En Afghanistan, Sabera* frappait ses enfants et s’arrachait des touffes de cheveux. Elle n’accordait aucun intérêt à l’argent, à sa maison ni même à sa famille. Peu lui importait de vivre ou de mourir.
Pendant sept ans, Sabera a souffert d’une dépression sévère. Tout a commencé après la mort de deux de ses enfants, et le grave accident son mari.
« Nous ne savions pas pourquoi elle était malade ou ce qui n’allait pas chez elle, explique le mari de Sabera, Isaaq*. Nous ne savions rien de la santé mentale ou du fait que le trouble de Sabera pouvait être traité. »
La situation sociale des gens et leur santé mentale sont étroitement liées. Par exemple, la pauvreté, l’inégalité entre les hommes et les femmes, la violence, une mauvaise santé physique ou des problèmes financiers peuvent avoir un impact sur la santé mentale. De même, les troubles de la santé mentale peuvent entraîner la pauvreté ou l’aggraver. C’est particulièrement le cas lorsque les familles ont une compréhension limitée de la santé mentale ou n’ont pas accès à l’aide dont elles ont besoin.
Là où cette aide est disponible, la stigmatisation et la honte associées aux troubles de la santé mentale empêchent parfois les gens d’en bénéficier. La stigmatisation peut également amener les gens à s’isoler ou à cacher des membres de leur famille chez eux.
Certains de ces problèmes peuvent être surmontés en faisant participer l’ensemble de la communauté au soutien apporté aux personnes touchées par un trouble de la santé mentale.
Guérison
Lorsque Sabera a entendu parler du soutien en santé mentale proposé par le partenaire de Tearfund, elle a accepté de rencontrer l’un de ses conseillers. On lui a proposé une thérapie par la parole et un traitement médical approprié. Elle s’est rapidement sentie mieux.
En parallèle, le partenaire de Tearfund travaillait avec des bénévoles et des organisations locales pour les sensibiliser à la santé mentale et les aider à soutenir les personnes touchées par des troubles de la santé mentale. Suite à cette initiative, Sabera a reçu des vers à soie de la part de son conseil municipal, ce qui lui a permis de créer une petite entreprise. Avec les bénéfices de son entreprise, elle a acheté du bétail.
Pour guérir et retrouver l’estime de soi, pouvoir gagner de l’argent et exercer une activité intéressante est aussi important que de pouvoir accéder à des médicaments et un suivi psychologique. « Je suis très heureuse, dit Sabera. Aujourd’hui, j’apprécie ma vie et ma famille. »
Isaaq, pour qui il avait été difficile de travailler tout en s’occupant de Sabera et de leurs neuf enfants, dit : « Notre vie est aujourd’hui dix fois meilleure qu’avant ! »
Grâce au rayonnement de l’influence du partenaire de Tearfund dans la région, six chaînes de télévision diffusent régulièrement des programmes sur la santé mentale, et le gouvernement afghan a sollicité une formation en gestion positive du comportement pour le personnel des jardins d’enfants publics.
*les noms ont été changés
Comment faire participer les communautés
- Prenez le temps de comprendre la situation au niveau local, et d’instaurer la confiance et des relations solides. Les membres de la communauté, le personnel local et les bénévoles peuvent tous contribuer.
- Faites appel à des employé-e-s/bénévoles passionnés et engagés qui souhaitent voir des changements positifs et qui sont prêts à briser le silence autour de la santé mentale.
- Sachez vous adapter pour répondre aux divers besoins des organisations locales/groupes communautaires en matière de formation et de soutien. Reconnaissez que les connaissances sur la santé mentale sont souvent insuffisantes, mais qu’il ne suffit pas de transmettre des connaissances : un changement de comportement s’impose.
- Réunissez les groupes religieux et communautaires locaux afin qu’ils puissent apprendre les uns des autres et mettre en place des initiatives conjointes.
- Veillez à ce que les organisations et les groupes communautaires sachent comment orienter les gens vers des services psychiatriques spécialisés, le cas échéant.
- Travaillez en relation avec les médias locaux (stations radio, presse) pour diffuser des messages sur l’inclusion sociale et la santé mentale.
- Si possible, invitez les représentants du gouvernement à venir découvrir votre travail. Cela permet souvent d’obtenir leur appui à une approche communautaire des soins en santé mentale, et peut déboucher sur un financement qui permettra d’élargir le projet.