Noé Ngueffo.
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Articles
Noé Ngueffo.
2005
Disponible en Français, Anglais, Espagnol et PortugaisArticles proposant des conseils pratiques pour favoriser l’alphabétisation des enfants et des adultes
Noé Ngueffo.
Photo: Richard Hanson/Tearfund
Le Cameroun a deux langues officielles : le français et l’anglais. Il existe aussi environ 250 langues locales. Il y a 15 millions d’habitants et un niveau officiel d’alphabétisation de 63%. Plusieurs communautés ont formé leur propre comité linguistique local afin d’aider les gens à apprendre à lire et à écrire.
Jusqu’à présent, 77 communautés du Cameroun ont formé des comités linguistiques. Ils sont organisés et gérés par les communautés. Ils se sont réunis pour créer NACALCO (Association Nationale des Comités Linguistiques du Cameroun). Cette association coordonne leurs efforts et offre une formation.
Les activités des comités linguistiques
Le but principal du comité est d’enseigner aux gens à lire et à écrire, tout d’abord dans leur langue maternelle puis dans la langue officielle. Il leur apprend aussi à utiliser cette instruction pour le développement communautaire. Tous les gens parlant la langue locale sont encouragés à s’inscrire dans leur comité linguistique local, quels que soient leur religion, leur sexe ou leur statut social.
Une équipe coordonne les travaux. Elle devrait comprendre des représentants de tous les différents dialectes, si possible. Cette équipe se réunit généralement deux fois par an afin de planifier les activités, les actions, les rapports sur les réalisations et discuter d’autres sujets. On fait un effort tout particulier pour encourager les femmes à prendre des rôles importants dans chaque comité. Leur implication pousse les autres femmes et filles à s’inscrire dans les centres d’alphabétisation. Cela devrait améliorer le faible niveau d’alphabétisation actuel des femmes.
La formation des membres est un rôle essentiel pour chaque comité. Les membres comprennent l’importance de dévouer une partie de leur temps au programme d’alphabétisation de leur communauté. Ceci peut comprendre alphabétiser, aider à réaliser des manuels d’alphabétisation et des matériels pour après, offrir une supervision et un suivi pour aider les enseignants ou pour sensibiliser la communauté sur l’importance de l’alphabétisation.
La formation des formateurs
La formation des formateurs est une priorité pour les comités linguistiques s’ils veulent garantir le succès et la viabilité de leurs travaux. Le personnel de NACALCO, en partenariat avec SIL Cameroon, offre une formation initiale. Par la suite, chaque comité choisit des membres pour une formation supplémentaire. Toutes les formations sont partagées avec d’autres personnes de la communauté. Ce système accroît rapidement le nombre d’agents d’alphabétisation. La plupart des travaux sont effectués bénévolement et le temps des gens est limité. Plus il y a de personnes formées, plus les tâches sont légères car partagées.
La plupart de ces bénévoles gagnent leur vie par l’agriculture, la menuiserie et l’artisanat. Beaucoup d’entre eux ont peu d’éducation formelle. Ils s’impliquent parce qu’ils désirent aider à développer leur langue maternelle et la passer à leurs enfants. L’un des bénévoles a récemment déclaré : « Je désire vivement développer ma langue maternelle parce que je ne veux pas voir ma culture mourir. »
Lors des cours de formation, on montre aux bénévoles la manière d’alphabétiser par une approche participative, qui implique les apprenants dans le procédé. On leur donne l’occasion de s’exercer à alphabétiser et des conseils. Ils préparent des textes dans leur langue maternelle pour les utiliser comme matériels d’alphabétisation.
Financement des comités linguistiques
NACALCO promeut des contributions locales (l’argent collecté auprès des gens, des organisations et des comités locaux) comme la source la plus fiable et viable pour financer les activités du comité linguistique. Lorsque l’on organise un cours de formation, certaines familles offrent un logement pour les formateurs et les apprenants venant d’autres villages, d’autres contribuent de la nourriture ou aident à préparer des repas. Selon un proverbe africain : « Une personne peut être pauvre, une communauté jamais. » Ceci veut dire qu’en s’unissant, les personnes démunies peuvent réaliser beaucoup de choses.
Il peut s’avérer difficile de donner la priorité à l’alphabétisation lorsque les gens connaissent des problèmes plus urgents comme la faim et une mauvaise santé. Cependant, les comités linguistiques contribuent à la lutte pour un développement durable au Cameroun, en promouvant l’alphabétisation et en encourageant l’autosuffisance.
Noé Ngueffo est un linguiste qui travaille avec le Ministère pour la recherche scientifique et technique. Il est coordinateur de NACALCO, BP 8110, Yaoundé, Cameroun. Email : [email protected]
Le comité linguistique yemba a trouvé une manière pratique de sensibiliser et d’encourager l’alphabétisation dans sa langue maternelle. Ses membres ont installé un panneau d’affichage sur la place du village. Toutes les 2 ou 3 semaines, ils y inscrivent un proverbe dans leur langue maternelle. Lorsqu’il y a une petite foule (surtout le jour du marché), une personne du comité linguistique lit le proverbe tout haut et demande si quelqu’un peut aider les jeunes à comprendre ce qu’il signifie. Ceci donne aux anciens la chance de montrer leurs connaissances dans leur culture et langue maternelle. Le membre du comité explique que ce genre de connaissance est utile pour les jeunes générations mais n’est pas partagé parce qu’il n’est pas écrit. S’ils viennent à un centre d’alphabétisation, ils pourront écrire toutes ces connaissances et ainsi, les passer à leurs enfants et petits-enfants. Il leur dit ensuite où se trouvent les centres d’alphabétisation et comment s’inscrire au comité linguistique. Il donne aussi les programmes des cours.
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