorités locales, avec l’aide du partenaire local de Tearfund, Kale Heywet Church. Plus récemment, nos recherches ont confirmé le fait qu’une reconnaissance juridique était nécessaire pour permettre aux groupes de préserver leur intégrité et de continuer à répondre aux besoins des plus défavorisés de leurs communautés.

 

Sur la base de ces recherches, nous avons décidé de nous concentrer dans un premier temps sur la région d’Oromia, car la population y est vaste et elle est située à proximité de la capitale, Addis-Abeba. Ce qui se passe en Oromia a généralement des répercussions dans l’ensemble du pays.

 

En commençant par les villages, les membres des groupes d’entraide ont été invités à identifier leurs besoins en matière de reconnaissance juridique, puis à discuter de ces besoins et aspirations avec les dirigeants de la communauté locale et des pouvoirs publics locaux. Les lettres d’appui de ces dirigeants ont alors ouvert la voie à des discussions similaires au niveau sous-régional et, enfin, au niveau régional.

 

Ce fut un long processus, mais il était important que les membres des groupes d’entraide prennent eux-mêmes les choses en main et qu’ils définissent le changement qu’ils souhaitaient voir.

 

À la suite de ces discussions, un projet de règlementation a été préparé. Celui-ci a été approuvé par le procureur général régional. Cette réglementation a ensuite été présentée au bureau du travail et des affaires sociales d’Oromia, puis au cabinet régional. Enfin, la réglementation a été adoptée et intégrée dans la législation locale.

 

Les groupes d’entraide de la région d’Oromia ont désormais légalement le droit de s’assurer que les groupes adhèrent aux principes détaillés énoncés dans leurs statuts avant de pouvoir prendre le nom de « groupes d’entraide ». Ces statuts administratifs contiennent des informations sur le leadership partagé, l’inclusion, le respect, la participation et la fonction au sein du groupe, des éléments essentiels pour que les groupes continuent d’avoir un impact à l’échelle locale et régionale.

 

Je suis heureux de dire que les autorités locales d’autres régions d’Éthiopie ont décidé de suivre l’exemple d’Oromia, de sorte que les groupes d’entraide jouiront bientôt d’une reconnaissance juridique dans tout le pays. Cela renforcera leur capacité à influencer leur communauté locale, à collaborer avec les autorités locales et à promouvoir le changement. »


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