Une autre tendance inquiétante à laquelle nous devons faire face est le problème de notre artisanat local, dont une des formes est la vannerie. Les vanniers traditionnels prennent de l’âge et les générations plus jeunes s’intéressent peu à ce savoir-faire ancestral, car il ne figure pas dans les programmes éducatifs officiels. L’idée que la tradition de la vannerie disparaisse me préoccupe. Ces paniers sont tissés en différentes formes et tailles, et sont utilisés pour transporter les choses et pour stocker les palmistes, les céréales et les noix de cola dans les maisons. Ils sont souvent très beaux et fabriqués manuellement avec grand soin, de plus ils peuvent durer longtemps lorsqu’ils sont bien entretenus. Généralement, ces paniers sont tissés avec des feuilles de palmier que l’on trouve en abondance dans la région. Je considère cela comme un matériau très écologique qui pourrait remplacer les sacs plastiques polluants.
En tant qu’artiste préoccupée par l’environnement, j’ai un projet qui, je l’espère, permettra de résoudre durablement le problème de la pollution par les déchets plastiques mais également de remédier à la perte progressive d’un savoir-faire artisanal traditionnel. Je souhaite lancer une campagne pour le tri des déchets, le compostage et, plus important, pour l’utilisation des paniers de fabrication locale pour remplacer les sacs et emballages plastiques. Cette campagne se fera par le biais des médias et des moyens de communication locaux existants à Nsukka. Un de ces moyens est l’opportunité que présente la tradition d’une maison de deuil. Dans cette région, lorsque quelqu’un meurt, les femmes de la famille proche et élargie se réunissent dans la maison de la personne décédée. Elles doivent rester ensemble pour pleurer le mort pendant une ou deux semaines. De nombreuses idées peuvent être échangées à cette occasion. Je me servirai également de posters, de banderoles et de dépliants.
Je vais organiser un atelier pour présenter aux meilleurs vanniers de la région de Nsukka les nouveaux motifs que j’ai créés. À la fin de l’atelier, je choisirai les dix meilleurs vanniers et je travaillerai avec eux pendant environ six semaines. Puis, je présenterai les produits issus de l’atelier et je me mettrai en quête de clients localement et ailleurs. Je me mettrai également en relation avec l’agence de protection de l’environnement pour que ces paniers soient placés dans des endroits stratégiques, comme les arrêts de bus et les centres commerciaux, pour la collecte des déchets imperméables et autres déchets légers non-dégradables, dont je me servirai également comme matériaux pour le travail artisanal.
Changer les mentalités
Je crois qu’une production importante de paniers tissés et leur utilisation entraîneront un changement formidable de la mentalité de la génération plus jeune et leur fourniront des moyens de subsistance plus durables. Ces paniers sont un bon outil pour la collecte des déchets légers comme le plastique, en vue d’un traitement adapté.
Verser de l’eau dans un panier » est un dicton local qui décrit un effort qui ne portera pas de fruits. Il s’agit d’une métaphore de la culture actuelle de cupidité, et de l’absence de préoccupation pour l’avenir de notre environnement. Toutefois, je sais que, grâce à un effort conjoint, nous pouvons connaître un changement d’attitude chez les gens, vis-à-vis de leurs propres traditions, valeurs et culture et de la manière dont nous traitons notre environnement.
Mme Amuche Nnabueze (née Ngwu), Bishop Shanahan Hospital,
PO Box 19, Nsukka, Enugu State, Nigeria.
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