Le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010 a provoqué des dégâts considérables. Les familles et les communautés ont été déchirées. Alors que les gens erraient dans les rues, sans domicile, mourant de faim et terrifiés, des leaders naturels ont émergé parmi les survivants. Ces nouveaux leaders ont mobilisé les gens pour les aider à se concentrer sur leur famille et leurs besoins immédiats plutôt que sur tout ce qu’ils avaient perdu.
Ernst Orelien, âgé de 32 ans, était un de ceux qui ont pris les choses en main et commencé à aider ceux qui souffraient le plus.
« Ma famille allait bien et ma maison était encore debout, mais j’ai emménagé sur le terrain de l’école avec tous ceux qui avaient perdu leur maison, pour pouvoir commencer à aider les gens. »
Ernst a emménagé avec quelques amis dans un abri de fortune et a commencé à parcourir les rues de Port-au-Prince, à la recherche de matériaux pour fabriquer des abris et de nourriture pour les deux cent familles installées sur le terrain d’une école.
Il a contacté toutes les organisations humanitaires internationales majeures et a continué à leur demander des bâches, de la nourriture, des récipients pour l’eau, des casseroles : tout ce dont les gens avaient besoin suite à la catastrophe, qui avait détruit tous leurs biens.
« Je ne voulais pas être un leader, car diriger les gens demande de nombreuses compétences, et il faut savoir comment on va le faire. »
Il savait que prendre les devants signifiait entreprendre des actions concrètes et se charger du travail le plus difficile lorsque les gens qui l’entouraient ne pouvaient rien faire par eux-mêmes.
« Je n’aime pas promettre et ne rien accomplir. Au tout début, les gens ne voulaient pas des paroles : ils voulaient de l’action. »
Ernst a travaillé sans relâche pour les habitants de sa communauté et continue ainsi depuis six mois. Il dit que cela devient plus difficile maintenant que les gens acceptent que les choses ne seront jamais plus comme avant.
« Nous devons être optimistes. Nous devrions avoir plus de cas de suicide et de folie à Haïti aujourd’hui, mais ce n’est pas le cas, car nous gardons espoir. »
Et c’est de l’espoir qu’il a réussi à transmettre à cette communauté. Malgré son jeune âge, les gens ont commencé à l’appeler Papy, ce qui signifie papa. Il a tout abandonné pour se tenir aux côtés des gens, au moment où ils en avaient le plus besoin. Une des femmes du camp a dit qu’elle n’aurait pas survécu sans lui et partout où nous allons, les femmes et les enfants le saluent et l’interpellent. Il est le rocher de cette communauté et tout le monde ici sait que l’on peut compter sur lui.
« J’ai beaucoup grandi à travers cette expérience et j’ai appris que lorsque l’on planifie quelque chose en groupe, il faut collaborer pour l’accomplir. Au lieu de compter sur les personnes en position d’autorité, nous avons dû prendre nos responsabilités. Chaque Haïtien doit participer à la reconstruction d’Haïti. Jamais je ne dirai qu’il n’y a pas d’espoir. »
Lynsey Pollard est la Responsable des communications pour Haïti de Tearfund. Elle a rencontré et interviewé Ernst Orelien lors d’une visite à Haïti en milieu d’année 2010.