par Maylaine P Tabasa.
Aux Philippines, il est très courant de voir des voisins aider une famille à réparer sa maison ou à préparer un repas pour le mariage d’un fils ou d’une fille. Les Philippins sont prêts à s’entraider aux moments difficiles, heureux ou malheureux. Etre disposé à donner une partie de son temps et de l’aide aux autres est connu aux Philippines sous le nom d’alayon (groupe bénévole de travail). Former un tel groupe a tout simplement pour but principal d’alléger les lourdes tâches. La population organise des alayons pour s’entraider dans les travaux des champs, lors des récoltes ou des moissons, construire ou réparer des maisons, ou préparer des repas lors des mariages, fêtes ou enterrements.
Mag-uugmad est une organisation qui travaille avec le système alayon et l’utilise pour effectuer des programmes de conservation des sols et de l’eau. Les agriculteurs apprennent de nouvelles technologies et méthodes de conservation qui les aident à développer un système d’agriculture viable en même temps qu’un rendement plus élevé de la terre.
Les agriculteurs qui veulent apprendre à conserver le sol et l’eau forment de petits groupes et discutent de leurs projets avec un agronome. Généralement, un groupe alayon se réunit deux fois par semaine pour travailler à la ferme de l’un des membres du groupe. Ils établissent un tour de rôle garantissant que chaque ferme reçoit alors la même attention.
Pendant les journées alayon, le moniteur en agriculture va enseigner à la ferme choisie ce jour-là pour le travail. On apprend à construire un canal de drainage, des cultures en terrasse, des courbes de niveau, des murs de pierres et bien d’autres choses encore, suivant les besoins de chaque ferme. Ainsi, les participants mettent immédiatement en application ce qu’ils apprennent. Chacun d’eux est aussi encouragé à aider et former les nouveaux venus à ces techniques. A la fin de la journée alayon, les participants réfléchissent ensemble à ce qui a été accompli pendant la journée passée ensemble.
Cinq à huit personnes par groupe constituent un nombre idéal pour l’alayon. Au delà de huit, le tornus est très lent.
Des groupes de voisins, parents, femmes ou jeunes peuvent former leur propre groupe alayon. Le désir d’apprendre et de bien travailler sont les deux motivations les plus importantes. Etablir des technologies nouvelles pour la protection des sols et de l’eau peut être un travail très dur donc, pas de place pour les paresseux!
Avantages du système
Mag-uugmad utilise les groupes alayon pour les avantages suivants:
- Cette méthode réduit l’énormité du travail à accomplir; un plus grand nombre de personnes aident chaque agriculteur à terminer ses travaux.
- Ce système permet de partager les animaux pour les attelages, les équipements de culture et les autres ressources qui rendent la culture et les activités agricoles beaucoup plus faciles.
- C’est une occasion de se faire des amis et de travailler en équipes. Les idées, l’expérience et les problèmes peuvent être partagés.
- Le groupe alayon peut aussi organiser des activités en dehors de la ferme, comme par exemple construire une route d’accès ou creuser pour faire un captage d’eau. Le programme de santé a des groupes alayon de femmes pour l’entretien des petits jardins potagers et aussi pour des activités d’assainissement communautaire.
Problèmes rencontrés
Comme tous les groupes communautaires, alayon se heurte également à quelques problèmes. Ils sont souvent nombreux au début.
- Le problème le plus commun était celui de la préparation des repas pendant les journées de travail. Un membre alayon commença à offrir à déjeuner au groupe qui travaillait chez lui. Un peu plus tard, d’autres participants firent la même chose. Avant même qu’on ait compris, cette pratique avait créé une rivalité entre les membres du groupe. Cela devenait un concours: c’était à celui qui offrirait le déjeuner à cinq personnes ou plus! Les gens devinrent moins actifs et laissèrent tomber le groupe.
- Un deuxième problème était celui du manque de ponctualité: certains participants arrivaient toujours en retard aux réunions.
- La substitution devint aussi un problème. Les participants alayon envoyaient parfois leurs enfants pour les remplacer. Les enfants ne pouvaient pas faire les lourds travaux de la ferme. Il en résultait un ralentissement du travail et l’enthousiasme des autres membres du groupe diminuait.
Solutions
Les problèmes alayon furent résolus par les agriculteurs eux-mêmes avec l’aide de leur moniteur. Les groupes alayon ont des réunions régulières chaque mois. Le moniteur ne parle pas du problème au début de la réunion mais fait faire au groupe une évaluation personnelle, demandant aux agriculteurs quels sont les problèmes qu’ils ont rencontrés. Les agriculteurs commencent alors à parler de ce qui ne va pas et on en discute.
Au cours de la discussion, le moniteur fait très attention de ne pas offenser les participants en cause, par exemple ceux qui sont toujours en retard ou absents au travail alayon. Une fois la liste de problèmes écrite au tableau, les agriculteurs cherchent leurs solutions en posant des questions comme «Quelle est la meilleure chose à faire pour éviter l’absentéisme parmi les participants?» au lieu de dire «Voilà ce que l’on devrait faire.»
Par exemple, voici quelques solutions aux problèmes mentionnés plus haut:
- Tout le monde s’est mis d’accord pour que chacun, y compris le moniteur, apporte ses repas lors de la journée de travail alayon.
- Les membres du groupe ont imposé une amende aux retardataires pour les inciter à plus de ponctualité!
- Les participants n’ont plus envoyé leurs enfants comme substituts. Au lieu de cela, ils envoient quelqu’un de plus âgé capable de fournir le travail nécessaire.
- Les agriculteurs ont décidé d’être honnêtes et consciencieux dans leurs travaux alayon.
Maylaine P Tabasa travaille avec la Fondation Mag-uugmad comme responsable des publications. Son adresse est PO Box 286, 6000 Cebu City, Philippines.